Réflexions nocturnes

Tranquillité

Comment vivre, si ce n'est à genoux ?

Comment vivre, si ce n'est en courbant l'échine ?

Le bonheur n'est-il que synonyme de résignation ?

Un cœur plein, une vie remplie, un esprit aiguisé, quel est l'intérêt, lorsqu'ils révèlent les barreaux de notre propre corps, cette prison charnelle qui nous empêche de survivre, qui nous diminue alors que le monde est si grand ?

Comment mourir, si ce n'est la tête basse ?

Comment mourir, si ce n'est face au sol ?

Mon cœur explose, mes sentiments débordent sans interruption. J'aime, je hais, je regrette, je me vante. Mon esprit est las de ce monde, las de demeurer diminué, rabougris, empêtré dans ces conditions, ces obligations, ces devoirs qui ne font de moi autre que le miroir d'un sombre destin s'abattant sur une société triste.

Il est peut-être temps pour moi de partir pour une autre vie, un monde plus grand, plus beau, plus attrayant, tandis que celui qui m'habite se meurt à petit feu, sa douleur étirée par ses propres enfants.

Ne voyez-vous pas,mortels, la souffrance d'un dieu en pleurs, qui détourne le regard devant vos caprices, vos haines, vos semeurs de mort ?

N'entendez-vous pas,mortels, les pleurs de ce dieu que vous chérissez tant, ce créateur de vie auquel vous soustrayez les précieux descendants ?

Ne sentez-vous pas,mortels, l'odeur de cendres planant dans l'air laissé à nos fils et filles, héritiers d'un monde en souffrances ?

Ne sentez-vous pas,mortels, l'odeur de brûlé émanant de la main vengeresse d'êtres dont la colère dépasse de loin votre entendement ?

Parce que moi, je les entends. Je les entends marcher sur votre vie, soufflant en un soupire vos rancunes, balayer d'un revers de main votre histoire sans couleurs.

Moi, créature d'amour,ne souhaite être témoin d'un monde comme celui que vous nous présentez tous les jours.

Moi, créature d'amour,souhaite connaître la tranquillité, la douceur d'un monde en couleurs.

Moi, créature d'amour,souhaite visiter les jardins promis, sentir le parfum de la paix.