Chapitre 1

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Réflexion, part 1.

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Une manière d'être fort, pour moi, c'est d'y mettre fin. De mettre fin à toutes les horreurs qu'on peut subir. Pour cela, il y a plusieurs façons, mais toutes se rassemblent en un verbe : fuir.

Certains penseront à s'éloigner le plus loin possible de leurs problèmes – « Si des personnes t'embêtent, évites-les ! » – facile à dire. Ils le pourront, avec une limite bien définie : les noms changent, pas les comportements.

Cette fuite ne sert pas à grand chose.

Elle remplace des circonstances par d'autres similaires, jumelles.


D'autres les fuiront en les réduisant à néant dans leur esprit. Ils se concentrent ardemment et décident un beau jour ; ciel gris, aucun soleil ; de tout arrêter. Ils effacent tous les mauvais souvenirs accumulés auparavant et les enferment à double tour dans un recoin reculé de leur conscience. Cela fait, ils jettent la clef dans l'inconscient. Il leur faut une sacrée concentration pour arriver à de tels prodiges ! Seulement cette situation doit être répétée, comme un tic, comme un rituel, à chaque fois que de nouvelles choses surviennent dans leur vie.

Il leur faut lutter en permanence, fuir et re-fuir, perdre la mémoire pour retrouver toutes les sensations de peur, d'effroi, d'horreur, de solitude que leur provoquaient les drames contenus dans leurs souvenirs pourtant effacés.

Cette fuite ne sert à rien.


Il y en a qui se battent pour arrêter leurs malheurs. Ils sont courageux mais stupides. Pour avoir essayer, ça ne rime à rien. Se rebeller pour avoir plus de liberté, de vie, de joie ne fait qu'appeler à une souffrance, une dureté, un sentiment de solitude plus grands.

Et ainsi, vous tombez dans un piège sans fin.

La rébellion, la révolution n'entrainent que le rétrécissement du collier qui serre notre cou rouge des marques d'une douceur épineuse et de notre propre liquide. Celui qui devrait nous maintenir en vie. Celui qui nous fait souffrir le plus.

Ce collier, ils le tiennent fermement pour nous montrer qu'ils ont le dessus, qu'on a aucun putain de moyen de s'en défaire – tant de leur présence, de leur ascendant sur nous, de son maintien, de sa prise, de leur prise sur nous – . Ils régissent notre vie. Et encore, leur comportement, mon quotidien, me font penser à d'autres mots pour désigner cet état dans lequel je suis, et que je partage avec nombre d'entre nous. Ce n'est pas une vie que je mène... non. Je survis. Je ne vis en aucun cas. Pas avec eux, pas avec tout ça.

Le collier ne se détachera pas. Rien à faire.

Cette fuite est vaine.

Ils se voilent la face et pensent réellement que leur pauvre corps pourra résister à cette oppression. Fuir la réalité de cette manière n'est pas une solution à long terme.

Il y en a aucune. À long terme.


Sauf si...

DormirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant