Quatre heure

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Il n'a fallu qu'une seconde d'inattention de ma part, une seule seconde, pour que le brun se fasse la malle. Je grogne. À quoi je m'attendais de tout de manière ? À ce qu'il vienne réclamer son bisou avant de partir ? À ce qu'il me propose de dormir chez lui ? Non, bien évidemment que non. Je suis peut-être un peu benêt sur les bords, et plein d'espoir, mon surnom « hope » ne venant pas de nulle part, il ne faut pas oublier que je suis clairvoyant. Il ne m'aurait jamais permis de m'approcher de lui plus que la proximité qu'on a eue sur la terrasse. Ça m'a suffi, mais j'ai comme un arrière-goût dans la bouche, comme du regret. À ce qu'il me dise au revoir ? Oui bordel ! Rien que ça, je ne demande pas la lune non plus ! Juste un petit signe de main, de loin, m'aurait suffi. J'aurais pu ainsi glisser mon numéro de téléphone dans sa veste, nonchalamment, lui laissant ainsi la porte ouverte pour qu'on reste en contact, s'il le désirait. Et j'aurai parié qu'il le désirait ! Sinon pourquoi m'avoir retenu avec lui, là dehors, alors que je lui offrais sur un plateau d'argent ce qu'il réclamait depuis le départ ? Pourquoi m'avoir souri aussi naturellement ? J'ai cru que quelque chose se passait entre nous, peut-être pas un lien, mais un certain feeling. Il me laissait peu à peu l'apprivoiser, en douceur, je commençais à anticiper ses réactions, à lui tirer des sourires, des petits rires magnifiques autant que précieux. Il s'est confié à moi, pas beaucoup, juste ce qu'il faut, parfaitement dosé pour me faire languir, pour me donner envie d'en savoir plus, toujours plus. On a partagé une clope. Et là quoi ? Disparu. Volatilisé. Je suis parti à sa recherche il y a une vingtaine de minutes et toujours aucune trace de lui. Au début j'ai cru, naïvement, qu'il était juste passé par la case pipi, puis après l'avoir attendu derrière la porte cinq minutes, j'ai dû me faire une raison. Il a détalé comme un lapin. Je suis même allé jusque dans la chambre de nos hôtes (en priant tous les dieux dont je connaissais le nom pour ne pas les trouver dans une situation compromettante) voir si sa veste y était toujours, que dalle ! Elle aussi était absente.

Je fulmine, contre lui, contre moi, contre cette putain de soirée, contre mes prédictions pourries. Parce que le pire, c'est que j'avais senti qu'un truc comme ça allait se pointer, qu'il y avait une couille dans le pâté comme on dit vulgairement. J'ai senti son changement d'humeur, ses intonations de voix plus pressées, plus inquiètes, ses mains qui tremblaient autour de son smartphone, mais j'ai tu ma petite voix intérieure qui me répétait que quelque chose de louche se tramait parce que depuis ma rencontre avec lui, elle ne m'avait dit que des conneries, me faisant enchaîner les bourdes. Pourquoi c'est quand elle dit enfin quelque chose de sensé que je lui cloue le bec ?! Je me sens minable, inutile. Peut-être qu'il avait besoin de moi quand ses yeux papillonnaient de partout, peut-être qu'il m'envoyait un signal de détresse lorsqu'il avait un temps de flottement entre chacune de ses réponses. Mais j'ai préféré ne rien voir, maintenant je peux bien m'en mordre les doigts, le mal est fait. Et je ne le recroiserai très certainement plus jamais de ma vie. C'est dommage, je l'aime bien ce petit bout de sucre indomptable et imprévisible, il mettait un peu de piquant dans ma vie. Et au vu des pincements douloureux que m'inflige mon cœur, il n'y a pas que du piquant qu'il apportait. C'est rapide à dire, mais peut-être aurais-je pu l'aimer...

Assez tergiversé, il me faut de l'action. Ça ne sert à rien de broyer du noir dans son coin, autant tenter le tout pour le tout. Je retourne au salon pour y jeter un dernier coup d'œil, mais bien évidemment, il ne s'y trouve pas. J'avise mes deux tourtereaux préférés assis sur le grand canapé d'angle à se faire des papouilles et se chuchoter des mots d'amour. Je vais me faire un plaisir de les interrompre. Je sais pas pourquoi mais ma frustration me rend un peu plus à fleur de peau, un peu plus méchant, sec.

« - Dites les gars, vous n'auriez pas vu Yoongi à tout hasard ? »

Jimin semble totalement sur une autre planète, défoncé par l'alcool dont il raffole les effets et à l'amour qui le rend tout autant accro. Je crois même qu'à choisir entre une Caipirinha et Namjoon, il choisirait Namjoon. Mais heureusement pour moi, ce dernier semble en meilleur état, plus ou moins lucide, mais me regarde tout de même avec des yeux de merlan frit qui ont le don de m'irriter.

24h pour se plaire [Sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant