Chapitre 18 : Isabelle

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Isabelle marchait dans les couloirs, un peu mal à l'aise. La présence de Loup juste à ses côtés ne lui était pas habituelle, et tendait entièrement les muscles de son corps.

Lorsque les groupes avaient été formés, la jeune fille ne s'attendait pas à ce qu'on les mette ensemble. Il était de notoriété publique qu'elle détestait le garçon encore plus que la plupart de ses camarades, c'est à dire tout particulièrement. Dans l'ambiance néfaste qui résultait de la mort de Jérémy et du jeu de M, le caractère de Loup lui semblait encore plus détestable.

D'un autre côté, elle devait bien avouer avoir été surprise de son geste lorsqu'il l'avait défendue des coups d'Hugo. Alors qu'elle s'était déjà résolue à son sort, prête à être tabassée ou pire, elle n'avait pas pensée que quelqu'un allait empêcher ça. Et encore moins l'arrogant de la classe.

Pourtant par la suite, Loup ne s'était pas montré vraiment plus avenant, ni plus gentil qu'à son habitude. Il l'avait défendue, simplement et naturellement, plus par instinct que par sympathie, ou du moins c'est ce qu'on aurait dit. Et Isabelle avait énormément de mal à interpréter cette réaction, lui qui avait toujours paru si impassible face aux détresses des élèves durant l'année.

Ils marchaient de salle en salle dans le silence, à la recherche des fameuses enveloppes que M avait laissées. Ils avaient rendez-vous avec le reste du groupe près de la salle où reposait Jérémy dès qu'ils pensaient avoir fait le tour de leur zone de recherche, afin de rendre les investigations plus rapides.

Les groupes étant de deux ou trois, si une personne venait à mourir on saurait que la deuxième ni était pas pour rien, et cette idée qui venait de Nancy en rassurait plus d'un. Il n'y avait qu'un groupe de trois, composé de la première de classe, avec Hugo et Lila. Après la violence que le colosse avait montré, personne n'avait envie de se retrouver seul avec lui, et la petite blonde était l'élève qu'il semblait apprécier le plus, et qui risquait donc le plus de parvenir à le raisonner.

La plus grosse surprise avait été la participation de Gabriel, qui semblait jusque là vouloir mettre le plus de distance possible entre les autres et lui. Isabelle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ne revenait vers eux que parce qu'il avait fini de faire quelque chose en cachette... Il avait été placé en duo avec Cléa, qui de toute manière restait toujours d'un calme olympien et semblait si indifférente des personnes avec qui elle collaborait, qu'elle pourrait bien supporter la présence dérangeante du petit brun.

Pour le moment, Isabelle et Loup n'avaient rien trouvé, et n'avaient pas non plus échangés un mot. Ils arpentaient les couloirs et différentes salles avec attention, mais un malaise était pourtant bien là, palpable.

Isabelle aurait voulu remercier le jeune homme pour son geste face à Hugo, mais elle ne voulait pas paraître trop gentille avec lui. Il n'était pas question qu'il croie qu'elle lui pardonnait toutes les paroles arrogantes à la limite de l'irrespect de cette dernière année.

Mais c'était dans son éducation après tout... Alors la jeune fille finit par dire, plus timidement qu'elle ne l'aurait voulu :

- Je voulais te remercier pour tout à l'heure... Tu n'étais pas obligé de le faire.

Loup darda un œil un peu surpris sur elle. Très calme, il lui parut presque indifférent, au soulagement de la brune. Il se désintéressa d'elle, et répondit en continuant de chercher des enveloppes près de statues :

- Il y a plusieurs règles qu'on inculque aux garçons quand ils sont jeunes. Déjà, quand on se bat avec un autre garçon, ne jamais frapper dans les bijoux de famille. Question d'honneur, tu comprends.

La réponse du châtain étonna un peu la jeune fille, et Loup poursuivit sans doute pour atténuer son malaise :

- Et surtout, ne jamais frapper une fille. Jamais.

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