Le Prince et l'Agneau

Chapitre VII

Hugo avait peur. Terriblement peur. Les coups contre la porte continuaient et il savait qu'il devrait finir par ouvrir. Ou bien il le ferait. Le brun approcha faiblement la main de la clé sur la serrure, tremblant de tout ses membres, avant de la tourner. Presque aussitôt, la poignée tourna et il fut face à lui. Il était toujours aussi imposant, aussi effrayant, malgré sa bedaine et ses rides. Son père.

- Fais tes bagages. Je te ramène.
- N-non, protesta-t-il faiblement.

Il ne voulait pas. Il avait peur. Son bonheur... Son bonheur s'effilochait sous ses yeux et il ne pouvait rien y faire. Pourtant il se battrait jusqu'au bout pour le sauver. Il devait trouver la force de s'opposer à son cauchemar. Pour lui. Pour Aaron. Pour eux.
Il redressa la tête, bien déterminé, mais une claque l'acceuillit quasi-aussitôt. Il avait à peine eu le temps de le défier du regard que déjà il le frappait. Mais il ne devait pas renoncer.

- Je ne te suivrai pas !
- Tu veux qu'il aille en prison ? Je peux faire passer tout ce qu'il t'a fait pour un enlèvement très facilement.

Aaron en prison ? Son Aaron ? Non... Il ne pouvait pas... Hugo se mordit la lèvre et baissa la tête. Personne ne le croirait s'il niait. Les traces de cravache et de menottes étaient sur sa peau. On dirait qu'il avait développé un syndrome de Stockholm. Et rien ne sauverait son dominant.

- Va faire tes bagages. Je te ramène à la maison. Je vais te soigner, et ensuite tu t'occuperas de ton enfant avec Axelle.

Il aurait voulu hurler mais la peur lui nouait les entrailles. Il ne voulait pas perdre Aaron, il ne voulait pas perdre son bonheur, il ne voulait pas perdre tout ce qui faisait que sa vie était fabuleuse... Sauf que s'il n'obéissait pas...

- Dépêche-toi, Hugo.
- ... Oui...

Certains diraient qu'il cédait trop facilement, qu'il aurait dû se battre, que personne ne croirait à un enlèvement. Mais il devait protéger Aaron. Il le devait coûte que coûte parce qu'il aurait fait de même pour lui.
Son père lui tendit la main et le jeune compris aisément qu'il fallait lui donner son téléphone. Il s'exécuta en baissant la tête et le regarda le ranger dans sa poche. Il n'avait même pas eu le temps de voir si Aaron lui avait envoyé un message... Il retint tant bien que mal un sanglot et ajouta avant d'aller dans la chambre :

- Laisse-moi dix minutes.

Il mit ses affaires dans son sac à dos, s'appliquant à n'en laisser aucune dans l'appartement. Il ne voulait pas lui faire de mal. Il souffrirait plus en prison... Il enfila un slim mais garda le sweat d'Aaron. Pour tenir en enfer.

- Tu as fini ?!
- Presque !

Il attrapa une feuille et un crayon sur le bureau. Il écrivit rapidement un simple mot et son initiale. Il ne pouvait pas faire plus... Il retira doucement son bracelet et le posa près du papier plié sur le lit avant de quitter la pièce. Patrice était toujours dans l'entrée et l'attendait, tapant du pied. Quand il arriva à son niveau, l'homme lui saisit le bras et le tira à l'extérieur avant de claquer la porte. Cette dernière se vérrouilla seule, dans un bruit sourd. Une larme coula doucement sur la joue du jeune homme qui se fit entraîner à la suite de son père.

- Je t'aime, chuchota-t-il en se retournant une dernière fois.

~~~

- Il avait dit qu'il ne partirai jamais, sanglota Aaron en se blotissant dans les bras de son père adoptif.

Ce dernier le serra doucement contre lui et lança un regard plein de détresse à Louis qui rapportait des tasses de thé dans leur salon. Leur fils avait débarqué chez eux il y a une petite heure et depuis il n'arrêtait pas de pleurer en serrant contre lui le bracelet d'Hugo. Ils avaient vite compris de quoi il en retournait, mais ils doutaient vraiment que le brun ait pu lui faire cela... pourtant, le roux inconsolable dans leur bras prouvait bien le contraire, son petit-ami était parti sans aucune explication. Éric prit une tasse et la posa dans les mains d'Aaron qui renifla bruyamment en se redressant, quittant son étreinte.

- Je savais que ça arriverait... Il n'aurait jamais supporté tous mes accès de colère... Il... Il...
- Ce n'est pas ta faute, Ronnie, j'en suis sûr, murmura l'asiatique en caressant ses cheveux.
- Oui... Il doit bien y avoir une raison qui nous échappe... viens par là.

Le jeune avocat manqua de s'étouffer avec son thé quand il vit son père lui ouvrir ses bras. Il ne l'avait presque jamais fait... Il devait vraiment faire peur à voir... pourtant, il n'hésita pas longtemps avant d'aller contre lui et recommencer à pleurer.
Il souffrait tellement. Il s'était promis de ne plus aimer, justement pour ne plus avoir aussi mal au cœur, mais il était de nouveau tombé dans le piège. Oh, il savait que pleurer ne lui ressemblait pas, mais c'était la seule chose qui lui faisait du bien actuellement. Ça et l'affection de ses pères, qui l'avaient fait entrer aussitôt après qu'il eût débarqué et l'avait vissé sur le canapé pour tenter de le consoler.

Mais le constat restait le même. Hugo était parti. Et lui était de nouveau brisé...

~~~

Le bonheur... s'il l'avait su aussi éphémère, en auraient-ils profité ? Ou auraient-ils vécus leur vie de la même manière ? Auraient-ils attendu aussi longtemps, s'ils avaient su que cela serait aussi court ? Auraient-ils fait les mêmes choix ?

La vie est ainsi faite, et elle est mal faite. Elle vous accorde une joie, un sourire, un rire, et vous l'arrache violemment. Mais l'avenir n'est pas écrit. Alors, faut-il renoncer ? Ou faut-il se battre pour regagner ce qui a été perdu ?

C'est à eux de faire les bons choix, désormais...

HEEEEEEEEYYYYYYYYYYY !!

OH FUCK ! Les chapitres suivant sont d'une dépression 😂 vous allez me haïr !

La suite mercredi prochain ~

Ps : Y en a parmi vous qui s'y connaissent en chamanisme (amérindien notamment) ? Ça m'intéresse depuis très longtemps et j'ai décidé de m'y mettre ! Alors si vous avez des ouvrages/sites internet à me conseiller ! Sachant que j'ai acquis ces deux livres :3