Chapitre 4

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Le temps passa plus vite qu'un coup d'éclair en pleines fortes précipitations. Et on grandit et le passé archivé dans les tiroirs du souvenir. Le soleil et la lune poursuivirent leur trajectoire habituelle, se côtoyant quelquefois sur le sort de l'humanité. La camaraderie reste éphémère et la noble amitié demeure toujours.

Ma jumelle Diary était devenue une fille voilée ; mais la mauvaise nouvelle est qu'elle avait repris deux classes, accusant ainsi un retard de deux années. Le décès de maman l'avait sûrement affectée et, partant, cela avait eu un effet assez conséquent sur sa stabilité mentale. Cela devrait m'affecter plus qu'elle, moi qui s'était attaché plus à maman. Incohérence ? Disons plutôt que maman m'avait plutôt mieux préparé dans ma vie future ; j'étais mieux outillé psychologiquement pour pouvoir affronter les épreuves de la vie et sûrement vivre sans elle. Ainsi, je devins plus studieux et brillant, mes moyennes avoisinaient quasiment les trois meilleures.

Je n'étais plus dans la même école que mes anciens camarades que vous aviez eu à faire connaissance dans les parties précédentes. On se revoyait très rarement et les liens d'amitié s'affaiblirent et disparurent dans le vide. Saly avait grandi et avait un autre meilleur ami - je ne saurais vous en dire quelque chose d'on ne peut plus sûre. Birahim devint un souvenir, et Assane idem, et Demba pareillement.

Sauf Mame Faty.

Nous étions dans le même lycée après l'obtention de notre BFEM, mais nos classes étaient séparées telles deux extrémités d'une chaussée. On se croisait très souvent dans la cour, et au fur et à mesure que les mois prirent de l'âge, je la trouvais plutôt effacée et elle me saluait à peine. Elle s'était faite de nouvelles amitiés, j'en ressentais une folle jalousie et je ne sus pourquoi. Je ne manquai pas de l'aborder un jour et de lui reprocher son attitude.

- Bonjour Mame Faty.

- Bonjour Salim, tu vas bien ?

- Pourquoi tu ne me salues plus ?

- Je ne te salues pas ? Salim, toi aussi. Nous sommes des amis de longue date, ce n'est pas maintenant que je vais t'ignorer.

- En tout cas, tu as l'air très bizarre maintenant. Je ne te reconnais plus.

- Sheuut Salim ! Pas d'histoire s'il te plaît. Je peux avoir ton numéro ? Je t'écris après.

- D'accord. Vas-y ! 77... (ainsi de suite).

- Merci. Je vais t'écrire après.

- OK, je l'espère bien.

Et elle répartit froidement et sans le moindre sourire habituel. Je fus très choqué, oh mon Dieu. Était-ce vraiment Mame Faty à qui je parlais ? Le fille hyper souriante et ouverte, la plus folle de notre groupe ? Non, je ne m'étais pas dupé. Comme les personnes se métamorphosent du jour au lendemain, mais - tenez-vous bien, vous dis-je - à un degré exorbitant !

Des jours passèrent et je ne reçus ni coup de fil, ni texto de sa part. Néanmoins, on se croisait de temps en temps dans la cour, s'échangeant tout simplement le bonjour. Je m'y habituai et ma gêne se dissipa.

Je fis la connaissance de Karim. Il était la personne me ressemblant typiquement. Pas physiquement. Nous avions quasiment les mêmes centres d'intérêts. Parfois, nous allions à la bibliothèque pour préparer nos exposés ou pour bouquiner à longueur de journée. Jovial et très sympa, humble et très ouvert, taquin et très intelligent, disponible et très exemplaire, pieux et très bon conseiller, autant d'éloges que sa personnalité mérite sans exagération, vous dis-je. Karim incarnait l'idéal de par son caractère et sa grandeur d'âme. Un jour qu'il lisait Karim d'Ousmane Socé, je voulus découvrir un mystère qu'il ne voulut jamais dévoiler ou en parler :

Ma vie en 24 heuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant