Molly

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- Je t'aime.
Lorsqu'il lui murmurait ces mots au creu de l'oreille, elle sentait un long frisson lui parcourir l'échine. Allongée entre ses draps rouges, elle le laissait parcourir son corps de ses lèvres humides. Sa respiration se faisait plus forte à mesure qu'il descendait sur son ventre nu.
Lentement, il remonta jusqu'à sa bouche et l'embrassa de nouveau, langoureusement, effleurant son bassin de ses doigts fins. Elle laissait son esprit vagabonder au rythme de ses doux baisés. Un visage apprut alors devant ses paupières closes ; des joues creuses, de petits yeux noirs soulignés de cernes violettes et des dents fines qui pinçaient ses lèvres entre-ouvertes. En un nouveau frisson, bien plus intense, elle ouvrit les yeux pour voir les joues rondes et le regard bleu de Jules, qui la fixait intensément.
- Est-ce que ça va ? S'enquit-il.
- Tout va bien, répondit-elle en un sourire.
Elle les retourna dans le lit, redirigeant ses pensées vers le blondinet et, à son tour, elle embrassa son cou, avant de sentir deux bras puissants enlacer ses épaules avec douceur.
L'étreinte se fit alors plus dure, collant son visage au creu d'un torse maigre. Une légère audeur de cannabis et de tabac froid lui parvint, avec l'image de cicatrices rondes parsemant une peau pâle.
Elle ouvrit de nouveau les yeux pour découvrir le torse bronzé et lisse de celui qui la pressait amoureusement contre lui. La jeune femme secoua la tête et les redressa. Assise sur le bassin de Jules, elle se laissa de nouveau aller aux étreintes et baisés langoureux, avant de se sentir soudainement soulevée, ses jambes repliées autour autour d'un bassin squelettique, puis violemment plaquée contre le mur froid, son dos épousant la forme du métal. De nouveau, ces dents fines qui mordaient ses lèvres et deux mains puissantes qui enserraient ses cuisses avec force.
Elle repoussa vivement Jules, toujours assis sur le lit.
- Qu'est-ce qui ne va pas, Molly ?
- Je n'en sais rien, dit-elle en détournant le regard, je crois que je suis fatiguée, j'aimerais dormir.
- Je comprends, sourit-il, tu veux que je reste ou...
- Non, coupa-t-elle, rentre chez toi.
Il eut un instant d'hésitation, mais ne broncha pas et ramassa ses affaires.
Ce ne fut que lorsqu'elle entendit la porte de son appartement claquer lourdement que Molly soupira. Recroquevillé dans son grand lit, elle laissa son esprit courir sur le corps de son ancien amant.
Ce soir-là, pour la première fois depuis longtemps, elle décida d'affronter ses démons, laissant un torrent de larmes rouler le long de ses joues.
Cette nuit-là, pour la première fois depuis longtemps, elle resta seule à pleurer la perte de celui qu'elle aurait dû aimer bien plus fort.

Réflexions nocturnesWhere stories live. Discover now