Talk to me

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    Dans les rues de la métropole,  à l'endroit où se trouvaient l'an dernier les locaux de B-U-T, la maison de couture qui avait conquis tous les âges, de nouveaux locaux. Sur la façade de l'imposant building, de grandes  lettres noires. Ce sont les nouveaux locaux de Talk To Me. Aujourd'hui, la fondatrice de l'association va prendre la parole à l'occasion de la conférence de presse pour l'inauguration du building.
   Au rendez-vous médias, hommes , femmes et enfants, tous impatients de découvrir de quoi il s'agit. Puis soudain, quand tout le monde a rejoint son siège, le rideau se lève, les projecteurs s'allument et la femme prend le micro:

   « Bonsoir à tous, et merci d'avoir aussi massivement répondu présent à l'invitation qui vous a été lancée par Talk To Me à l'occasion de l'inauguration de nos nouveaux locaux qui, nous l'espérons, serviront à mener à bien l'action pour laquelle ils ont été aménagés.
    Vous vous demandez sûrement ce qu'est ce nouveau concept et êtes très certainement impatients de savoir ce que vous pourrez attendre de nous, alors je vais vous l'expliquer  mais pour ce faire, il va falloir que je commence par vous raconter ce qui s'est passé pour que nous en arrivions là. Alors écoutez bien, ceci est l'histoire de la mort d'une femme, et aussi celle de la résurrection d'une autre. »
   Dans la salle, des interjections presque inaudibles, des murmures, des sourires, des mains qui passent sur les bras dans le but d'essayer de dissiper la chair de poule provoquée par cette histoire horrible, et des mouchoirs que l'on se passe pour essuyer les larmes des plus sensibles. Quelques questions de temps à autres, et parfois des personnes qui se lèvent et s'en vont parce que ne pouvant pas tenir plus longtemps, et des mamans qui serrent fort leurs petits dans leurs bras, touchées par ce récit glaçant. Puis sur la fin, un lourd silence, puis des personnes qui se lèvent, et une pluie d'ovation pour saluer le courage de cette dame qui a l'air d'avoir réussi à se remettre de toutes ces choses et à se reconstruire une vie.
   Le calme revient soudain, les personnes de rassayent et la femme poursuit :
   
  « Par plusieurs fois, j'ai songé à en finir, à mettre fin à mes jours, parce que je ne savais pas où puiser la force d'avancer. Mais toutes ces fois, j'ai pensé à ceux qui m'aiment et j'ai parlé à ceux qui m'écoutaient, puis, rien que par leur impulsion, sans toutefois y croire vraiment, j'ai levé la tête et continué la bataille, parce que j'ai compris grâce à un homme extraordinaire, un homme à qui je dois tout que même si notre guérison dépend en partie de facteurs que nous ne pouvons pas maîtriser, choisir de ne pas baisser les bras et continuer d'avancer dépendra toujours de nous. Et peu importe le nombre de fois où l'on touche le fond, le plus important c'est le nombre de fois où nous trouvons la force de nous relever, car la bataille que nous menons contre nos faiblesses est semblable à un bras-de-fer. La victoire n'appartient pas forcément au plus fort comme certains le pensent, mais au plus tenace.
   Et sur ce chemin où les coups de nos ennemis ne seront jamais aussi douloureux que le silence de ceux que nous aimons, nous aurons toujours besoin qu'une voix nous crie que nous ne pouvons pas laisser tomber maintenant. C'est la raison pour laquelle cette association a vu le jour, pour que les personnes de tout âge victimes de drames ou autres traumatismes trouvent des spécialistes prêts à les écouter et à leur tenir la main pour leur accorder une chance de se relever et de multiples raisons d'avancer.
  La plupart d'entre vous ici ont eu à entendre parler de Amélia Frost, la propriétaire de B-U-T et épouse de Ronn Frost. Cependant, après tout ce qui a été dit ici, vous ne savez peut-être plus comment m'appeler, alors je vais me présenter à vous afin de dissiper la confusion.
   Nihassah Bellemare, veuve et fille de Frost, et mère trois enfants dont un décédé, Jacob, Rebecca et Yannis, respectivement âgés de Vingt, dix-huit et treize ans. Je suis la fondatrice de cette association créée pour vous  encourager à donner une seconde chance à la vie. Alors, l'essentiel ayant été dit, you can talk to me.

    Dans un cimetière pas très loin de là le lendemain matin, une mère meurtrie par le chagrin et des deux enfants se tiennent devant deux tombes, des lettres à la main. À leurs côtés Marc leur grand-oncle et le docteur Stanley Dawson,  psychologue et ami de la famille. Sur les encouragements de ce dernier, les enfants ont rédigé des lettres qui seront à présent lues et brûlées. La fille a une lettre pour son père et le garçon en fauteuil roulant en a une pour son petit frère, tous les deux décédés.

NihassahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant