7 - Regarde moi ! Ne vois-tu rien ?

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PDV Eren

Je déteste Jean pour ce qu'il a fait, à Armin autant qu'à moi. J'ai une irrépressible envie de lui défoncer la gueule, mais si je fais ça, je vais encore finir dans le magnifique bureau derrière la porte où se trouve écrit en gras et en police 4000 : CPE, et j'ai aucune envie d'y aller, surtout pas avec Jean, je serais incapable de m'excuser.

La semaine a été pire qu'horrible. Les insultes se sont vites arrêtées mais le pire, ce sont les demandes. Je n'aime pas briser le cœur des gens mais Jean m'y a forcé, et je déteste ça. De plus, je dois soutenir le regard d'Armin à chaque fois. C'est horrible, j'ai l'impression que ces hyènes n'ont aucun respect pour lui. Il reçoit des regards de travers même s'il ne les voit pas. La moitié du lycée pense que je sors avec lui. Pas que ça soit une désagréable pensée à mes yeux, mais il est encore chamboulé et je n'aimerais pas qu'il apprenne cette rumeur. Sinon il va me prendre pour un animal. Je dois laisser le temps faire. Il n'a pas tenu à aller chez le psychologue que lui avait conseillé Berthy, et il en parle comme si c'était un événement passé de longue date dont il n'avait que quelques vagues réminiscences. Ça doit sûrement être un mécanisme pour se protéger du choc.

En ce moment il est bizarre avec moi. Il n'arrête pas de détourner le regard et j'ai l'impression de le mettre mal à l'aise. Ai-je fait quelque chose de mal ou de travers ? Je ne pense pas mais, en même temps, j'ai l'impression que je fais toujours tout de travers quand j'écoute les autres. Je ne sais pas trop quoi faire, je suis perdu.

À chaque fois que je rentre chez moi c'est la même rengaine. Je pose mes affaires, prends un goûter et je m'enferme dans ma chambre pour écouter de la musique et danser comme un demeuré jusqu'à ce que ma mère me gueule qu'il faut venir manger, je quitte ma chambre en vitesse et ni une ni deux je suis déjà en train de manger, puis je remonte dans ma chambre et je m'étale sur mon lit en pensant à lui et parfois je fais un appel vidéo sur Skype avec mes amis et lui. Ça fait combien de temps que je suis comme ça, un, deux, trois, peut-être quatre ans, j'ai arrêté de compter, c'est devenu une habitude à force. Le pire c'est que je pensais que ça allait s'atténuer mais rien n'y fait, j'ai plus l'impression que c'est chaque jour plus fort.

Demain c'est vendredi et je suis content que le week-end soit là, plus qu'une semaine avant les vacances. Livaï s'en va avec la folle, gros sourcils, gros pif et Mobidick faire du camping, qui a décidé que le surnom de Moblit ça serait Mobidick, peut-être Hanji, elle a des idées farfelues. Elle m'a d'ailleurs proposé de venir mais j'ai poliment refusé. Mes parents et moi allons sûrement prendre des vacances au bord de l'eau comme d'habitude, j'aimerais y emmener Armin, mais je n'ai jamais osé lui proposer, peut-être que ça lui changerait les idées. Je demanderai à mes parents si c'est possible de l'emmener avec nous, je pense que oui, puisqu'ils veulent l'embarquer à chaque fois.

Je prends ma douche et me brosse les dents avant de me faufile dans mon lit. Je me demande à quoi il pense en ce moment. Sur cette pensée je rejoins le monde des songes où je suis sûr et certain de le rencontrer.

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Le réveil est difficile comme toujours mais je me motive. Je sors de mon lit et fais mon sac avant de m'habiller correctement et de descendre prendre mon petit-déjeuner. Je fourre ma collation et mon goûter dans mon sac et mange mon copieux festin. Je sors de chez moi et j'attends Armin devant chez lui, nous commençons à la même heure le vendredi donc on peut faire le chemin ensemble.

Il sort de chez lui avec un petit sachet et salut ses parents avant de sortir pour me rejoindre. Je lui dis bonjour comme d'habitude et nous entamons le chemin. Au début il est mal à l'aise, alors je ne dis rien et ne fais rien qui puisse aggraver la situation.

Entends-tu mon bonheur ? Moi, j'entends ton sourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant