Chapitre 11

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Traitement, part 4.

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Le lac gelé, ma destination finale, se dresse devant moi. J'ai compris son message : est-ce que je souhaite vraiment la mort ? Si oui, l'eau peut être un vecteur qui me guidera jusqu'à elle, sinon, cet homme peut m'aider à changer le cours de ma vie. Mais comme il l'a dit, rien n'est certain. Cette seconde voie n'est pas sans faille, je peux aller mieux comme dépérir à petit feu.. et je pense de cette façon : si je reste en vie, je souhaiterais seulement plus ardemment de rencontrer son antonyme. J'ai choisi le premier choix également parce que je ne crois pas une seconde au deuxième du fait de son attitude, de ses mots.. impossible d'y croire.

Je marche en sa direction d'un pas constant et rationnel alors que seul le froid m'environne. Je mourrais là, seule, sans qu'aucun témoin ne puisse orienter les recherches de mon cadavre. Laissez-moi reposer en paix dans ce lac où je viens souvent pleurer toutes les larmes de mon corps, laissez-moi vivre dans cette partie utile de moi, laissez-moi le rejoindre pour ne plus le quitter.

Mes pieds se lient à l'eau, gorgeant de ce liquide froid mes chaussures, rejoints bientôt par le reste de mon corps lorsque je tombe dans un renfoncement du sol poreux du lac. Je nage alors un moment en surface le temps d'être sûre de ne plus avoir pieds puis me laisse couler. Lentement, sans m'opposer au mouvement naturel, sans me battre pour avoir à nouveau de l'air pur dans les poumons, je coule. Mes poumons fragiles se remplissent doucement d'eau, me brûlant au fil de son avancée, mes oreilles me renvoient la douleur à laquelle elles sont sujettes mais pourtant, je me sens bien. Je me sens bien, je ne souffre pas.. À nouveau, je vais bien.

J'ouvre une dernière fois les yeux, les imbibant d'eau douce, pour contempler le fond lacustre puis les relève dans le but d'admirer le jeu des rayons de soleil filtrant à travers l'eau claire. Cependant, cette vision ne me parvînt pas. Je m'endors en appréhendant la suite..


Je ne suis pas seule au fond de ce lac.

Et il n'est pas si paisible qu'il en avait l'air...


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Encore une fois, j'ai lamentablement raté. Au lieu d'échouer mon corps sur cette étendue attrayante, j'ai échoué à accomplir mon désir.. J'ai côtoyé un instant, plus long, la mort seulement une autre circonstance m'a ramenée à cette vie pourrie de l'intérieur, telle une pomme accueillant un ver en son sein contre sa volonté. Je ne l'ai pas demandée cette vie, ces conditions m'ont été imposées.. Je demande à voir cet être qui m'a privée de mon désir le plus cher ! Que je lui fasse comprendre l'erreur qu'il a commis !

Encore une fois je me réveille dans une chambre blanche, immaculée, sentant les odeurs significatives des hôpitaux. Ce qui différencie cette situation de mon premier réveil contraint est l'absence de mon père dans la pièce. Il doit avoir réprimé son envie de venir.. Pour ma part, j'ai toujours les bras troués et parsemés de tubes, la bouche obstruée par le plus gros d'entre eux. Je n'ai pas mal au ventre mais plutôt à la poitrine qui semble me donner que peu d'oxygène. Je me rends alors compte de mon état : je respire artificiellement par l'intermédiaire d'autres tuyaux qui viennent procurer le nécessaire à mes voies nasales. Je lève la main gauche doucement, étant empêchée par les fils qui parcourent mon bras, et ôte ses « aides » pour suffoquer une seconde fois, comme dans l'eau gelée du lac..

La machine sonne immédiatement l'alerte et un petit groupe d'infirmières rentrent pour me remettre dans cet état pitoyable qu'est la vie. Une me parle chaleureusement :

« Cela doit être désagréable, mais laissez-les vous aider mademoiselle. Vous irez mieux bientôt. »

Les retirer m'amènerait à cette finalité plus rapidement, mais vu qu'elles me surveillent, je vais rester sage jusqu'à leur départ. Une seconde infirmière plus sèche dans sa façon de s'exprimer m'indique que la personne m'ayant « sauvée de la mort » arrivera sous peu pour rester à mes côtés le temps que l'hôpital prévienne ma famille. Dois-je sauter de joie comme elles l'attendent ou dois-je juste pleurer sur mon sort et maudire mon « sauveur » ? Je ne sais pas. Je n'ai rien envie de faire. Rien à part dormir. Dormir indéfiniment ou le temps que les choses défilent et que ceux qui me veulent du mal atteignent mon but. Dormir. Dormir pour rêver de ne pouvoir être capable de me réveiller, rêver que mon rêve se réalise, dormir, vivre ce repos éternel.

Je crains de plus en plus de ne pas en être capable, je crains de devoir continuer ce jeu auquel je suis contrainte et qui me déplait, je crains de ne jamais le finir..

La porte s'ouvre sur un homme, chemise blanche, pantalon noir, cheveux redressés et laqués en arrière pour dévoiler un grand front, un homme dont je ne sais rien mais qui croit me connaître très bien.. Il n'a pas tort sur certains points.. Cet homme qui m'a pourtant offert cette voie.... Avant de lâchement me la reprendre.

« Alors, comment allez-vous ? »

Je ne réponds mot, me contentant de le dévisager expressivement.

« J'ai pris la peine d'avancer notre rendez-vous. Commençons. »




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Que ceux qui aiment le psy se manifestent !! 

Que ceux qui ont des théories, le fasssent ici ! -->


Que ceux qui aiment votent !! XD En vrai, juste, merci de lire ;).



Dans quatre jours la deuxième consultation et peut-être des réponses à vos questionnements..💜😘

DormirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant