Il faisait tout noir chez lui.
J'ai essayé de compter les marches pour atteindre son appartement.
Impossible.
Je ne sais pas trop ce que fichait mon cœur dans ma poitrine mais ça faisait un boucan pas possible. Impossible de se concentrer.

- Alors voilà, le salon, la cuisine, et par là ma chambre. Tu m'attends ici ?

Il n'a pas attendu ma réponse. De toute façon je n'aurais pas répondu. J'avais déjà suffisamment à faire avec mon débat intérieur.

Je rêve je rêve je rêve
Ça va trop vite, trop vite, beaucoup trop vite.
Oui mais bon
Je l'aime je l'aime je l'aime
C'est sûr sûr sûr
Mais je peux pas je peux pas j'ai jamais fait ça j'ai jamais fait ça
Oui mais lui tu l'aimes !
Oh et puis arrêtes tu te fais des films.
Tu rêves tu rêves tu rêves

C'est juste un pote.
Te montrant son appart.

- Vas-y assieds toi fais comme chez toi.
J'ai pris une chaise de la cuisine et l'ai placée de manière à lui faire face.
Il avait une guitare à la main.
- Tu joues...
Il m'a fait signe de me taire. Ah ! La bonne blague ! J'ai des centaines de centaines de centaines de milliers de questions là, sur la lèvre et il faut que je me taise ! Non ! Il faut qu'il me réponde ! Il va se passer quoi ? Pourquoi je suis là ? Pourquoi il a pris sa guitare ? Il a quoi comme sentiments pour moi ? C'était quoi son but en m'emmenant ici ? Il l'avait prémédité ? Mince qu'il me dise ! Je ne sais pas comprendre les situations, les sous entendus moi. Si tant est qu'il y en ait.
Qu'il lâche cette guitare et qu'il me dise !
J'ai trop peur de comprendre tout ça de travers.
Enfin, j'ai surtout peur de comprendre tout ça trop bien.

- Comme une pierre que l'on jette, dans l'eau vive d'un ruisseau, et qui laisse derrière elle, des milliers de ronds dans l'eau...

Sa voix. Sa voix est juste. Magnifique. J'ai envie de l'embrasser, d'entendre son chant de Dieu dans tout mon corps, qu'il vibre et vive à travers moi. Je n'en peux plus. Il le faut.
Il s'est assis sur le comptoir de la cuisine. Et chante.
- Comme un manège de lune avec ses chevaux d'étoile, comme un anneau de Saturne, un ballon de carnaval, comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures, le voyage autour du monde, d'un tournesol dans sa fleur...

Ces paroles... ce n'est pas un hasard. Je remarque à peine que je suis à tout juste douze centimètres de son épaule.

- Tu fais tourner de ton nom tous les moulins de mon cœur.

Et alors j'ai su que c'était le début de ma vie.
Je ne sais pas trop ce qui se passe après.

Les Hommes sont des menteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant