La seconde fois ou j'ai « parlé » à Gabriel, c'était bien quoi, une semaine après ?
J'avais largement eu le temps de l'oublier entre temps.
C'était à peine si je me rappelais son prénom. Ou de la couleur de ses yeux. C'est vrai quoi, on oublie vite les gens qui ne nous intéressent pas.

Hum.

Enfin, c'était à peu près ça quoi. Ce n'est pas comme si, au moment où il s'est approché de moi, mardi matin à 11h58, j'avais préparé un million de scénarios, chacun des centaines de fois répété en boucle depuis 189 heures.
Enfin, si. C'était exactement ça.
Bref tout ça pour dire que lorsque qu'il s'est penché vers moi, j'ai sauté à son cou je l'ai embrassé passionnément et lui ai déclaré un amour fou et passionnel, que je voulais passer chacun de mes jours à ses côtés et vivre de ses lèvres et du bleuté de ses yeux jusqu'à la nuit des temps. Et... attendez. Hm.

On m'informe que je n'aurais pas tout à fait respecté le scénario n°1437.

D'après les images d'archive, (que l'on s'empressera de supprimer après exploitation) ça aurait plutôt ressemblé à ça :
- Salut. T'aurais du feu ?
- Je euh je ne fume. Pas.
- T'as bien raison.
- Mmm.
- Et toi, tu me demandes pas pourquoi je fume ?
- Euh si si si bien sûr. Pourquoi tu fumes ?
- Pour mourir, plus vite.

Je n'ai rien trouvé à répondre. Je l'ai juste regardé. Et son regard d'océan s'est plongé dans le mien. Il m'a souri, peut-être, je ne sais plus. J'ai dû rougir et partir aussitôt en courant, parce que le seul souvenir qui me reste de ce moment, c'est mon écharpe qui remonte sur mon visage et le vent qui lacère mes joues.
Ah oui et aussi de ce drôle de petit pépiement dans mon cœur.

C'était du bonheur, je crois.

Les Hommes sont des menteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant