•CHAPITRE SEIZE•

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"Il vous reste moins de six mois à vivre."

Six mois.

Vingt-quatre semaines.

Cent quatre-vingt deux jours.

Quatre mille trois cent quatre-vingt heures.

Juste ça.

Et dire que j'ai passé dix sept ans de ma vie à être une garce.
Non pas que je ne le savais pas, mais cette phrase m'a fais comprendre que je n'ai pas envie de passer mes derniers mois comme une salope de première.

En réalité j'ai envie de les passer dans ma chambre, à attendre ma mort, assise au pied de mon lit comme je le suis depuis une semaine, à me demander comment j'en suis arrivée là.

Je n'ai plus de larmes pour pleurer, je n'ai plus de force pour bouger, je n'ai plus de voix pour crier.
Je n'ai plus d'envie pour vivre.

Les seuls signaux de vie que je donne à mes parents sont mes volets qui s'ouvrent et se ferment.

Ma porte est fermée à clé, je me nourris juste de chips et ne bois le strict minimum de temps en temps dans la salle de bain.

Cela suffit à mon corps pour continuer de vivre, mais pas à mon esprit.

Quand le docteur a dit cette phrase, cette phrase qui tourne dans ma tête depuis une semaine, mon monde s'est écroulé, j'ai tout perdus.

Et Evan avait raison, mon mur est tombé, ma carapace s'est brisée, et je ne sais plus qui je suis.

Car toute les bonnes choses on une fin.

Mais je ne pensais pas que ma fin arriverai si vite, et pas de cette manière.
Pas à la manière d'une maladie je veux dire, je pensai que je devrai partir ou un truc dans le genre, pas que je devrai mourir.

Mourir.

Voilà ce qu'il va m'arriver dans six mois, juste parce que mon organisme est attaqué par une putain de maladie qui dérègle mes organes vitaux.

Une maladie qui n'a été étudiée qu'une seule fois sur une femme, qui elle est morte, et je vais la rejoindre.

Alors combien de personne après moi mourrons de cette maladie avant que des spécialistes ne s'en préoccupent vraiment ? Peut-être une, deux, trois, ou des milliers si on ne trouve jamais de remède, mais qu'importe car moi je serai morte depuis longtemps.

C'est égoïste ? Oui, mais j'ai le droit d'être égoïste, car je meurt dans les six prochains mois.

Six, six, six.

J'ai comme un putain de compte à rebours dans ma tête, comme une horloge de grand mère qui fait Tic Tac chaque secondes. Me donnant ainsi l'impression que je ne dirige plus rien, et que à tout moment je vais mourir. Et ce n'est pas qu'une impression.

- Maddy, ouvre cette porte je t'en pris, fit la voix de ma mère qui toquait doucement à ma porte.

Je ne répondis pas, comme je le fais depuis une semaine quand mon père, ma mère ou mon frère, viennent toquer ici, pour avoir de mes nouvelles.

- On est nous aussi touché, mais on peut surmonter ça, ensemble...

Non, on ne peux pas.

- Tu sais que tu n'est pas forcément morte, tu as une chance sur vingt de gagner, continua t'elle sans attendre une de mes réponses.

Une change sur vingt.

Cinq pour-cents.

Ce n'est rien, et je ne veux pas passer mes derniers mois à croire que je peux survivre, non je ne veux pas me voiler la face alors que je sais très bien que je n'y arriverai pas.

J'entendis ma mère soupirait puis ses pas s'en aller, probablement dessus que je ne fasse pas d'effort mais là tout se suite, je ne peux pas.

Pour la première fois de la journée je me levai, et pour la première fois de la semaine je me dirigeai vers le balcon pour ouvrir la porte en verre et sortir de ma chambre.
La douce chaleur californienne me réchauffa alors que je remarquai que le soleil commençai a se coucher.

Je posai mes coudes sur la rambarde pour observer l'horizon et la mer au loin.

J'oublie parfois que chaque soir je peux voir le soleil se couchant sur la mer. Peut-être que je devrai passer plus de temps à regarder le monde qui m'entoure, maintenant que je connais mon futur.

Un coup de vents envoya valser mes cheveux en arrière me procurant un long frisson. C'est pour cela que je retournai dans ma chambre attrapai un plaide et l'enroulai autour de mes épaules. Je me réinstallai sur le balcon pour continuer d'observer ce spectacle qui sera bientôt finis. Je crois que en dix sept ans je n'ai jamais regardé un couché de soleil si longtemps.

Et je ne sais pas pourquoi, mais c'est vraiment quelque chose de magnifique. Voir le soleil disparaître pour laisser place à l'obscurité est quelques chose que je n'avais jamais ou presque regarder, tout ça parce que je ne m'attardai pas sur les détails de ce monde. Mais il faut maintenant savoir que se sont ces détails, qui font la vie.

Alors peut-être que si je prend plein de petit détails comme ça, je pourrais commencer à apprécier la vie, et à faire des choses bien.

Je sortis de mes pensées lorsque j'entendis encore une fois quelqu'un toquer à ma porte. Tout en soupirant je retournai dans ma chambre et me coucher sur mon lit pour entendre un autre monologue de quelqu'un de cette maison.

- Maddy, fit une voix que je reconnu directement.

Je me redressai doucement et me rapprochai de la porte en silence.

- C'est Paige, ta mère m'a dis que tu ne parlais pas, mais je suppose que tu m'entends, je... j'ai appris la nouvelle... mon dieu, je ne sais pas quoi dire, ni comment réagir, je suis perdu, tout comme toi je suppose.

Elle marqua une pause où je l'entendit renifler puis elle reprit :

- Quand ma mère me l'a dit, je n'y ai pas cru, je me suis dis que c'était impossible, pas toi, pas la personne la plus forte que je connaisse, mais c'est vrai, et cela fais une semaine que tu t'enfermes dans cette chambre alors que tu devrai profiter de la vie, mais bref... je te comprends, je venais juste te dire que si jamais, je suis là, je serai toujours là...

J'entendis un morceau de papier puis elle finit :

- Et... j'ai retrouvé ça, il a quelques semaines, je me suis dis que ça pourrait te remonter le moral.

Quand elle termina sa phrase je vis un papier rose glisser sous la porte puis je l'entendis partir.

Je me baissa pour le ramasser en essayant la seule larme qui a réussi à couler et lus la feuille encore perdu par ces révélations :

Bucket list of two girls very cool.

Je lâchai un petit rire en voyant cette liste que nous avons fait au collège.
Il est écrit dessus une cinquantaine de conneries qu'on s'était promis de faire avant notre majorité, une grande partis sont déjà barrés mais certaines attendent toujours d'être réalisé.

C'est un miracle qu'elle ai gardé cette feuille, j'aurai penser que Paige l'aurais déchiré après notre dispute, mais non, elle l'a toujours.

Et c'est ce détail qui va me donner envie de profiter de mes derniers mois de vie, comme l'a dis mon ancienne meilleure amie.

I want to liveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant