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Les yeux bandés, je suis encore déplacé. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis retenu prisonnier, 1 an ou 2 ou plus. Je crois que je ne suis plus recherché par l'armée de mon pays. Je suis torturé, affamé, je suis tellement fatigué que la plupart du temps tout ce que je souhaite c'est mourir.
Je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas fini par me tuer.

Arrivé à destination, je suis jeté dans une nouvelle pièce, sans fenêtre, sans lumière. Comme d'habitude il n'y a ni douches, ni toilettes.
On me lance un bout de pain et une bouteille d'eau. Je m'allonge sur la paillasse par terre, je préfère dormir, je rêve d'Annie. J'imagine qu'elle m'a attendu, mais dans la réalité je sais que l'armée a dû lui dire que j'étais mort, dans la réalité elle a refait sa vie, avec un autre homme.

Je suis réveillé par une explosion, j'entends des cris, des tirs, une nouvelle explosion fait sauter la porte qui me sépare de la liberté.

-Lieutenant Rotterberg? Vous pouvez me suivre?
-Oui, je peux.

Je suis exfiltré, enfin ils m'ont retrouvés, un hélicoptère nous attends, je monte, il s'envole et m'emmène loin de cet enfer.
J'arrive mon ange.

Le pilote m'informe qu'il me conduit au prochain aéroport, je rentre aujourd'hui au pays. Une équipe médicale m'attends, je suis allongé sur un bracard, ils me prennent la tension, écoute mon coeur, j'ai juste le temps de les voir me poser une perfusion avant de m'évanouir.

Je suis dans les vapes quand mon corps comprend que je suis rentré au pays. Je suis chez moi, en sécurité. Je suis transporté dans un hôpital, on me soigne mes blessures, me fait passer pleins d'examens. Je me rendors, on me parle, on me demande mon nom, quelle année où est, je n'en sais rien, je connais mon nom bien sur, mais je ne sais pas combien de temps je suis resté en captivité.

Je suis réveillé par une infirmière, elle me parle mais je ne comprends pas, les médicaments qu'ils me donnent me font dormir, je veux être lucide même si je souffre.

-Plus...de...médicaments.
-Je sais Monsieur, mais vous allez trop souffrir, vous avez beaucoup trop de blessures, d'os cassés. Encore quelques jours et vous irez mieux.

Je veux juste qu'on prévienne ma femme. Je veux ma femme.
-Ma femme...
-Encore quelques jours et l'armée va nous autoriser à prévenir votre famille.
-Ma femme...

Je ne sais pas combien de jours je dors, mais je me réveille plus en forme. On m'amène un plat repas. Je n'ai pas faim, j'ai été tellement privé de nourriture que mon estomac s'est habitué au manque.
Je suis fatigué, tellement.

-Je suis là mon chéri.

Je suis tellement shoté avec les médicaments que je crois entendre la voix d'Annie.

-Annie...
-Je suis là.

J'ouvre les yeux, je ne rêve pas, elle est là. Je pleure comme un bébé. Je suis vivant et ma femme est là.

-je t'interdis de repartir. Deux ans, que je t'attends, ils m'ont dit que tu étais mort, mais je savais que tu ne m'abandonnerais pas, je savais que tu reviendrais.

Elle pleure, je ne veux pas qu'elle soit triste à cause de moi.

-Pleure pas...
-Je suis heureuse, je t'aime tant.
-Je t'aime...

Pendant les jours suivant, Annie ne quitte pas mon chevet, je lutte pour ne pas m'endormir, j'ai tellement peur qu'elle parte.

-Ta mère a hâte de te voir. Elle a beaucoup changé, je suis allée m'installer chez tes parents quand tu as disparu, elle a été génial avec moi, je l'appelle même maman, tu y crois?
-Avec du mal, je suppose qu'elle va me faire une leçon de moral?
-Tu ne pourras pas y couper, je le crains.

Je vais de mieux en mieux, mais je sens qu'Annie a quelques choses à me dire et qu'elle n'ose pas. Elle part souvent téléphoner sans jamais me dire à qui elle parle ,plusieurs fois par jours.

-Annie, si tu as quelques choses à me dire, dis le. Tu as quelqu'un dans ta vie?
-Oui, mais ça n'est pas ce que tu crois.
-Et c'est quoi alors?
-1 mois après ton départ j'ai appris que j'attendais un bébé.
-...
-Notre fille, Mikaela à presque 2 ans.

Je ne sais pas quoi dire, j'ai une fille, elle l'a appelé Mikaela, elle a deux ans. J'ai raté la naissance de ma fille, ses deux premières années. Je savais que j'avais fait une erreur à partir je ne savais pas à quel point.

-Je veux la voir, je veux voir notre bébé. Où est elle?
-Avec sa grand mère, elle est très écoutée, elle fait ce qu'elle veut de ta mère, c'est très drôle à voir.
-J'ai hâte de voir ça.

Annie m'explique qu'elle préfère que je sois un peu plus en forme avant de faire venir notre fille, elle a raison, je ne veux pas lui faire peur.

Deux semaines plus tard, je remange, je marche et mes bleus au visage sont preque tous partis. Cet après midi Mikaela vient avec ma mère.
Je suis anxieux, mort de trouille, va t-elle m'aimer?

Annie et moi sommes entrain de parler quand on frappe à la porte.

-Mon fils!
-Bonjour mère, comment vas tu?
-Ne sois pas si guindé! Annie, la petite t'attends dans le couloir.
-Je vais la chercher.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre à nouveau, Annie rentre tenant dans les bras, une petite fille. Brune, les yeux bleu, pas de doute possible c'est ma fille, elle est mon portrait craché. Elle est magnifique.
-Dis bonjour ma chérie.
-Bonzour, papa.
-Bonjour mon bébé.

Je pleure, elle m'a appelé papa. C'est le mot le plus beau que je n'ai jamais entendu.
Elle tends les bras vers moi, elle remue pour échapper à sa mère et venir sur moi.
Je la prends dans mes bras, je respire son odeur, un mélange de sa mère et de moi, je n'ai jamais rien senti de meilleur.
Je suis le plus heureux des hommes, je sais que je vais passer par des moments difficiles mais avec les deux femmes de ma vie, je peux tout supporter.

"Pour de faux" (ou pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant