Chapitre 47 : Lili

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« Qu'est-ce que j'suis biennnn ! »

Alors qu'elle se déhanchait sur une chanson espagnole qu'elle ne saurait reconnaître en vue de son état, Lili fit une pause pour reprendre une gorgée de son verre de rosé. La musique résonnait fort dans ses oreilles et elle n'aspirait plus qu'à danser jusqu'à ce que son corps lâche prise. Dans un sourire gaga, elle ne tarda pas à retourner danser, toujours son verre à la main.

Elle sentit deux mains la chatouiller sur les hanches et elle se retourna. C'était Anna. Comme si elle n'avait jamais rien vu d'aussi drôle, Lili éclata de rire et prit son amie dans ses bras. Elle était contente d'avoir retrouvé sa complicité avec elle. Farah ne tarda pas à les rejoindre et une fois le trio de choc réuni, elles commencèrent à danser ensemble. Plus rien ne comptait autour d'elles.

« Sam n'a pas l'air bien, constata Farah après plusieurs minutes de lâcher prise. »

Lili soupira bruyamment. Sam était assis sur le canapé et paraissait affreusement gêné d'être là. Lili l'amenait autant que possible à ses soirées pour qu'il rencontre de nouvelles personnes mais il ne faisait aucun effort. Et, en son état actuel, Lili n'avait pas la patience de le comprendre, elle était juste agacée. Parfois, elle aurait voulu avoir un copain normal, qui aurait été à ses côtés pour danser avec elle au bout de la nuit.

« Quel fardeau, grogna Lili, que l'alcool rendait moins emphatique qu'à l'accoutumée.
- Arrête, t'es méchante, lui reprocha Farah, alors qu'elle était bien amochée elle aussi. C'est pas son genre, ces soirées. Je vois pas pourquoi tu t'obstines à l'amener.
- Mais c'est chiant ! J'ai l'impression de sortir avec un asocial, sérieux. Qu'il n'ose pas aller vers les autres, passe encore ; mais qu'il n'ose pas aller vers moi ! Il m'a pas calculé depuis le début de la soirée.
- Il voit que tu t'amuses, il ne veut pas te déranger, le défendit encore Farah.
- Oui, bah il est chiant, il serait temps d'évoluer.
- Tu es injuste. Tu savais très bien à quoi t'attendre en sortant avec lui. Tu devrais être capable de l'accepter tel qu'il est. »

Lassée par ces reproches qu'elle refusait d'entendre, Lili leva les yeux au ciel et s'éloigna un peu de ses amies. Elle ne voulait pas passer pour la peste, vraiment. Elle aimait Sam, elle était sincère avec lui. Mais parfois, elle voudrait juste que les choses soient différentes. Elle était une jeune adolescente de seize ans qui n'aspirait qu'à profiter pleinement de ses années d'insouciance. Or, fréquenter Sam avait le don de lui provoquer des remises en question et des prises de tête.

On va le tester. Le cerveau trop embrumé pour analyser ce qu'elle faisait, Lili s'avança innocemment vers un grand brun qu'elle ne connaissait absolument pas. Tous deux dans un état d'euphorie, ils commencèrent à danser en rythme. Doucement, Lili sentit des mains glisser sur ses hanches. Ce n'était pas très agréable. Les seules mains dont elle recherchait le contact étaient plus délicates, peut-être plus timides, mais plus douces affectueuses. Cependant, Lili ignora ses pensées pessimistes et se força à se laisser aller. La Lili d'avant n'aurait pas autant tervigersé. Lili ne voulait pas pour autant faire marche arrière, elle voulait simplement que Sam réagisse. Elle avait besoin de sentir son petit ami à ses côtés. Elle voulait attirer sa jalousie. Elle voulait le sentir présent et susciter des émotions chez lui. Elle en avait besoin.

Le moment se prolongea, et le garçon aventura ses mains un peu plus sur le corps de Lili. La blonde attendait désespérément une réaction, une colère, un regard triste ? Au bout d'un certain temps, alors que le type commençait à avancer sa bouche vers le cou de Lili, puis vers ses lèvres, une main la tira violemment en arrière. Un peu perturbée et surtout ivre, Lili lâcha une sorte de grognement lorsqu'elle reconnut la trouble-fête et râla :

« Lâche-moi, Farah !
- Lili, tu fais n'importe quoi. »

Farah lui serra le bras et l'emmena hors de la pièce. Lili ne cessa de se plaindre tout du long, jusqu'à ce que Farah lui mit une petite claque. Légère, indolore, mais assez pour que Lili reprenne attention. La blonde fit la moue et attendit la sentence de son amie. Excédée, Farah pesta :

La terre était rondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant