Ce jour là, à la minute où j'ai vu son ombre quitter mes yeux, et ses battements quitter mon cœur, j'ai compris.

J'ai compris que je ne le reverrai jamais.

Que c'était fini, Gabriel et moi.
Mais surtout, j'ai su ce jour là, que tous mes Gabriel se feront toujours tabasser dans la rue.
Que tous mes Gabriel se feront rejeter par leur père, pleurer par leur mère, haïr par de vulgaires inconnus.
Alors j'ai compris que ce Gabriel là restera à jamais pour moi, le premier et le dernier que j'aurais aimé.

On m'avait dit que l'amour, c'était la vie.
Que j'aimerais à en vivre, que j'aimerais à en mourir.

Mais tous, ils m'ont menti.
Sachez-le, si vous l'ignorez encore.
Les Hommes sont des menteurs.

Je n'aurais aimé qu'un seul garçon dans ma vie, et il se sera appelé Gabriel.
G. A. B. R. I. E. L.

Parce que je ne veux pas qu'on saigne pour moi,
Tout ça simplement parce qu'il s'appelait Gabriel sans « le », et que je m'appelle Louis sans « e ».

De Louise à Louis, une seule lettre, était-ce vraiment important de s'en préoccuper ?

Ils doivent paraître un peu plus normaux tout de même, les bleus sur le corps de Gabriel, les cris, les secrets, la petite cicatrice sur mon coeur. La résignation aussi, la fatalité, la désillusion.

Peut-être que vous comprenez un peu plus le sens de mon histoire.

Enfin, voilà, c'est fini.
Les mots que je devais dire ont été écrits, pour moi, pour lui, alors désormais, oubliez cette histoire.

Mais si je peux vous demander une faveur
Rappelez-vous cet éclair de compréhension que vous avez eu lorsque vous avez lu «Louis», sans « e ».

Souvenez-vous de ce que vous avez pensé à ce moment-là.

Souvenez-vous du nouveau visage que vous avez mis sur mes mots, du nouveau visage que vous avez mis sur mon histoire.
Souvenez vous à quel point notre amour avait paru différent, tout à coup.
Comme tout a pris du sens.

Car l'homophobie, elle n'est pas que dans les cris, dans les bleus sur la tête, et dans les cicatrices sur les bras. Non, l'homophobie, elle est là, aussi.

Et ça ne tient qu'à vous
De faire changer ça.

Les Hommes sont des menteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant