Chapitre 1 : Isabelle

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Isabelle souffla sur la mèche de cheveux bruns qui tombait devant ses yeux pour dégager son visage. Assise sur un banc blanc d'allure moderne et peu confortable, la jeune fille fixait alternativement la statue qui lui faisait face et son croquis, grattant de la pointe de son critérium le papier granuleux.

Elle était bien heureuse d'avoir pensé à prendre son carnet de dessin pour la sortie scolaire... En général la brune aimait bien les musées, mais pas ce jour-là. Entre ses camarades du lycée qui se chamaillaient et faisaient les imbéciles entre les vitrines, les enfants qui couraient dans tous les sens et la chaleur ambiante, Isabelle n'avait plus qu'une seule envie : rentrer enfin chez elle.

La jeune fille finit par se lever, attrapant au passage le stupide questionnaire d'une dizaine de pages qu'elle était censée compléter pendant la journée, ce qu'elle n'avait pas fait. Avec un peu de chance, elle pourrait demander discrètement quelques réponses à Nancy dans le bus...

Sans qu'elle s'en rende bien compte, tant elle était concentrée sur la sculpture romaine représentant un dieu dont elle ne se souvenait déjà plus du nom, la densité de population s'était peu à peu amoindrie dans les couloirs du musée. Dommage que la brune n'ait jamais été trop inspirée par les vieilleries... Son dessin atterrit rapidement dans la poubelle la plus proche, et l'adolescente parcourut les autres pages à la recherche d'un croquis suffisamment réussi pour qu'elle prenne le temps de le recopier au propre chez elle, voire de le passer à l'aquarelle, si elle en avait le temps.

Celui qu'elle avait réalisé de son amie Nancy lui plaisait assez... Isabelle aimait dessiner le mouvement, ce qui expliquait sans doute qu'elle n'était pas très intéressée par les tableaux et autres objets inertes qui peuplaient les vitrines couvertes de traces de doigts. Elle avait réussi à capturer l'instant où la première de la classe, qui était plutôt petite, se dressait sur la pointe des pieds pour ouvrir discrètement la fermeture du sac d'un de leurs camarades.

La jeune fille songea que la blonde était sans doute la personne qu'elle appréciait le plus dans le lycée... Il fallait dire qu'elle n'était pas du genre à se faire des amis facilement. En règle générale, elle n'aimait pas vraiment communiquer avec les personnes de son âge, qu'elle considérait pour la plupart soit  trop immatures, soit trop intelligentes pour s'intéresser à elle.

Isabelle était une solitaire, et elle se plaisait comme ça.

La brune jeta un coup d'oeil à sa montre. Cinq heures moins le quart... Plus que quinze minutes et elle pourrait retourner au bus qui la ramènerait enfin chez elle.

Elle passa devant deux de ses camarades de classe, Cléa et Loup. La fille s'amusait à taquiner le beau châtain, qui lui répondait sur le même ton. Ils s'envoyaient des piques du tac au tac, sans jamais sembler se fatiguer, usant chacun de leur célèbre répartie. Isabelle les dépassa sans leur jeter plus d'un coup d'oeil. Elle savait bien que quand eux-deux commençaient à s'embêter, ça pouvait très rapidement partir en pugilat...

La blonde platine comme le garçon étaient arrogants et fiers, irrespectueux des règles et insolents. Isabelle ne les appréciait pas beaucoup. C'était le cas de toutes les personnes qu'elle ne comprenait pas, et ils en faisaient partie. De toute façon ils étaient tous deux bien trop intelligents, et beaux, pour s'intéresser à elle... Notamment Loup.

La brune se souviendrait toujours du premier jour qu'elle avait passé dans cette classe. En voyant le châtain arriver, elle s'était sentie rougir comme jamais auparavant. Sans mentir, il était bien plus séduisant que la moyenne.

Heureusement pour sa santé mentale, Isabelle avait rapidement pu se rendre compte qu'il n'était pas pour elle. Ils ne jouaient pas dans la même cour... et elle préférait le laisser à Cléa. La brune n'avait pas de mal à l'imaginer en couple avec quelqu'un comme la blonde, qui lui ressemblait beaucoup par le caractère, même si la plupart du temps ces deux-là se provoquaient et ne paraissaient pas tellement s'apprécier.

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