Ne t'inquiètes pas, je suis facile à oublier...

Chapitre 3

Je suis tellement angoissée... J'ai demandé à ma mère de me déposer un peu plus tôt pour avoir le temps de rejoindre Gaspard au parcours sportif, et même si elle était plutôt réticente à l'idée de me laisser seule au début, j'avais fini par la convaincre. C'est donc angoissée et pleine d'appréhension que je me dirige vers l'entrée du parcours sportif. En ce mois de février, l'air est plutôt frais et le soleil ne s'est toujours pas levé. Je frissonne dans mon petit blouson en cuir. Heureusement j'aperçois Gaspard de loin et me dépêche de le rejoindre. Il semble anxieux aussi et ne cesse de se passer la main dans les cheveux. Tic, bien qu'agaçant, le rend extrêmement sexy aussi. J'arrive derrière lui et comme si j'avais peur d'être espionner, chuchote doucement :

-Gaspard...

Il se retourne vers moi et me serre dans ses bras. Je ne sais pas ce qui s'est passé ce mois-ci mais si je continue à recevoir autant de câlins de garçons sexy, je sens que ça va me plaire. J'en profite et le sers à mon tour contre moi. Quelles sensations étranges ! Comme si, on retrouvait une personne proche oublié depuis longtemps. Et cette étreinte semble familière. Me serais-je rapproché de Gaspard ? Et si je me rappelle ces câlins, ça veut dire que j'ai déjà était dans ses bras ? OH mon dieu ! Tellement de questions et si peu de réponses ! Il s'écarte finalement de moi mais reste tout de même très près. Assez pour que je puisse voir mon reflet dans ses yeux et voir sa poitrine se soulever à chacune de ses respirations. Toujours perturbé par cette proximité, il en rajoute une dose quand il attrape mes mains dans les siennes et se met à parler :

-Élisa, écoute, on n'a pas beaucoup de temps. Je ne sais pas ce que les autres t'ont dit à propos de moi, mais tu ne dois pas les croire.

Que peut-il dire ? Je veux ajouter quelque chose mais je n'en ai pas le temps et il continue :

- Il s'est passé tellement de choses pendant ces deux mois. Des choses horribles comme merveilleuses. Et j'aimerais tellement t'aider à t'en rappeler, mais... on ne doit pas te voir près de moi. Sinon tu risquerais de perdre beaucoup. Mais une chose est sûre, ne fais confiance à personne et... ne lui donne pas ton amour. Il ne te mérite pas...

Ses mains ont lentement glissé des miennes au fur et à mesure de son récit. Je ne comprends pas... J'ai l'impression horrible d'être coincé dans une mauvaise série télé. Il commence à vouloir s'éloigner mais je lui attrape le bras et lui demande :

-Gaspard... qu'est-ce qu'il s'est passé... entre nous ?

Je rougis de mon impudence mais j'ai besoin de savoir. Il se retourne et semble tellement abattu. Ses yeux sont recouverts d'un voile de tristesse et, je jurerais même avoir aperçu des larmes au coin de ses yeux :

-Tellement de choses. Des choses inimaginables et même... intimes.

Je deviens cramoisi face à sa réponse et à bout d'arguments ne le retient pas. Ses yeux sont remplis de larmes et je vois qu'il se retient de pleurer devant moi. En même temps, je peux comprendre ce qu'il ressent. Avoir partagé des moments inoubliables ou intimes avec quelqu'un et que cette personne les a oubliés, ça doit être horrible. Sans m'en rendre compte, je me mets moi-même à pleurer. Apparemment j'ai perdu le souvenir de la nuit où j'ai perdu ma virginité, j'ai oublié mon premier baiser, peut être aussi ma première fête. Je prends sur moi et essuie vite mes larmes. Allez, inspire, expire. Je n'oublie de faire un sourire et me dirige vers le lycée où m'attends mon copain qui semble être un étranger pour moi et ma meilleure amie qui semble me cacher des choses. Et dans l'ombre, se trouvera le garçon avec qui j'ai partagé des choses inavouables que j'ai oublié et pour qui semble battre trop fortement mon cœur.