La page blanche, voilà ma véritable phobie. J'ai peur de ne plus rien avoir à écrire, j'ai peur de ne plus pouvoir retranscrire ma rage. Pas parce que je manque de mots, simplement parce que cette rage s'est envolée. J'ai toujours écrit pour extérioriser, comme un exutoire. C'est pourquoi, malgré ma recherche perpétuelle de bonheur, à l'intérieur, j'ai peur d'être heureuse. J'ai peur du jour où, devant ma page blanche, je me retrouve sans un mot, sans malheurs à coucher sur papier.
Je n'ai pas toujours aimé écrire. Enfant déjà je racontais mes histoires, mais c'était plus pour faire comme mon père, qui lui enchaînait les romans, tous plus passionnants les uns que les autres, mais j'y ai rapidement pris goût. D'abord, je racontais seulement tout ce qui me passait par la tête, comme un besoin ardent de partager les contes qui traversaient pour esprit. C'est rapidement devenu un exutoire, un moyen unique pour me débarrasser du poids de la dépression, de la colère ou d'une haine viscérale contre l'humanité qui me dévorait les entrailles. Mais comment écrire à quel point on est triste, lorsqu'on ne l'est plus ? Comment exprimer une rage prenante, une rage qui étouffe, après qu'elle se voit soudainement évaporée au contact d'une personne qui réchauffe notre cœur ? Comment dessiner avec des mots justes un brouillard épais, lorsqu'il est dissipé par cette vive lumière, mère d'une vague de chaleur apaisante ?
J'ai peur de ne plus pouvoir écrire de tristes monochromes sombres emprunts d'amertume et pourtant, je me sens incapable d'abandonner cette quête du bonheur. Je rêve de voir la vie en rose, dans ses bras, d'aimer et être aimée. Pourtant, à force de tristesse, à force de rage tenace, il est difficile de voir lorsqu'on est heureux. Le suis-je, là, maintenant ? Que quelqu'un m'explique à quoi ressemble le bonheur. Parce que, le bonheur, si c'est ne plus pouvoir coucher avec violence des mots durs sur une page, on dirait bien que je suis heureuse.
Malheureusement, cela me rend triste.
YOU ARE READING
Réflexions nocturnes
Historia CortaIl est vrai que je dors peu. Il est aussi vrai que lorsqu'il fait nuit, passé 23h en général, je me pose des questions, comprends certaines choses ou bien me lance dans de courtes envolées lyriques. J'ai donc décidé de vous en faire part, parce que...