Ma vie en un seul mot ?

Chapitre 15 : Le miroir de l'âme

Lions inside – Valley of Wolves

Lundi 2 septembre, 18h24
États-Unis, Los Angeles
PDV Alec

Jack file à l'étage en silence. Bien que sa performance lors des sélections ait été la meilleure de nous tous, je sais qu'il a simplement retenu que c'est cette enflure de Liam qui a encore été nommé capitaine cette année, alors que mon frère est bien plus méritant.

Je largue mon sac au pied de l'escalier avec la ferme intention de me détendre après cette journée de merde. Je me presse, sans bruit vers le garage. Dans la pièce, la chaleur est écrasante à cause de la mauvaise isolation. Enfermé entre les quatre murs peint d'un gris dur et une ampoule qui grésille, je récupère mes gants de boxe dans l'un des tiroirs et les enfile rapidement.

Je tourne en rond quelques secondes avant de me placer devant ce sac rouge. Ma respiration est lente et profonde, je presse mes poings l'un contre l'autre tout en pensant à la facilité dont Liam parvient à me mettre en rogne. En une fraction de seconde, je ravive la colère au fond de moi et abat un premier coup dans le sac qui vacille. Le silence meurtrier entre ses murs joue avec mes émotions négatives. Ses sentiments violents sont vite à l'étroit dans mon corps qui en est submergé. Puis je remets un autre coup avant de les laisser s'enchaîner faisant exploser cette rage qui m'anime constamment.

Je maudis du plus profond de moi Collins pour parvenir à m'atteindre si facilement par l'intermédiaire de mon jumeau. Cet abruti sait que Jack est mon point faible. Depuis que nous avons quitté Seattle il y a quatre ans, Jack et moi portons ce même secret que nous nous efforçons de dissimuler pour nous protéger. Ce qu'il s'est passé dans la ville de notre enfance nous a changé, tous les deux. Jack s'est renfermé sur lui et je me suis endurci. Les cheveux bruns, les tatouages, c'était pour passer à autre chose, mais ça ne fait pas tout puisque cette histoire nous colle à la peau. À croire que les épreuves de notre putain de vie ne nous impact absolument pas de la même façon.

Dans un dernier souffle, je frappe ce sac une dernière fois. J'enlève les scratchs des gants comme si je ne les avais pas utilisés. Je referme la porte du garage en silence et gravi les escaliers. Alors que je m'apprête à rentrer dans ma chambre, je vois mon frère à plat ventre sur son lit, la tête surélevée par ses bras regardant un série qu'il déteste qui passe à la télé.

Je m'avance vers lui et pose une main sur son épaule, le faisant détourner les yeux de l'écran.

- Ça va ? Je lui demande avec une grimace.

- Bof. Il me répond honnêtement.

- C'est à cause du foot ? Je le questionne quand même.

Il soupire puis attrape la télécommande pour mettre en sourdine cette série débile avant de se redresser et de s'asseoir en tailleur face à moi.

- Ouais, ça me saoule que ce soit encore Liam le capitaine. Ce mec est le plus prétentieux et orgueilleux de la planète et le coach lui sire ses crampons comme s'il était le dieu du sport.

- Les cons resteront des cons toute leur vie. Je hausse les épaules en esquissant un sourire à ses paroles. Tu as encore le temps de faire tes preuves, même si en réalité tu n'as plus besoin de les faire. Et pour peu qu'il continue de jouer au con dans les vestiaires, le coach le fera redescendre bien vite de son petit nuage, je t'assure.

- Je te préviens, ce n'est même pas la peine de te battre avec lui pour vous faire virer tous les deux.

- Si tu peux être capitaine, parce que j'arrive à le virer, je ne vois pas où est le problème. Je lève les mains en l'air.