24h pour se plaire [Sope]

Minuit

Un nouveau POV Yoongi pour le dernier chapitre, car je voulais écrire l'épilogue avec Hoseok en narrateur et pour respecter l'équité, voilà x)

Bonne lecture pour cet avant-dernier chapitre <3

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Les lumières de la ville apparaissent d'ores et déjà à l'horizon, éclipsant le scintillement apaisant des astres sur le plafond du ciel. À la vitesse à laquelle cette lueur artificielle se rapproche, je dirais que nous serons arrivés à la gare de Séoul dans une dizaine de minutes. Et Hoseok dort, encore.

Sa paume n'a pas quitté la mienne depuis que nous avons embarqué à bord de ce train qui nous ramène à notre ancienne autant que nouvelle vie. Je l'avais senti mal à l'aise, pratiquement plus que moi à l'idée de ce contact, me demandant incessamment si j'étais sûr de moi, si ce n'était pas trop, si je ne me sentais pas mal, mais je le faisais taire d'un sourire à chaque fois. Et parce que mon sourire a le pouvoir étonnant de le faire rougir jusqu'aux yeux, il n'a pas retiré sa main.

C'est étrange de toucher une autre peau que la mienne, car bien que je n'aie aucun problème à étreindre Namjoon et son petit-ami, leur contact n'a pas le même effet sur moi que celui d'Hoseok. Avec mes amis c'est doux et réconfortant, c'est seulement avec eux à mes côtés que je me sens réellement chez moi ; avec Hoseok c'est glaçant et électrisant, un plongeon dans l'inconnu systématique. Cela me rappelle un temps où j'adorais ce genre de chose. Un temps où, être séparé de ma moitié était une torture. Un temps où Minhyun était le centre de mon monde.

Aujourd'hui fut une marée de souvenirs qui me sont tombés dessus sans prévenir, une pluie de météorites dans le champ de mon quotidien tranquille. Pourtant, je crois qu'à aucun moment je ne me suis souvenu des bons côtés du passé, des raisons qui ont fait que je suis tombé aussi bas pour lui. Certainement parce qu'il est autant douloureux de penser à la tendresse qu'à la brutalité qui a suivi. Et que la honte, la culpabilité qui me ronge provient ces souvenirs-ci plutôt que des mauvais.

On m'a répété et répété que rien n'était de ma faute, que je n'aurais pas pu changer ce qu'il s'est passé et une part de moi le croit. Je ne suis pas mon propre bourreau, je commence à comprendre. Mais n'aurais-je pas pu voir les signes avant-coureurs ? Il n'y a pas de fumée sans feu dit-on, alors pourquoi n'ai-je pas déceler cette étincelle de folie qui brillait dans ses yeux, bien avant que le cercle vicieux ne débute ? J'étais si proche de lui, le connaissais si bien, ne me doutais-je pas que sa manie du contrôle et son perfectionnisme se retournerait vers moi ?

La vérité est que je me suis laissé aveugler, aveugler par l'amour que je lui portais. Cet amour d'enfant, cet amour pur, innocent, immense qui épurait son être, l'affublait d'un halo divin et d'ignorance. Je l'ai aimé tant et si bien que je lui ai offert la formule pour réaliser ses sombres desseins.

C'est cela que je me reproche. Ma naïveté, mon romantisme, ma passion. Comment de si belles qualités peuvent se retourner contre nous ? Mon psy dit que c'est parce que Minhyun est un fin manipulateur qu'il est arrivé à cette extrémité, moi je pense que le trop est l'ennemi du bien, et je l'ai trop aimé.

Je croyais avoir retenu la leçon, qu'il valait mieux vivre sans émotion, sans rien sentir, juste planer au-dessus du monde sans en faire partie pour ne pas risquer de souffrir, pourtant le même schéma s'opère aujourd'hui : je sombre pour une nouvelle personne. Pour Hoseok.

Mon regard se glisse sur l'intéressé, son air endormi lui donnant une allure d'ange. Il est aussi semblable de Minhyun que différent. Ils ont le même charisme, le même éclat d'intelligence dans l'œil, la même détermination, la même capacité à m'apprivoiser. Cependant, là où Minhyun utiliserait tout cela pour parvenir à ses fins, le roux se remettra sans cesse en question. Il a conscience, lui, que les qualités deviennent défauts si on ne les utilise pas à bon escient. Il doute, et c'est la chose la plus rassurante qu'il m'ait montrée.