Chapitre 11 : Déni

102 10 4
                                    

Fake smiles – Munn

Lundi 19 août, 14h42
États-Unis, Los Angeles
PDV Ruby

- Désolée, je suis en retard. Je prends Sky dans mes bras en arrivant.

- J'ai cru comprendre. Tommy n'arrête pas de s'en plaindre depuis qu'on est arrivé. Elle esquisse un sourire amusé.

Sans répondre à l'idée que mon jumeau s'obstine à implanter dans la tête de nos amis, j'attrape mes cheveux et les remonte en une queue de cheval. Mes lunettes sur le nez, le soleil tape à cette heure-ci. Je saisi Sky par le bras et la conduit jusqu'au chemin du jardin public. Dans l'ombre des arbres, nous marchons côte à côte, d'abord en silence.

Depuis leur retour, nous ne nous sommes pas lâchés une seule minute. C'est la première fois que nous nous retrouvons seulement toutes les deux. En y réfléchissant, c'est comme si nous avions la volonté de rattraper le temps perdu en l'espace de quelques jours. Nous n'avons pas particulièrement discuté de ce que nous avons pu traverser ces six dernières années. Lorsqu'ils sont partis, nous avions tous une dizaine d'années. Ce qui est certain, c'est qu'il s'en ai passé des choses depuis ce moment précis.

- Alors, ça n'a pas été trop difficile de partir il y a six ans ? Je pose cette question sachant parfaitement que quitter ses racines l'a déchiré.

Du coin de l'il, je la vois croiser ses bras contre sa poitrine, comme si elle essayait d'étouffer le poids de sa souffrance.

- Disons que j'ai survécu. Elle m'avoue dans un grand soupir. J'imagine qu'avec Tom vous n'avez pas autant sombré ?

Sa métaphore me prend aux tripes. J'ai comme l'impression qu'elle dissimule la vérité derrière ce sourire de façade qu'elle croit efficace. Mais, j'ignore si je suis prête à l'entendre. Alors, je fais mine de ne pas avoir relevé ce détail.

- Tu as sous-estimé cette amitié. Je ne peux m'empêcher de faire référence au semblant de liens amicaux avec Liam qui se sont rapidement réduit en cendres.

Elle se fige quelques secondes, avant de repartir comme si de rien était.

- Je crois que votre départ a été difficile pour tout le monde. C'est toi et Cameron qui nous rassemblaient tous, à l'époque. Je lui explique, nous replongeant six ans auparavant.

Je repense à notre petit groupe de gosses heureux. Lorsqu'ils ont quitté la Californie, tout a explosé et plus rien ne nous liait. C'est comme si rien de tout cela n'avait jamais existé. Je me suis rendue à l'évidence, tout ne tenait qu'à un fil. Même à l'âge de dix ans.

- De nous deux, c'est Tom qui a le plus souffert. Je poursuis. Je crois que cet épisode l'a marqué plus qu'il ne l'aurait dû. Maintenant, il est terrifié de voir les gens partir.

Quelques fois, je repense à cette boîte que je l'ai poussé à jeter il y a quelques années. Et je m'en veux. Je ne sais pas si c'était le meilleur moyen de lui faire tourner la page. Dans tous les cas, il n'est pas ressorti sans séquelle de cette partie de notre enfance. Mais, en fin de compte, c'était peut-être la seule chose utile à faire.

- Depuis qu'on est petit, j'ai toujours admiré ce côté hypersensible de Tommy. Elle m'avoue en rêvassant.

- Très honnêtement, je ne sais pas si c'est un trait de caractère à envier. Ça rend toujours les choses plus compliquées qu'elles n'y paraissent. Je lui confis en me mordant la lèvre.

Tommy restera à jamais mon frère, mon jumeau, mon sang et ma lumière dans le brouillard. Mais quelques fois, la responsabilité que je porte est multipliée par deux. Je gère à la fois mes sentiments et ceux de mon frère, c'est une charge émotionnelle qui m'assomme.

Ma vie en un seul mot ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant