Chapitre 2 : Cléa

382 60 37
                                    

Cléa fut tellement surprise qu’elle en oublia de répondre à Loup. Le silence était tombé sur le hall du musée, jusque là très bruyant. Après quelques secondes de mutisme, des chuchotements émergèrent, fusant à mesure que les yeux des quatorze personnes s’habituaient à la pénombre.

L’obscurité était percée par la lumière du jour mourant qui traversait les portes vitrées. Quelques mois plus tard, ils auraient encore eu suffisamment de soleil pour y voir clair… Mais malheureusement le printemps venait à peine de commencer et les nuits tombaient encore vite.

- C’est quoi ce bordel ? s’écria Hugo de sa voix tonitruante, surpassant tous les murmures.

- Un problème d’électricité, sans doute, proposa Colin d'un ton calme qui devait avoir pour optique de rassurer l’assistance, quoique Cléa sentit une légère panique filtrer dans ses paroles.

Elle ricana intérieurement. Si certains d’entre eux avaient peur du noir, la situation deviendrait vite très amusante.

- Oui, un faux contact ou une coupure de courant je pense, affirma Lila d’une voix tremblante.

- Bien sûr que non, c’est quelqu’un qui fait une blague, proposa Adrien en riant, pas le moins du monde perturbé.

- Le seul capable de ce genre de blagues débiles c’est toi, cracha froidement Nicolas. Et tu es avec nous.

- Et alors ? Il aurait pu programmer, non ? proposa Nancy. Ça lui ressemble bien.

La situation commençait à ennuyer Cléa, qui s’avança donc au milieu du groupe pour prendre la parole devant ces enfants effrayés. Tous les regards convergèrent aussitôt sur elle, et elle patienta un instant avant de prendre la parole, histoire de créer un petit effet.

- Au lieu de paniquer, on ferait mieux d’en profiter pour faire un cache-cache géant, lança la blonde platine avec un sourire fourbe.

Isabelle et quelques autres roulèrent des yeux, et Loup en profita pour contre-attaquer :

- J’adore l’idée, on pourra en profiter pour perdre Cléa dans les couloirs et l’enfermer dans une pièce.

La jeune fille sourit en levant les yeux au ciel.

- Il n’y a pas un gardien ou quelque chose comme ça ? demanda la gentille Lila. On ne voit presque rien…

- Bon, arrêtez de paniquer, intervint Monsieur Smith. La panne de courant n’est pas notre problème, il est temps de rejoindre le bus ou les autres vont s’impatienter.

Une vague de consentement parcourut la petite assemblée, et Nancy se dirigea à grand pas vers les portes, suivie du reste du groupe. Cléa la vit appuyer sur la poignée, pousser et… et rien du tout en fait. La blonde essaya de tirer, de maltraiter la porte à côté, d’insister de toutes ses forces mais rien à faire, le panneau vitré restait inéluctablement inerte.

Quand elle finit par se retourner vers ses camarades, elle semblait terrifiée comme l’arrogante ne l’avait jamais vue. Ses yeux clairs d'ordinaire rieurs étaient écarquillés, rivés à ceux du professeur comme si elle allait se mettre à paniquer s’il s'éloignait.

- C’est fermé…

- Merci bien, ricana Cléa, on aurait jamais pu le remarquer sans toi chérie.

La première de la classe la fusilla du regard sans répondre, semblant reprendre peu à peu son sang-froid.

- Mais comment est-ce possible ? s’écria Lila, de plus en plus hystérique. On l’aurait vu si quelqu’un avait fermé, non ?

L'Art de TuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant