Chapitre 21

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Au fond du couloir, la lumière du jour perçait sous la porte. L'aube était déjà là. Nostalgique, j'imaginai ma cité s'éveiller. Ces chevaux qui hennissaient doucement pour qu'on les panse. Ces enfants courant au petit matin dans les rues pavées tandis que leurs mères les sermonnaient. Ces Veilleuses, déjà affairées aux forges ou déjà en surveillance aux alentours.

En dépit de tout ce qui m'arrivait, je ne pouvais m'empêcher d'aimer ma cité. C'était ancré en moi, que je le veuille ou non.

Je soupirai et tournai doucement mon regard vers Marcus, toujours endormi. La nuit avait été longue pour lui. Sa blessure restait toujours exposée, à vif.

Un bruit me fit soudain tendre l'oreille. Dans un grincement, la porte s'ouvrit doucement et une personne s'y faufila.

J'eus tout juste le temps d'apercevoir une longue chevelure. Une Amazone. Je me tins sur mes gardes. C'était peut-être une menace. Lentement, l'Amazone enflamma une torche mise à disposition pour les tours de garde et c'est alors que je reconnus mon amie Orithie, que je n'avais pourtant pas vu depuis le début de la quête. Contrairement aux autres Amazones qui arboraient leur armure dorée avec fierté, Orithie cachait la sienne dans une pèlerine noire. Lors de l'Épreuve, elle avait hérité d'une cicatrice qui lui traversait à présent tout le visage, mettant en valeur ses grand yeux bruns. Si les marques s'étaient atténuées et avaient été soignées du mieux possible, celles-ci ressortaient sur ce visage calme ; comme la violence de la guerre sur un paysage autrefois paisible.

Je compris rapidement pourquoi Orithie voulait se faire discrète. Elle ne devait sans doute pas être autorisée à venir me rendre visite. De plus, Antiopé avait dû renforcer les tours de garde par mesure de précaution.

En voyant les nombreuses cellules remplies d'Herculéens, je ne la vis pas broncher. Ce ne fut que lorsqu'elle me vit que son visage perdit toute façade et exprima une expression peinée. Sa main fine s'accrocha à un des barreaux de ma cellule tandis qu'elle s'accroupit en ma direction.

— Thalia. C'est moi Orithie.

Sa voix n'était qu'un chuchotement ténu et je m'approchai doucement. Comme je ne répondis pas, un peu sur mes gardes, elle continua :

— Je viens d'apprendre ce qui s'était passé. Laya m'a tout raconté.

J'imaginai très bien ce qui avait pu être raconté sur moi. Je répondis donc, calmement :

— Je ne pense pas que Laya et toi sachiez les vraies raisons pour lesquelles je suis ici.

Orithie arbora un petit sourire en coin et répliqua :

— Tu sembles oublier la curiosité insatiable de Laya. Elle n'a pas pu s'empêcher de vous espionner pendant l'entrevue. On sait tout, Thalia.

— Laya est ici ? Je demandai, regardant derrière Orithie dans l'espoir de la voir apparaitre.

— Non, c'était trop risqué. Maintenant qu'elle s'assume en digne héritière de sa mère, elle est surveillée et protégée. Elle a graissé la patte à certaines Amazones redevables pour me laisser seule quelques minutes avec toi. C'était la seule chose qu'elle pouvait faire.

— Ça ne doit pas lui plaire d'être épiée, commentai-je, sachant combien Laya était attachée à sa liberté.

— Elle a beaucoup changé..., murmura Orithie. Mais elle sait que ce qui t'arrive est injuste. Qu'importe tes ... fréquentations.

Je ne pus que remarquer la note de dégoût dans sa voix. Elle jeta un regard à Marcus qui dormait au fond de la cellule, fronça les sourcils et demanda :

Amazone tome 1 : l'ÉpreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant