Chapitre I

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J'ouvre les yeux difficilement, comme après une cuite phénoménale. Putain... Mon épaule me lance et je sens que j'ai besoin d'une bonne douche. Je sors finalement de ma torpeur avant de réaliser que je suis dans cette bonne vieille cellule du département du shérif de King County. Au début, j'opte pour me rendormir et attendre patiemment qu'un de mes hommes paie ma caution quand je me souviens de ce qui s'est passé. J'ai été jetée dans ce trou par ces deux cons de Basset et Don avant que ça n'arrive. Vu que Grimes, le shérif, n'est jamais revenu pour me faire sortir, je suis jamais ressortie. Mais putain, pourquoi est-ce qu'ils m'ont laissé là ? Et depuis combien de temps?

Si je me souviens bien... Le commissariat s'est fait attaquer ? Par qui? Les italiens? J'ai entendu des bruits bizarres dans la cellule d'à côté. Le mec de l'autre cellule a ensuite littéralement sauté au cou de Don qui conduisait le vieux Taylor en salle d'interrogatoire. Le flic est tombé raide mort, d'hémorragie ou un truc du genre. Et puis l'autre pouffiasse de Patty Taylor s'est mise à attaquer Léon. Je la voyais de dos, dans sa blouse d'infirmière turquoise pleine de sang, s'attaquer au flic comme une putain de folle possédée, sous les yeux affolés de son père.

Walsh est ensuite intervenu pour lui décoller une balle dans le buffet et elle s'est aussitôt rétamée sur le sol. Je me souviens m'être marrée sous le regard méprisant du vieux, leur demandant quelle était la came que prenait la blonde... Si j'avais su que ça ne faisait que commencer... L'adjoint au shérif est ensuite parti à l'hôpital rendre visite à Grimes si j'ai bien compris. Il a ordonné à son subalterne, Basset, de me surveiller ainsi que les deux autres détenus. Moins de cinq minutes plus tard, j'assistais à leurs morts.

Putain... Don s'est... Putain ! Il plantait ses dents dans la chair de son ancien partenaire, avant de la lui déchiqueter. Il plongeait ensuite ses mains dans les entrailles de Basset et avalait ses organes en faisant des bruits de mastications. C'était quoi ce délire, sérieusement? J'ai des haut-le-cœur en y repensant... C'est comme ça, que ça a commencé... Je le regardais et voyais son regard vide, froid, et ses yeux vitreux comme recouvert d'un liquide blanchâtre. J'ai d'abord cru délirer. J'ai paniqué, gueulé, puis essayé de sortir de ma cellule mais le seul résultat fut qu'il s'est mit à avancer vers moi. Je reculai alors qu'il passait ses bras à travers les barreaux de ma cellule. Je m'apprêtais à lui mettre un coup de pied, pour au moins l'assommer lorsqu'une de ces choses sortie de nulle part, m'attrape la jambe. J'ai perdu l'équilibre, me suis cognée contre le mur et pouf ! Trou noir.

Et me voilà qui reprend conscience dans ma cellule grisâtre et peu éclairée. Impossible de me situer approximativement dans la journée. Je lève la tête à la recherche d'une issue, cette fois en faisant le moins de bruit possible. Droit devant moi, l'un des anciens flics de garde dévore l'autre, accompagné de quelques civils. Des civils? Des Humains? Des morts? Putain mais qu'est-ce que c'est? Les gens ne bouffent pas d'autres gens, les morts ne se lèvent pas et les humains ne se décomposent pas sur place! Je nage en plein délire, c'est pas possible. On m'a droguée? Je vérifie toute trace de piqûres sur moi et essaie de sentir les effets de toute substance, sachant pertinemment que ce n'est pas une hallucination. Ce à quoi j'assiste est bien réel, palpable : le monde s'écroule devant moi et je ne peux faire. En plus, j'ai vraiment la dalle.

Réfléchis, Nayah, réfléchis... Le seul moyen que j'ai de m'échapper est de me procurer ces foutues clés pour ouvrir la cellule. Petit problème : Don, qui les détient, s'est reconverti en revenant cannibale. Tandis que je me triture les méninges à la recherche d'une idée pour m'échapper de ma cage, le flic lève la tête vers moi. Tétanisée par la vue de son regard vitreux, sa langue pendante et sa chair en putréfaction, je réprime un couinement avant de reculer lentement. Apparemment déterminée à faire connaissance avec moi, la créature se met debout.

Merde, ça sent pas bon... J'ignore franchement comment, mais il avance vers moi, tendant ses bras déboîtés et poussant des bruits bizarres. Une fois devant les barreaux qui me séparent de lui, il passe les membres à travers eux pour m'atteindre. Après quelques secondes à le fixer dans les yeux, pétrifiée, l'une des pires idées de ma vie me frappe : si je peux récupérer l'arme du flic, je pourrais le buter et prendre ses clés pour enfin me casser d'ici. Mais ça ne va pas être facile tant que môsieur continuera d'agiter ses bras. J'ai besoin d'une arme... tranchante ? À défaut d'avoir encore mon couteau papillon, la seule chose qui peut légèrement blesser quelqu'un et que j'ai sur moi, c'est des talons. Quel cliché de merde! La femme qui se défend avec sa paire d'escarpins tout en évitant de se salir avec le sang... C'est vraiment pas mon style.

Pourquoi est-ce que je porte ces talons aujourd'hui d'ailleurs ? M'enfin, c'est une bonne chose, qui aurait cru qu'ils me sauveraient la vie ? Trêve de bavardage, je me déchausse alors, puis me concentre quelques secondes pour prendre mon élan. Chaussure en main, j'enfonce le talon métallisé dans la poitrine de l'ex-flic. C'est une blague ? Il ne sourcille même pas! Le sang coule, le talon est enfoncé presque dans sa totalité, mais ce fils de pute continue de bouger! Putain mec, tu comptes vraiment pas canner là? À ce moment, je repense à Patty. Shane a essayé de lui tirer dans la poitrine mais seule la tête a fonctionné... Alors que j'ai baissé ma garde un instant, il attrape mon bras et tente de le bouffer. Je lui assène un coup de poing dans le crâne qui le fait se cogner légèrement contre l'un des barreaux de la cellule avant de recommencer de plus belle à m'attaquer. Me débattant de toutes mes forces, j'attrape ma deuxième chaussure pour finalement lui planter directement dans le crâne. L'instant suivant, il tombe à la renverse et s'étale sur le sol. Tss ! J'ai bien cru qu'il me boufferait le bras. Putain... il allait vraiment me le bouffer... c'était pas une blague !

Évidemment,une merde n'arrive jamais seule : tout ce remue-ménage a attiré ses amis les morts-vivants qui se dirigent maintenant vers moi. Je saisis l'arme du flic avec grande précaution, au cas-où il déciderait que c'est vraiment pas son jour pour mourir et reviendrait à la vie. On sait jamais. Fort heureusement, le colt S&W de l'agent de police a encore quelques munitions. Je prends ensuite les clés de la cellule qui sont accrochées à la ceinture de l'homme. Par sécurité, je choisis de tirer directement dans le crâne : une méthode qui vient de faire ses preuves. Une idée me traverse alors l'esprit. Si ces choses sont bien comme dans... Non, c'est ridicule de dire ça. C'est sûrement des malades échappés d'une secte ou d'un asile, c'est forcément ça. Après être sortie de ma cellule, sans prêter attention aux deux morts à terre, je récupère rapidement mes affaires entreposées sous le bureau du shérif, dans la pièce adjacente, avant de me diriger vers la sortie principale.

Sauf qu'une dizaine de ces créatures est postée devant le commissariat, errant sans but. Bon, j'ai beau avoir une bonne paire de... Hum, être courageuse, je vais pas me jeter dans une foule de ces choses. Je fais demi-tour et longe les murs du couloir jusqu'à arriver aux toilettes dans lesquelles une petite fenêtre à peine suffisante pour s'y glisser m'attend patiemment. J'essaie de l'ouvrir mais elle ne daigne pas bouger d'un millimètre. Je déchire mon débardeur et l'enroule autour de mon poing avant de fracasser la vitre et me faufiler à l'extérieur.

The Walking Dead : Morsure [CORRECTION DE BUG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant