Chapitre 8

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Tant que tu m'aimes, tu ne changeras jamais le fond d'écran.

Je ne pus m'empêcher de rigoler avant de me rendre compte du caractère intrigant du message. C'était un coup de poignard reçu en plein fouet. Quoi ?! Ce n'était pas chose sérieuse, elle n'ose pas me mettre dans un tel embarras. Elle doutait toujours de mon affection ; et je regrettai d'avoir été si simple et si peu de vitalité envers elle. Non, non et non. Sacrée bête que suis-je ! Son absence me pesait atrocement ; oh mon Dieu, que faire pour réparer une telle bêtise ? Cette créature fit de moi l'être la plus heureuse que je n'ai jamais été. Le désarroi allait tout mettre à l'eau. Raby s'illuminait devant mes yeux qui contemplait le mirage, et je revoyais sa silhouette et sa bonne mine qui me mettait dans toutes les joies vénérées. J'étais assis, les jambes accroupies devant l'écran, les mains sur le menton comme ébahi. Le message semblait parler, me parler à vive voix, m'incriminer et me culpabiliser ; il bougeait et suivait mon regard. Et on s'immobilisa ainsi dans un instant dont le temps ne m'était pas quantifiable.

Quoique fort ou discret que j'étais, une force surnaturelle avait pris le dessus sur moi. Elle est immensément intangible ; elle nous poursuit depuis l'enfance et donne les prémices d'une vie qui ne découlent pas de l'ordinaire. Cette force s'impose et ne donne pas le choix de vaciller tant que ses désirs se veulent être satisfaits. Il ne s'agit pas que d'exister, vivre est un tout avec ses accessoires qui font de nous la vraie créature humanisée. La société ne nous cause pas tout le temps des malheurs, et le vrai tort qu'on se fait est, quelques fois, un effet de notre refus à l'amour et à la compassion qu'on se doit par nous-même et pour nous-même. Et je regrettai et eus peur de perdre Raby.

Je m'empressai de l'appeler avant qu'il ne soit trop tard. Dès qu'elle décrocha mon appel, je ne laissai même pas le temps au salamalec.

- Jamais au plus grand jamais, ce message ne s'enlèvera tant que tu ne m'en donnes pas l'autorisation, ma Linguère, dis-je précipitamment.

- Ha ha ! Waa Salim, tu ne me salues même pas d'abord ?! Me dit-elle au téléphone. Donc, tu es bien arrivé. Alhamdoulilah. Mais, je te comprends et je sais pourquoi tu es si excité. Sache que tu viens de me prouver réellement ce que tu ressens pour moi et j'en suis hyper rassurée et comblée. Mais, je ne me le pardonnerai jamais de t'avoir réduit à l'asservissement, tu peux changer l'image et y mettre ma photo ou la tienne ou tout ce qui te plaira. Notre amour sera ainsi plus discret pour ne pas attirer sur nous les envieux et les langues de vipères.

- Chaque jour que Dieu fait luire son astre au zénith, tu me prouves encore combien tu es une fille intelligente et courtoise ... Et comment va la famille ? Elle va bien j'espère ?...

Et nous discutâmes de tout et de rien, des nostalgiques, des souvenirs et des folies furieuses.

Le lendemain, on faisait des allées et retours entre la police, la mairie et d'autres administrations pour des questions de pièces à fournir afin d'être totalement éligible. On me renvoya au lendemain pour certains pour récupérer un petit bout de papier ou un simple cachet qui, sans doute, n'aurait pas pris une demi-heure. Ces papiers étaient nécessaires pour bénéficier d'une bourse d'études au niveau de l'État. Mais, Dieu merci, j'ai pu avoir tous les documents en moins d'une semaine, à la fin de la journée du jeudi. Et le lendemain, on alla au niveau de la Direction de l'Enseignement Supérieur pour faire le nécessaire.

Audacieux que j'étais, je demandai à voir le Directeur en personne. Déjà, à la porte, le vigile me demanda si je m'étais entendu parler. Je le rassurai que oui. Il m'indiqua le niveau de l'étage et me pria d'emprunter l'ascenseur. Dès que je franchis la porte des locaux, je fus ébahi par la disposition des bureaux qui ne m'était pas habituelle et faite à l'américaine. Je ne savais pas à qui m'adresser. Un monsieur qui sortait m'ordonna de voir d'abord la secrétaire et lui expliquer mes préoccupations. Ce que je fis très volontiers. Après nos brèves salutations :

Ma vie en 24 heuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant