Chapitre 4

39 3 9
                                    

Quatre jours sont passés sans nouvelle du monde extérieur. Aucune personne n'est venue nous rendre visite.

Tant mieux !

Revoir leur blouse blanche ne m'attire pas plus que ça. Mes journées sont simples et répétitives : Je me lève, je reste assise sur le bord de mon lit en regardant le mur jusqu'à ce qu'on me serve le petit déjeuner – qui je le rappelle n'est pas très riche en calorie –, je m'adosse au mur qui est commun avec Lee et puis on discute. Parfois nos conversations durent toute une journée, il me raconte ses aventures, ses rencontres... ça me permet d'en savoir un peu plus sur ce monde bien étrange.

De ce qu'il m'a dit, il y a deux populations différentes : les Résiliens et les Gifs. Une dépendante de la nature et l'autre de la technologie.

Ça je l'ai très bien remarqué : à mon réveil j'étais chez les Résiliens et maintenant je me trouve chez les Gifs.

Les deux se haïssent mais ne s'affrontent pas, ça engendrerait un génocide pour les deux peuples. Malheureusement, depuis le réveil de la maladie, un conflit est apparu. Les Résiliens pensent que les Gifs ont le remède alors que, d'après Lee, ils ne l'ont pas. Apparemment, les Gifs font tout simplement croire qu'ils l'ont pour une quelconque raison que Lee ignore encore. Le problème c'est que cette maladie se transmet par le sang, et que, d'après Lee, il ne resterait plus beaucoup d'années avant l'extinction totale de la planète.

Cette nouvelle me glace le sang. Mais je ne sais pas quoi penser. Est-ce les Résiliens qui ont raison ? Ou leur ennemi ? Mon compagnon m'a aussi informé que tout ça c'était déjà produit, il y a des milliers d'années. Mais qu'à cette époque, le remède n'avait pas encore été trouvé. Toutes les populations se sont alors éteintes. Seul Hector qui apparemment posséderait le don de l'immortalité – la totale ironie – et quelques personnes ont survécu, en n'ayant eu aucun contact avec le monde extérieur. Ils ont pu ainsi repeuplé la planète, la reconstruire. Mais ça ne tardera pas à recommencer si personne ne trouve assez vite le remède.

Soudain trois coups contre le mur en commun avec Lee se font entendre. C'est le signal. Je ne peux rien voir mais tends mon oreille pour percevoir le moindre son. Deux, peut-être trois, scientifiques se trouvent en face de sa cellule. J'entends leurs pas se déplacer à l'intérieur, sans doute pour attraper le prisonnier.

— Aller debout ! cri l'un d'eux.

Encore quelques secondes... juste quelques secondes...

Voyant passer les Rouillés – comme les surnomme bizarrement Lee – devant ma cellule, je me précipite vers les lasers et passe mon bras entre deux pour attraper l'un des scientifiques. Je pousse un cri lorsque les deux cotés de mon membre se mettent à brûler mais n'arrête sans aucun doute mon mouvement et, avec toute ma force, je tire l'homme vers les lasers. Son visage touche ces derniers et fait apparaître de grosses brûlures sur toute sa moitié.

Mon bras me fait encore mal, même retiré des lasers. L'homme pousse un cri beaucoup plus fort que le mien et tente de se défaire de mon emprise mais je suis un vrai pitbull et ne desserre pas ma proie. Lee s'occupe des deux autres qui finissent assommés par terre. Il attrape ensuite celui que je tenais et lui brise la nuque en à rien de temps. Le craquement me fait frissonner et suis obligée de tourner la tête pour ne pas regarder la scène.

— Ouvre moi avant que leurs renforts arrivent, dis-je rapidement, la tête toujours vers le fond de ma cellule.

Il s'exécute et m'ouvre grâce au badge que portait l'un des Rouillés dans sa blouse. Je vois enfin à quoi ressemble mon mystérieux compagnon de cellule. Mon imagination se trompait depuis le début. Ses cheveux sont d'un blanc éclatant, comme sa dentition lorsqu'il me sourit en me voyant, lui aussi, enfin. Il fait ma taille, est moins musclé et plus mince que Arismarte. Ses yeux sont bleus ciel et sa peau pâle. Il est habillé de manière à ce que je ne vois pas ses traits noirs sur son corps qui exposent sa maladie. Il a l'air beaucoup plus sûr de lui que moi. Je ne connais à peine cet homme et pourtant je suis et suivrai son plan comme si ma vie était en jeux. C'est d'ailleurs vrai, ma vie est réellement en jeux.

Pour l'humanité [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant