Chapitre 6 : Loup

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Loup suivit des yeux Cléa qui s’éloignait, puis Nancy qui lui courait après pour la rejoindre. Les deux filles allaient de toute évidence enquêter ensembles, bien que la coopération ne semblait pas d’apparence bien facile.

En effet, si Nancy n’a jamais vraiment répondu aux provocations de Loup et Cléa, son agacement à chacune de leurs remarques avait cependant toujours été bien visible. Ça n’avait en réalité fait qu’encourager les deux belligérants dans leur petit jeu.

Monsieur… On doit vraiment enquêter ? gémit Scarlett dans le silence qui suivit le départ de leurs deux camarades.

Smith se tourna vers elle, les lèvres pincées, et répondit après une légère hésitation.

Je ne sais pas… Les plus motivés d’entre vous n’ont qu’à essayer, moi, je préfère rester dans l’optique de chercher des secours. Miss Weller, que préférez vous ?

Loup vit l’intéressée se tourner face à Smith, l’observer une seconde, mal à l’aise, puis prendre la parole de sa petite voix tout en triturant ses mains avec une angoisse non-dissimulée.

Je… Je vais essayer de trouver comment joindre des secours avec vous…

Vous avez bien vu les mots de M, l’interrompit Isabelle avec fermeté.

Les autres se tournèrent vers elle, et Loup se fit la réflexion qu’il ne l’avait jamais autant entendue parler depuis le début de l’année. Il ne se priva d’ailleurs pas de faire une remarque.

Tiens, je ne savais pas que le musée vendait des langues pour les demoiselles croquis furtifs.

Isabelle le foudroya du regard, et Loup sourit d’un air provoquant, se souvenant parfaitement que la jeune fille s’était servie de lui comme modèle pendant une bonne partie de la sortie.

Si nous ne trouvons pas le meurtrier, nous mourrons les uns après les autres, poursuivit-elle en ignorant le garçon. Moi, je préfèrerais ne pas prendre de risques.

Ou alors, tu voudrais écarter les pistes contre toi, ayant vu Cléa et Nancy partir immédiatement avec pour objectif d’enquêter. Je comprendrais que tu sois inquiète, enchaîna Loup sur le même ton insolent.

Tu as quelque chose à te reprocher pour l’accuser ? intervint soudain Nicolas.

Loup l’observa de biais, et les regards de l'ensemble du groupe silencieux se tournèrent vers les deux garçons. Le beau châtain rétorqua :

Ça, je crois que c’est à vous de voir.

Sa réflexion mit les autres mal à l’aise. Évidemment, ils semblaient se méfier de lui. L'arrogant éclata d’un rire mauvais lorsqu’il comprit qu’il était l’un de leurs plus grands suspects. Ce n'était pas très surprenant.

Je vous laisse à vos réflexions, je préfère aller enquêter avec Nancy et Cléa, lâcha-t-il en s'amusant de la situation.

Il s’éloigna dans la direction dans laquelle les filles étaient parties, et ajouta juste avant de disparaître dans le couloir :

Je vais veiller à ce qu’elles ne trouvent aucune preuve contre moi, ce serait dommage qu’on apprenne si vite que je suis le meurtrier...

Il accompagna ses paroles d’un petit clin d’œil et d’un rire léger, puis s’éloigna sous les regards ébahis de ses camarades, contenant du mieux qu’il le pouvait les tremblements légers de ses mains.

L'Art de TuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant