Chapitre X

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- Merci pour aujourd'hui, Patrice, je suis sûre que cette petite sortie avec nous lui a fait le plus grand bien, dit Axelle avec un sourire.
- Il a bien travaillé, il méritait une récompense, répondit Patrice en prenant l'épaule de son fils, quoi de mieux que d'aller voir l'échographie de son bébé avec sa future femme. Hein, Hugo ?

Le jeune homme se contenta de répondre par un léger hochement de tête. Ne pas parler pour ne pas se trahir. C'était son objectif. Jouer la comédie pour que ça dure le moins longtemps possible et qu'il puisse enfin s'enfuir.
Oh, il aurait pu essayer aujourd'hui... mais comment aurait-il fait ? Il n'avait pas de téléphone, pas d'argent, et surtout ses amies n'étaient pas ici. Il se demandait si elles le cherchaient... Si Aaron le cherchait...
Il s'en voulait tellement de l'avoir abandonné ! Il avait été stupide, ce jour-là, terriblement stupide ! Et maintenant, il n'espérait qu'une chose, qu'il vienne le chercher. C'était égoïste mais il avait besoin de s'accrocher à cet espoir pour ne pas craquer. Pour ne pas être totalement traumatisé en le retrouvant...
Une pression sur son épaule le sortit de ses pensées. Son père et Axelle semblaient avoir fini de parler. Cette dernière était prête à repartir mais elle avait l'air d'attendre quelque chose. Ah oui. Un baiser. Il retint une grimace et se pencha vers elle pour poser ses lèvres sur les siennes. Ça lui donnait envie de vomir. Mais il était obligé. Il ne devait pas être trop rapide, mais il ne pouvait pas non plus être trop long s'il ne voulait pas la tuer, alors il se força à tenir quelques temps. Quand il s'écarta, la jeune femme eut un sourire et quitta la maison.

- Bien, fils. Dans mon bureau.

À nouveau, un hochement de tête. Il alla dans le bureau de son père sans croiser personne. Si sa mère savait pour sa présence ici, il doutait que ce soit le cas de Léa. Elle n'était jamais dans les parages quand il était hors de son placard... il soupira et s'assit sur la chaise de son paternel qui arriva juste après avec tout un attirail d'électro-stimulation. Il n'aimait pas trop ça. Pas sans le plaisir derrière, en tout cas... il savait bien ce qui se tramait. Son père allait mettre cette vidéo d'extrait de film, hétéro et homo, et il essayait d'associer chaque image gay à la douleur.
Au départ, Hugo avait juste souri sarcastiquement, lui avait dit que ça ne fonctionnerait jamais, mais la douleur avait augmenté. Alors il avait fini par faire semblant de se résigner. Il gardait précieusement ses doux souvenirs avec Aaron pour contrecarer cette torture... En faisant croire qu'il rendait les armes, il avait compris que les punitions étaient moins fortes. Et que son père lui laissait plus de libertés. Alors il continuait. Comme ça, il pourrait sûrement rejoindre son Prince...
Quand il eut finit son "traitement", Patrice vint le libérer de tout l'attirail et éteignit l'ordinateur. Ce qui allait suivre était la partie la moins agréable... Il suivit son père dans la salle de bain et se déshabilla. Par habitude. Il ne savait pas trop combien de jours s'étaient écoulés jusqu'aujourd'hui... Mais ce qu'il savait, c'était que si ça durait encore plus longtemps, il n'était pas sûr de tenir. Même pour Aaron.

- Dans la douche.

Hugo s'exécuta sans un mot. Le jet fut réglé sur fort et il eut le droit à une douche froide d'à peine quelques minutes. Il devait être rapide avec le savon. Il savait que c'était de la pure torture psychologique mais il ne pouvait rien contre. Il devait encaisser en silence... Jusqu'à ce qu'il vienne. Il était sûr qu'il allait venir. Il lui fallait juste du temps pour monter un plan, pour comprendre ce qui se passait. Mais il allait venir. C'était certain.
Il fut sorti de la douche par la poigne de son père et fut à peine séché. Puis, il enfila un simple t-shirt et un boxer. En passant le haut, il caressa distraitement les piercings sur ses tétons. Il avait pu les garder, Dieu seul sait par quel miracle. Sûrement une intervention d'Axelle ou de sa mère, il ne savait pas tout à fait. Mais ils étaient là et le rassuraient quand il en avait besoin, lui rappelant son dominant et le lien qui l'unissait à lui. Il l'avait rompu. Par lâcheté. À cause de ses mensonges et de sa peur. Et il se sentait si coupable... Au fond de lui, une voix lui murmurait qu'il avait sûrement détruit à nouveau Aaron et qu'il ne viendrait jamais pour lui, mais il préférait la faire taire et espérer. Parce que sans cet espoir, il ne serait plus rien.
Il suivit Patrice qui descendait à la cave. La source de sa perte de notion du temps. L'homme ouvrit une porte sous la cage d'escalier qui servait avant de débarras à ses outils et le poussa à l'intérieur. Il referma la porte tout de suite après et Hugo entendit le bruit de la clef qui tournait dans la serrure. Et voilà. Il était à nouveau enfermé dans le noir. Il s'assit sur le matelas qui lui servait de couchette et laissa sa tête glisser contre le mur. Si on estimait que son père le punissait une fois par jour, alors ça faisait sûrement trois semaines qu'il était là. Mais il savait que parfois, les tortures étaient trop rapprochées pour que ce soit le cas.
Il soupira longuement et ferma les yeux. Tout ce qu'il savait, c'était que son mariage avec Axelle se rapprochait. Le comble du comble. Elle était enceinte de lui alors pour leurs familles il fallait les marier. Et là... comment allait-il retrouver Aaron ?
Alors qu'il était plongé dans ses pensées, il entendit la porte de la cave s'ouvrir et des petits pas descendre. Léa. Il aurait aimé lui signifier sa présence mais la voix de son père du haut des escaliers le figea sur place. Mieux valait se tenir tranquille. Il écouta ce qui se passait. La petite semblait chercher quelque chose sous les incidications de leur paternel en chantonnant une mélodie qu'elle écoutait. Il ne reconnut pas aussitôt la voix. Mais quand l'information monta à son cerveau, son cœur se serra. Aaron. Aaron avait chanté ! Il se concentra aussitôt sur ce qu'il pouvait entendre, se collant à la porte :

- Oh take me back to the night we met... (Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) When the night was full of terror... (Quand la nuit était emplie de terreur...) And your eyes were filled with tears... (Et que tes yeux étaient remplis de larmes...) When you had not touched me yet... (Quand tu ne m'avais pas encore touché...) Oh take me back to the night we met... (Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) I had all and then most of you, some and now none of you... (Je t'avais entièrement puis en partie, 
un petit peu et maintenant je n'ai plus rien de toi...) Take me back to the night we met... (Ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you... (Je ne sais pas ce que je suis censé faire, hanté par ton fantôme...) Oh take me back to the night we met... (Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...)

The night we met... cette chanson était si belle. Il ferma les yeux et se rappela leur première danse ensemble. Puis ce qu'ils avaient fait ensuite... Et tout ce qui avait suivi. Ferait-il pareil ? Oui. Mais il ne le fuirai sûrement pas pendant aussi longtemps...

- Aaron, souffla-t-il faiblement, je suis désolé...

HEEEEEEEEEEEEYYYYYYYYYY !!

Voilà, voilà, des petites nouvelles d'Hugo ! Si vous saviez à quel point c'est dur d'avoir plus d'un mois d'avance sur vous ! J'ai envie de tout vous poster genre maintenant mais si je le fais j'ai plus d'avance 😂 parce que mon mois d'avance c'est l'écriture d'un chapitre toutes les deux/trois semaines (deux si j'ai une vague d'inspi) alors du coup...

Bref je parle beaucoup, non ? Je sors d'un état grippal alors j'avais plus de voix, du coup voilà, je parle ici au moins ça ne me fait pas mal à la gorge 😂

Bisous !

Le Prince et l'AgneauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant