Fin du mystère

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«Vous pouvez être fière de vous, Amélia.» Ce furent là les seuls mots du docteur Dawson, assis dans son fauteuil, les mains sur la table et la mine indéchiffrable, abasourdi par le récit de sa patiente qu'il n'avait pas tenu à interrompre durant cette narration qui l'avait vidé de toute sa force vitale. Amélia s'endormit là sur le divan, épuisée par ce douloureux saut dans le temps. Il ne la réveilla pas, et passa la nuit dans son cabinet à griffonner dans son carnet, à se lever et de rasseoir, à regarder le ciel et à se pencher sur son stylo pour noter à nouveau, à regarder Amélia, puis la porte, puis le ciel, puis la fenêtre, puis la porte...

- Docteur Dawson, je vous ai rapporté quelques viennoiseries et du café.

L'infirmière était étonnée qu'il se soit endormi dans son bureau, et ce pour la toute première fois depuis le début de sa carrière dans ce centre.

- Merci Mathilde, c'est très gentil.
-Ah mais je vous en prie Docteur ! Vous devriez songer à prendre des vacances, vous savez ?

Stanley Dawson sourît un instant, puis lui répondit qu'il prendrait sa remarque en considération dans les jours avenirs.

- Et Amélia, l'avez-vous vue ce matin ?
- La patiente du bloc C avec une amnésie traumatique ? Oui elle va bien. Un peu sonnée, mais ça va !
- Amnésie rétrograde, Mathilde. Amnésie rétrograde. Bien, pourriez-vous lui demander de passer dans mon cabinet en mi-journée s'il vous plaît ? J'ai une surprise pour elle.
- Aucun souci, Docteur. Ce sera fait.

   Dans le jardin du grand centre psychiatrique Dawson n'abritant pas moins d'un millier de patients, deux hommes assis sur un banc, l'un anxieux et l'autre d'un calme à toute épreuve.
   
     - Alors Docteur, elle se souvient de tout ce qui s'est passé ? Mais comment est-ce possible ?
    Le docteur Dawson sourît, puis répondit à l'homme sur un ton posé, une main sur son épaule :
      - On n'oublie jamais vraiment, Marc. On n'arrive juste pas à se rappeler. Levez-vous, que nous allions à mon cabinet. Elle doit être en train de nous attendre.
     - Pour être honnête, je suis assez craintif. Je ne sais pas vraiment à quelle réaction m'attendre venant d'elle, et ça, ça me déstabilise assez.
    - Dans le pire des cas, que risquez-vous en lui disant la vérité ?
    - Je vous entends, mais je ne vous comprends pas, Stanley.
    - Quelle est la pire réaction qu'elle puisse avoir à votre avis ?
   - Euh... Aucune idée... Je me dis qu'au pire,  je devrais m'attendre à des larmes et à quelques questions.
    - Alors, ce que vous voulez lui dire vaut-il que vous acceptiez ces larmes et ces quelques questions ?
    - Mais quelle question ! Elle mérite de savoir ce qui s'est passé, d'avoir tous les faits !
    - Alors allons-y, et rendez-lui ce qui lui est dû.
Conclût le vieux docteur en ouvrant la porte sur Amélia qui l'attendait assise dans le fauteuil face au sien, la tête baissée et les bras croisés.
    À la vue de Stanley qui entrait dans la pièce, elle se leva pour lui serrer la main à lui et à l'homme qui l'accompagnait. Les trois se rassirent dans une disposition quelque peu intrigante pour Amélia qui ne comprenait absolument pas ce qui se passait. L'homme qu'elle avait l'impression d'avoir déjà vu sans trop se rappeler d'où s'assit à la place réservée au docteur Dawson, tandis que lui s'était mis à l'écart à l'angle de la pièce, sur une chaise qu'il avait obtenue de l'infirmière en chef.

    - Bonjour Amélia.
    Lui réitéra l'homme en face d'elle.
    - Bonjour Monsieur. Suis-je sensée vous connaitre ? Car si tel est le cas, je suis désolée mais je ne sais pas qui vous êtes.
    D'une voix calme mais étrangement familière, l'homme la rassura d'un :
    - Ce qui importe là tout de suite, c'est que moi je sais qui tu es, ma belle. Je suis content de te revoir, tu n'as même pas idée à quel point.
    - Euh... Je vois ! Alors, pourquoi êtes-vous là ? Et pourquoi êtes-vous assis à la place du docteur Dawson ? Êtes-vous également médecin ?
   - Non, je ne suis pas médecin. Je suis de ta famille. Je suis le frère de ta mère, Marnie. Le frère de ta mère adoptive. Je suis Marc.
    - L'inconnu de la valse ! Je me disais bien que cette carrure m'était familière !
 
   À la grande surprise de Marc, ce fût la seule réaction de sa Marnie à cette révélation pourtant très significative.

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