Chapitre 5

55 9 0
                                    

J'étais dans un pétrin monstre. Premièrement, j'allais devoir trouver une ceinture que personne n'avait encore jamais trouvé depuis plusieurs siècles et deuxièmement, j'allais devoir supporter un Herculéen pendant une durée indéterminée. Je n'allais jamais pouvoir rentrer dans ma cité. Si je revenais sans la ceinture, on m'exécuterait. Ma dernière chance serait de m'enfuir dans des contrées reculées pour échapper à la punition. Je serais bafouée, déshonorée, seule... Je me retins de pleurer car Marcus me fixait en silence. J'avais envie de le frapper. S'il n'avait pas été de force égale, je l'aurais tué et je serais en ce moment même avec Laya en train de rêvasser sur mon futur d'Amazone accomplie.

Sur le retour vers la cité, cette fois à cheval pour ménager mes blessures, je ne parlai pas. Je regardai dans le vide en pensant à ce à quoi je n'avais plus droit.

Arrivée dans la cité, je saluai d'un geste las mes amies survivantes que je n'avais pas eu le temps de voir. La plupart restaient souriantes même si quelques grimaces venaient ombrager leur visage. C'était la première fois qu'elles tuaient un homme. Pour ma part, je n'en avais même pas été capable. Après m'avoir ordonné de sa voix forte de me reposer, Laya me poussa et m'emmena dans ma chambre. Les murs étaient verts et un lit à baldaquin blanc occupait le centre de la pièce. Sur les deux côtés, deux petites tables de chevets en bois d'ébène étaient recouvertes de livres racontant les légendes et exploits des Amazones. Pendant la semaine qui suivit, je restai dans mon lit. J'avais deux semaines de rétablissement avant le début de la quête. Chaque jour, je me forçai à me redresser sur mon oreiller et tentai chaque jour de me lever. Chaque jour était une douleur mais celle-ci était de moins en moins forte. Ma chemise de nuit dévoilait les nombreuses cicatrices qui ornaient mon corps. Toutes avaient une histoire. La cicatrice sur ma cheville était l'œuvre de Laya lors d'un entraînement. La cicatrice en forme de lune était due à une étourderie. Lors d'un entraînement, j'avais baissé ma garde et Toxaris avait tailladé ma chair en guise de leçon.

A présent, j'avais deux cicatrices en plus. Une au bras gauche, l'autre au ventre. Si la blessure du bras restait en accord avec le reste de mes cicatrices, celle du ventre était, si l'on peut dire, la cerise sur le gâteau. C'était une énorme estafilade, large et profonde, qui laissait penser que mon adversaire avait retourné la lame dans la plaie pour essayer de m'achever. Las de rester alitée, j'entrepris de me lever. C'était un succès dont je n'étais pas peu fière. Après être descendue dans la rue avec difficulté, je marchai doucement en me tenant le bas du ventre. Je me retrouvai au milieu de l'agitation qui animait la cité. Le bruit des fers s'entrechoquant se mêlaient aux cris des Amazones en train de combattre. C'était devenu une habitude. La cité était à elle seule un lieu d'entraînement. La cité possédait une petite place où la mosaïque représentait des scènes célèbres racontant des événements importants de notre peuple. La plus célèbre et à mon avis, la plus belle mosaïque de la place était une représentation de la rencontre d'Alexandre, un roi de je ne sais quelle contrée, et des Amazones. Il les rencontra lors d'une expédition et tomba amoureux de la reine des Amazones de l'époque, Thalestris. La mosaïque représentant Alexandre le représentait agenouillé, tendant la main vers la reine qui détournait le regard.

Je m'assis sur un banc en pierre, devant la mosaïque quand j'aperçus Laya. Ses cheveux blonds étaient étalés sur ses épaules et elle courrait, le sourire aux lèvres. Sa cuirasse en cuir exacerbait sa beauté et son visage respirait le soulagement. Elle était vivante et en profitait.

— Thalia ! Tu peux enfin te lever ?

Elle se jeta sur moi et m'enserra de ses bras. Je m'efforçai de répondre sans m'étouffer :

— Oui, enfin, avec quelques difficultés.

Je me gardai bien de lui dire que j'avais toujours mal au ventre. Elle serait bien capable de me remettre au lit.

Amazone tome 1 : l'ÉpreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant