Chapitre 13

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Traitement, part 6.

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Il loge dans son reposoir d'une seconde le couteau à la lame aiguisée puis le retire, l'y insère à nouveau et joue de cette façon jusqu'à en avoir marre, sûrement. Une substance coule autour de la lame au bout de quelques itérations, venant assurément tâcher d'un beau rouge métallique ses vêtements et sa peau. Au fur et à mesure de cette répétition, je ressens une horrible douleur dans ma poitrine, comme si mon coeur — cet organe physique — se vidait de sa force. Ennuyé soudain par son geste, il laisse son arme reposer dans la fente plus ouverte encore et sort de la pièce en la refermant à clef.

C'est un homme. Définitivement.

Je succombe.. Ça y est. Même si ce n'est pas de ma volonté, je vais atteindre ce bel horizon.


J'appréhende...


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Bi~~~~~p.

Une secousse me projette quelques centimètres en l'air.

Bi~~~~~~~~~~~~~~p.

Une deuxième vient me projeter plus haut encore, faisant cambrer mon corps.

Bip~Bip~Bip...

La machine reprend ses bruits incessants analysant mon rythme cardiaque revenant lui à son état normal. J'entends quelques infirmières se réjouir de ces bruits. Pourtant ils ne font que me casser les oreilles.. Et quelle joie aurait été leur arrêt !

J'ouvre les yeux difficilement et vois une petite troupe de médecins regroupée autour de moi. Derrière, caché par l'un des jeunes médecins, j'aperçois le psychiatre.. Ce fou.. N'empêche qu'il a dû attendre longtemps.. Et pour rien.

L'attention des êtres en blouse blanche est captée par le discours de l'un d'entre eux, les détournant de leur préoccupation première : moi. Et ma survie.

« Heureusement que vous étiez là. Une minute de plus et elle serait morte.. » le médecin fait mine d'essuyer une larme. Quel mauvais acteur. Même moi je joue mieux la comédie en prétendant aller bien, en prétendant vivre..

« C'était mon devoir. » répond le psy. « Et puis, elle était sous ma responsabilité.. Vous avez pu contacter son père ?

- Malheureusement non. On essaie depuis qu'elle nous est arrivée, soit trois jours, mais aucune réponse..

- Je pourrais vous passer son adresse, je dois l'avoir dans mes papiers..

- Ce serait très aimable de votre part. » continue le plus vieux des blanc-bec.

« Mais ce ne sera pas utile. »

Oui, je viens de prendre la parole. Ne soyez pas tous choqués, oui vous qui me toisez avec des yeux de merlans frits. S'ils ne voulaient pas que j'entende, ils n'avaient qu'à aller blablater plus loin. J'en ai marre de leur « merci de l'avoir sauvée » ou encore « elle vous est redevable à vie ! ». Je ne pense pas du tout ainsi. Je ne lui dois rien. J'ai envie de le tuer, voyez-vous, mais ce ne serait que l'aider à atteindre ce si attrayant but. Alors j'encaisse, comme à chaque fois. J'encaisse.. Mais laissez-moi en paix putain !

DormirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant