Cinq heure

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« - Qu'est-ce que c'est que ce bordel... »

Une alarme stridente m'a tiré de mon sommeil tellement plus agréable que cette réalité brutale, dont j'ai tellement besoin pour supporter la journée qui s'annonce. Je me redresse sur mes deux coudes, ayant pour habitude de dormir sur le ventre, et me frotte les yeux de mes deux paumes de main. Quand je les retire je sens qu'elles sont un peu humides. Aurais-je encore pleuré durant mon sommeil ? Ça n'est pas impossible, mes nuits ont tendance à être, disons, mouvementées... La sonnerie ne s'interrompt toujours pas, me flinguant les oreilles et le cerveau alors qu'il est seulement... Je jette un coup d'œil à mon réveil. 5h23. Mais qui peut être aussi con pour appeler les gens aussi tard ?! Ou tôt, tout est une question de point de vue. Qu'importe, je vais le crever. Non, pas que je sois quelqu'un de violent, mais je pourrais le devenir s'il y en a d'autres qui s'amusent à tester mes limites. Parce que dormir est la chose la plus importante au monde, et tout humain m'en privant pourrait avoir de sérieux ennuis. Voilà, il a réveillé Dark Yoongi. Et cette putain de sonnerie qui ne s'arrête pas... Normal que je n'arrive pas à réfléchir. Je crois que je vais l'exploser au sol, ce portable.

Avant de commettre un acte que je regretterai atrocement par la suite, déjà parce que je devrais me racheter un portable alors que lui est tout à fait fonctionnel et aussi parce que je risquerais de me rendormir aussi sec pour ne plus me réveiller du tout, je tends ma main dans sa direction. Quand l'écran se trouve enfin face à mes yeux, qui eux ne sont pas forcément très alignés avec les trous qui leur sont consacrés, je peux enfin voir qui est l'odieux personnage qui ose m'interrompre durant l'activité primordiale pour ma santé mentale. Et évidemment c'est un numéro inconnu. Je grogne. J'envisage très sérieusement de laisser un vent à mon destinateur, il l'aurait bien mérité, avant de me souvenir du geste que j'ai eu il y a un peu plus d'une heure. Juste avant que la dernière note ne s'abrège, je fais glisser l'icône téléphone vers la droite. Je ne sais pas si c'est une très bonne idée mais tant pis, il est trop tard pour le regretter.

« -Allô... ? »

Ma voix est rauque, enrouée par les quelques dizaines de minutes de sommeil qui m'ont été accordées, et je pense qu'elle se rapproche plus d'un grognement d'ours qu'un timbre humain. Je me racle la gorge dans un bruit plus ou moins glamour mais c'est ça ou continuer de parler à un animal. Et puis il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même, c'est lui qui a décidé de m'appeler au beau milieu de la nuit.

« - Oh... Tu dormais... ? »

Je ne sais pas s'il fait exprès d'être stupide ou s'il lui manque réellement quelques neurones, comme celui de la décence qui te dit que déranger les gens en plein milieu de leur sommeil n'est pas une très bonne idée. Je ne suis jamais de bonne humeur le matin, et c'est lui qui va en faire les frais.

« - Bien vu Hoseok. »

Ma bouche s'ouvre de toute sa hauteur pour laisser passer un long bâillement. J'ai jamais trop compris à quoi ce geste pouvait bien servir à mon organisme mais c'est celui qu'il doit maîtriser le mieux vu le nombre de fois qu'il l'effectue par jour. Mes bras commencent à faiblir à force d'être les seuls à supporter mon poids, qui bien que pas très important est tout de même présent, alors je me tourne sur le dos, en étoile de mer. Enfin une étoile de mer atrophiée puisque l'un de mes bras est utilisé à tenir mon mobile contre mon oreille.

« - Je... Je pensais pas que tu dormirais, bafouille-t-il lamentablement.

- À 5h23, non, 24, tu penses que je suis encore debout ? »

Je ne sais pas si je dois être excédé, amusé ou flatté de son comportement. D'un côté c'est vraiment un gamin de croire que tout le monde doit être à sa disposition, frais comme un gardon et prêt à répondre à la moindre de ses envies sous prétexte que lui est éveillé. Désolé de le décevoir mais tout le monde a une vie à côté de la sienne. D'un autre côté il y a quelque chose dans l'intonation de sa voix qui me laisse deviner sa surprise et sa confusion, et je peux même imaginer son visage, la bouche ouverte en O et les yeux papillonnant de droite à gauche, ce qui inéluctablement me fait sourire. Et puis, au-delà de tout ça je peux sentir son impatience bouillonnante de me contacter, cette envie impériale qui l'avait poussée jusqu'à me téléphoner alors que je l'ai délibérément quitté sans un au revoir. Et cet empressement, cette fébrilité, je peux l'avouer, me plait. J'aime quand il s'intéresse à moi, j'aime cette attention dont je fais l'objet. Mes joues se colorent d'un doux rose. Mon corps se rappelle petit à petit des sensations qu'il peut éprouver au contact de quelqu'un qui est spécial. Mon ventre se tord. Je ne sais pas cette fois-ci si c'est à cause de l'enivrement du flirt ou la peur de ce dernier.

24h pour se plaire [Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant