Si je n'avais pas subi toutes ces horreurs venant des Gifs, j'aurais applaudi la ville pour posséder un tel décors. Les tours forment des échelles qui pourraient nous faire toucher les nuages et les routes des chemins infinis qui nous font circuler assez vite pour ne voir que des étoiles filantes à la place des lampadaires. Le train vient de sortir du sousterrain et se dirige tout droit vers la ruche à abeilles. Ari n'a pas protesté mon choix mais je peux sentir sa frustration. Il ne m'a pas adressé la parole depuis toute à l'heure et ne fait que regarder à travers la fenêtre, comme moi.
La machine ralenti petit à petit lorsqu'elle entre dans la bouche d'une gigantesque gare. A son arrêt, mon compagnon ouvre les portes et descend sur le quai. Je lui emboîte le pas et le suis de près pour ne pas le perdre de vue. C'est qu'il marche vite en plus.
Il y a une grande foule qui nous entoure mais personne encore qui nous remarque. Comme l'a dit une ancienne connaissance : Personne n'est au courant de ta venue. Ils te confondront avec l'une des leurs.
Nous prenons un ascenseur qui est accroché à l'extérieur de la tour et monte jusqu'à nous dévoiler la magnifique ville au cœur diabolique. Mais j'arrête rapidement mon observation avant que mon vertige vienne me monter lui aussi à la tête. Ari respire un bon coup avant de prendre la parole :
— C'est une très mauvais idée... marmonne t-il.
Je ne sais pas si cela m'était destiné mais je l'ai entendu. Alors je me tourne face à lui et réponds :
— Tu as fait ton boulot, à moi de faire le mien.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur un immense couloir bondé de soldats qui nous lancent aucun regard et nous laisse tranquillement traverser pour atteindre la porte d'en face. Celle qui nous mènera au roi de cette ville. C'est Ari, les yeux noyés dans le regret, qui l'ouvre et me fait signe d'entré. Mais c'est mon choix, pas le sien. Et j'en assume les conséquences.
Hector est là, debout face aux baies vitrées qui remplacent ses murs. Il se tourne face à nous, verre à la main et nous charme de son sourire de vainqueur.
— Et bien, tu es arrivée plus vite que prévus, se contente t-il de dire avant de faire signe à son fils de nous laisser.
Hésitant, il fait marche arrière et retourne dans l'ascenseur pour exécuter son ordre. Je ne luis lance aucun regard et garde mes yeux de félins rivés sur Hector. Car je sais que si je me tourne vers Ari, je lui supplierai inconsciemment de rester près de moi. Il faut que je résiste à cette envie monstrueuse qui me fait serrer les dents et, d'un pas lent, je m'avance vers le Roi.
C'est en me repassant sa phrase dans ma tête que je mets en route ma cervelle : Comment se fait-il que le roi m'attende ici alors qu'il était censé être sur toit du RL-812, comme la première fois ? Hector doit voir bien plus loin que la vision que lui transmet ses yeux, c'est maintenant que je m'en rends compte. Rien ne lui échappe, il a construit ce monde alors il le manipule comme une enfant manipulerait l'histoire de ses jouets.
— Vous me devez de longues explications, dis-je avec un ton que je n'aurais jamais cru pouvoir employer.
— Sais-tu au moins qui je suis ? ricane t-il.
— Vous êtes Hector Weeka, dirigeant et créateur des Résiliens et des Gifs. Et vous avez un lien avec ce qu'il m'arrive, je le sais, je l'ai vu.
Il pose son verre et m'invite à le rejoindre près de la baie vitrée. J'ai bien l'impression qu'il contemple sa ville et essaye de me faire ressentir cette même sensation d'émerveillement qu'elle procure. Mais même si mes yeux fixent les hautes tours, mon esprit ne peut se contenter d'une simple vue, il attend des réponses.
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Pour l'humanité [TERMINÉ]
ParanormalJe pensais que c'était un rêve, Puis j'ai pensé que j'hallucinais, Mais j'ai surtout essayé de me convaincre que c'était l'une des deux options, parce que je n'ai pas compris ce qu'il m'arrivait et... qui suis-je déjà ? Je ne connais que mon nom et...