Il me semble que ce sont mes lèvres qui se sont entrechoquées aux siennes.
Ou l'inverse, je ne sais plus.
Tout ce que j'ai senti après, c'était un feu d'artifice intersidéral entre mon cœur et mon esprit.

Non non non
Je n'ai jamais fait ça, oh mon Dieu ! qu'est ce que je suis en train de faire ...

Mais c'était beau, vraiment.
On balançait des pots de peinture entier contre ma poitrine, mais rien n'y faisait, elle continuait de battre toujours plus vite, plus vite, toujours plus fort, m'inondant de ce sentiment aussi réel qu'improbable, qui s'est mis à courir alors tout le long de mes bras, de mes jambes, comme mille petits frissons. Tout s'enflammait en moi, et brûlait et brûlait, comme si les incandescences se démultipliaient encore et encore, à la vue des mille somptueuses taches d'arc-en-ciel, là, au fond de moi. Je brûle !

SOS SOS trois petits coups, trois longs coups, trois petits coups, vite vite sauvez moi je ne sais pas ce qui m'arrive je brûle.

Pourquoi personne n'arrive ?! Il n'y a que lui, Gabriel, Gabriel, pourquoi est ce qu'on continue de s'embrasser comme ça ? Tu vois bien que je brûle ! Mince regarde ! même tes lèvres sont en flammes !
Je me retire, à bout de souffle.
Je le regarde, lui, lui et ses yeux magnifiques. Il tient toujours mes mains, enfin, il me semble. Je n'en sais trop rien en réalité, mais c'est le seul endroit de mon corps qui ne tremble pas.

Comme si c'était le seul endroit de mon corps, qui est à sa place.

Ça me terrifie, ça me terrifie. C'est quoi ce truc, là, qui s'est réveillé en moi ? Il était là depuis toujours ? Comment j'ai pu hébergé une chose aussi monumentale pendant quinze années sans même le soupçonner ? C'est tellement énorme ! comment c'est possible ?!

Et puis, quoi ? il prend parole maintenant ?! Non non tais-toi ! Non. chut.

- Je t'aime, Gabriel.
- Je t'aime... je t'aime aussi tellement, Louise.

Quoi ? Alors comme ça lui aussi il a ce truc énorme en lui ? Mais pourquoi ? Depuis quand ? Comment c'est possible que deux choses comme ça se rencontrent ? C'était quoi, la probabilité ?
Il glisse ses mains contre ma taille, je frissonne de tout mon corps. Il commence alors à caresser mon dos et ah ! Mon cœur s'arrache de ma poitrine et tombe par terre. Non, non, il gît, là, au beau milieu du carrelage de sa cuisine, tout plein de sang ! ... ça va tout salir.
Il m'interroge du regard : « il fait quoi par terre ton cœur » et puis du coup, et ben, je dois forcément lui expliquer. Je murmure :
- C'est la première fois qu'il cohabite avec cette chose. Il n'est pas habitué le pauvre, il a eu besoin de prendre l'air.

Et alors le sien surgit hors de sa poitrine et vient rejoindre mon petit bout de cœur sur le sol.
- Le mien non plus, il n'aurait jamais espéré ressentir une chose pareille.

Alors, dans l'espoir de les faire revenir du carrelage glacé, je l'ai embrassé.

Les Hommes sont des menteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant