Chapitre 6 : Terrifié

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The War – SYML

Dimanche 21 juillet, 11h26
États-Unis, Los Angeles
PDV Tommy

L'eau de la piscine m'arrivant jusqu'au nombril, je laisse le soleil chaud venir s'abattre sur mon visage, les yeux clos. Les coudes posés sur le carrelage du rebord, seul le silence parvient jusqu'à mes oreilles ce matin. Mes parents sont probablement partis faire un tour au centre-ville alors que Ruby à le nez plongé dans un bouquin, pour sûr.

Depuis une semaine, je tente de surmonter mon anxiété. Lors de l'annonce du départ des jumeaux, elle m'a poursuivi, attrapé, submergé et dorénavant, elle ne me quitte plus. J'aimerai pouvoir m'en défaire facilement mais lorsqu'elle s'incruste sous ma peau et qu'elle s'injecte dans mes veines, je ne vis plus que par elle.

Mes émotions, je les ai longtemps haïes. Avec les années, j'ai compris que je ne pouvais pas les contrôler lorsqu'elles s'emparaient de moi. Tout comme ma plus grande peur, j'ai su très rapidement que je ne pourrais jamais la combattre. Laisser les gens partir avec la possibilité de ne jamais les revoir, ça me terrifie.

Depuis sept jours, je suis complètement obnubilé par le départ de Alec et Jack. Les imaginer monter dans cet avion cette après-midi n'est pas envisageable pour moi. Je ne pourrais pas les regarder s'éloigner de mon plein gré, un sourire aux lèvres accompagné d'un geste de la main.

Le bruit de talons claquant contre le carrelage de la maison me sort de mes pensées. J'entends la baie vitrée du salon glisser et aperçois ma mère s'asseoir sur une chaise de la terrasse, en ouvrant mes paupières. Comme à son habitude, elle est parfaitement apprêtée. Habillée d'un tailleur beige, son rouge à lèvre rouge brille avec les rayons du soleil, alors qu'elle retire ses escarpins noirs.

- Tu vas bien, mon chéri ? Elle me questionne avec un sourire en remontant ses cheveux blond platine en un chignon.

- Ça peut aller. Je lance en soupirant. Et toi maman ?

- Très bien, merci. Nous sommes partis faire quelques magasins avec ton père, ce matin. Elle me précise en collant son dos contre le dossier de la chaise.

- Oui, je m'en suis douté. Je lui réponds avant de sortir de l'eau.

Les gouttes d'eau perlant sur mon corps, je ne prends pas la peine de me sécher la peau avec ma serviette, écrasé par cette chaleur de juillet. M'asseyant sur une des chaises du salon de jardin, elle poursuit :

- Alors, c'est le grand jour ?

Derrière ses mots, j'aperçois ses lèvres qui se pincent. Elle sait parfaitement que voir les gens partir n'a jamais été facile pour moi, même si ce n'est que pour une courte période.

- Ouais. Je parviens a échapper en un souffle, fixant la surface de l'eau.

Les secondes suivantes s'écoulent dans un parfait silence. Nos voisins les plus proches n'ayant pas d'enfants en bas âge, le quartier à toujours été très calme.

- Tu ne trouves pas ça beau ? Maman me questionne pensive tout en scrutant le ciel.

- De quoi ? Le ciel ? Je lui demande perplexe.

- Oui, enfin non. La vie, en général ?

Réfléchissant quelques instants, je songe réellement à la réponse que je pourrais lui donner. Je crois que les discussions philosophiques ou même assez abstraites sont très appréciées par ma famille.

- Oui, tu n'as pas tords. Mais la vie elle est cruelle parfois, souvent même.

- C'est vrai, tu as raison. Mais tu ne penses pas que cela en fait sa beauté ? Finalement, il y a toujours des imprévus dans la vie. On ne peut pas tout le temps tout gérer au mieux. Ce qui compte, c'est ce que nous allons faire pour les surmonter. Elle m'adresse un sourire.

Ma vie en un seul mot ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant