Chapitre 11 : Scarlett

251 45 71
                                    

Scarlett fut l’une des premières à se précipiter dans le dédale du musée pour trouver les questionnaires de tout le monde, laissés un peu au compte-goutte au moment de l'extinction des lumières. Elle voulait à tout prix être celle qui annoncerait le nom du meurtrier à partir de son écriture, car elle ne supportait pas que l’attention se concentre sur les autres et pas elle.

Entre Jérémy, le meurtrier, et maintenant Adrien, sans compter les regards portés en permanence sur Cléa et Loup, Scarlett pensait avoir aussi droit à son heure de gloire.

Quittant donc Lila pour la laisser aux mains rassurantes de Nancy, Scarlett courut avec tant d’entrain à travers le musée qu’elle en manqua presque de trébucher plusieurs fois, mais elle se redressa l'air de rien avec cette grâce qui lui était innée.

Elle ne savait pas qui la suivait, tout ce qui lui importait était désormais les questionnaires. La jeune fille aux longs cheveux rejoignit le hall avant le reste des élèves, pourtant eux-aussi pressés.

Scarlett commençait à être excitée par les évènements. Que Jérémy soit mort était assurément dommage… mais il était tellement insupportable. Toujours à fouiner dans ce qui ne le regardait pas, à faire des coups en douce et des remarques désobligeantes envers la merveilleuse personne qu'était l'adolescente. Elle ne pouvait pas l'accepter.

Elle ne le pleurerait pas, oh non. En plus, elle n'avait rien vécu d'aussi amusant depuis qu'elle était dans cette classe de moins que rien. Tant qu'elle s'en sortait, elle se fichait bien de ce qu'il advenait des autres, de toute façon elle avait bien d'autres amis. Tout le monde l'adorait, sauf quelques exceptions.

Bien décidée à se faire remarquer comme il se devait par ses camarades et son professeur, Scarlett parcourut la grande salle du regard. Elle était toujours semblable à celle qu'elle avait quittée une heure plus tôt, avec ses portes en verre, le comptoir de la billetterie, les sculptures le long des murs en forme d'octogone et les bancs de marbre inconfortables qui cernaient le pourtour. Les yeux de l'adolescente se posèrent sur deux feuilles échouées au pied de l'un de ces derniers.

Bingo ! s'écria-t-elle en s'élançant vers l'objet de sa convoitise.

La première chose qu’elle vit en posant les yeux dessus fut les noms de Nicolas et Colin, griffonnés sur chacun des questionnaires dans une case prévue à cet effet. Elle scruta alors les écritures en plissant ses yeux maquillés, sans toutefois être capable de dire si elles ressemblaient à celle des messages de M. Scarlett se maudit intérieurement de ne pas avoir récupéré l'un des papiers avant de s'éloigner du groupe, elle aurait vraiment bien aimé annoncer l'identité du coupable dès l'arrivée de ses camarades.

Elle se retourna en entendant des bruits de pas, faisant voleter ses longs cheveux châtains si brillants sur ses épaules, et chercha des yeux les autres élèves. Ceux-ci, pour la plupart, s'éparpillèrent à travers le hall afin de se mettre avec avidité à la poursuite des questionnaires, et Scarlett chercha des yeux Cléa, car il lui semblait que c'était elle qui avait tenu la photographie et l'enveloppe à propos d'Adrien la dernière.

Elle repéra alors la blonde qui restait un peu en retrait et semblait perdue dans ses réflexions. Scarlett fondit sur elle de manière assez brutale, dans un tourbillon de cheveux et le froissement de deux feuilles.

- Montre-moi le mot du meurtrier ! s'écria-t-elle d'un ton pressant, tandis que Cléa relevait lentement les yeux vers elle.

La blonde la toisa de cet air froid et moqueur qui n’appartenait qu’à elle, et rétorqua avec un mépris amusé :

- Il me semblait pourtant que tous les êtres humains étaient dotés d’une intelligence suffisante pour s’adresser à des individus de la même espèce avec un minimum de politesse… Merci de me prouver le contraire et d’approfondir ma culture, je m’endormirai moins bête.

L'Art de TuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant