Chapitre 11

59 6 2
                                    



Quand nous arrivâmes aux portes de la cité herculéenne, je compris que l'attaque avait débuté il y a peu car la cité n'était pas encore totalement incendiée. A plusieurs mètres de là, sur une butte, à découvert, je vis une dizaine d'Amazones en position de tir, alignées, les arcs tendus. Elles visèrent, bandèrent leur arc puis tirèrent des flèches environnées d'étoupes enflammées. Je ne pus m'empêcher de retenir mon souffle devant tant de coordination, dans un enchaînement parfait. Les flèches, dans une trajectoire déterminée, passèrent par-dessus les murailles de la cité puis vinrent se figer de l'autre côté. Des cris d'hommes annoncèrent que certains étaient touchés. Je compris soudain d'où venait la fumée. Des flèches avaient touché les écuries et enflammé le foin qui s'y trouvait. Tout cela était voulu. Les Amazones n'avaient pas encore touché les habitations car elles voulaient une vraie bataille. Elles voulaient tuer les Herculéens de manière directe, les passant au fil de leurs épées. En brûlant les écuries, elles incitaient les hommes à sauver les chevaux et à les sceller pour aller les combattre. Nous avions toutes appris cette technique lors des cours théoriques. Sous le prétexte d'une cause accidentelle, d'un tir malavisé, il fallait pousser l'ennemi dans un scénario que nous avions prévu. Toujours. Comme prévu, des Herculéens sortirent à cheval de leur cité, leur arme à la main et leur armure couvrant tout leur corps. C'était l'heure de l'attaque. Les Amazones savaient que les Herculéens refuseraient de se terrer dans leur cité comme de vulgaires lâches. Elles avaient compté sur leur égo et sur leur rage guerrière. Les flèches n'avaient fait que les titiller et les énerver assez pour qu'ils se lancent à corps perdus dans la bataille. L'armée herculéenne sortit des portes de la ville en nombre conséquent. Ils devaient être au moins quatre-cent. Certains avaient dû rester à l'intérieur de la cité, en renfort. Je compris que ce n'était que la première vague. Les Herculéens fonctionnaient ainsi. Vague par vague, ils envoyaient une armée jusqu'à ce que notre défense faiblisse.

Je devinai ce qui allait se passer et j'entendis Marcus retenir sa respiration. Une des archères, voyant la première vague d'Herculéens arriver, siffla à l'aide de ses doigts. Obéissant à l'ordre, des chevaux sans cavaliers arrivèrent au galop et les archères arrivèrent à monter sur leur cheval juste au bon moment puis s'éloignèrent. Soudain alors que la pluie se faisait torrentielle, j'entendis des sabots martelant le sol. Pendant un instant, il n'y eut que le bruit des sabots sous ce ciel noir. Puis, alors que le tonnerre retentit pour la première fois, l'armée Amazone apparut en haut de la colline. Elles étaient nombreuses. Je reconnus notre reine Antiopé à sa tête, le port altier, son casque sur la tête et son armure dorée sur elle. Derrière elle, son escorte personnelle puis, enfin de part et d'autre, les Amazones, accomplies et veilleuses, prêtes à se battre. Toutes portaient leur armure de guerre, dorée, aux insignes de notre clan, une rosace complexe avec en son centre une abeille. Certaines avaient leur bouclier en forme de demi-lune, la lance pointée du côté du croissant. Soudain j'aperçus une personne cachée derrière Antiopé que la foule amazone m'avait empêché de voir : Laya. Celle-ci avait les cheveux noués en une tresse et elle avançait son cheval à la robe alezane pour se tenir à côté de sa mère. Antiopé avait dû lui ordonner de se tenir à côté d'elle lors de la bataille. Par conséquent, si Antiopé venait à mourir, Laya serait d'office reconnue comme reine et meneuse du combat.

Caelius me demanda discrètement :

— C'est elle l'héritière ?

— Oui.

Il lança un regard étrange à Marcus.

Cela me dérangeait de ne pas être là avec elles. J'aurai dû être parmi elles, combattant à leurs côtés. Je soupirai et Marcus posa la main sur mon épaule. Je ne pus m'empêcher de sursauter à ce contact :

Amazone tome 1 : l'ÉpreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant