The Walking Dead : Morsure [CORRECTION DE BUG]

Chapitre III

S'il y avait bien une poignée de personnes que j'aurais pris le temps d'aider aujourd'hui, ces deux-là en faisaient bien partie.

«Montez. »

Son regard s'illumine d'une lueur d'espoir et ils grimpent dans mon véhicule. Une fois installés, je démarre en vitesse en direction de la nationale. Je sais pas où est-ce que je vais, ni ce que je fais. Je suis pas préparée à ce genre de situations, je suis préparée à une cavale improvisée, une visite surprise chez un associé endetté, mais pas à des monstres errant dans ma ville! Lori, l'épouse de Rick, est la première personne vivante que je rencontre depuis mon réveil, alors elle a intérêt à me fournir des explications.

«Qu'est-ce qui se passe ici, bordel! Putain de sa mère, ils ont essayé de bouffer ton gosse, Carl putain ! Il est même pas un peu appétissant, même pour un cannibale! Oh j'me sens mal... Carl, ça va? lui demande-je sans baisser le ton colérique de ma voix. »

Un soudain mal de tête me prit. C'est vraiment le moment rêvé d'attraper une migraine à cause du stress... Je pose ma tête sur le volant, une seconde, tout en la tenant avec mes deux mains pour essayer de me calmer. Alors que Lori tend sa main vers moi comme pour m'aider, je lui adresse un regard en coin, la décourageant. La brune est mince, plutôt grande et élancée. Son visage est fin et ses yeux de la même couleur que ses cheveux me font penser à ceux d'une biche apeurée. Cette femme ressemble à n'importe quelle américaine banale, celle qu'on croise au marchand de journaux ou au supermarché. J'ai jamais compris ce que Rick lui trouve... C'est comme avoir mon parfait contraire assis juste à côté de moi. L'opportuniste que je suis me dit aussitôt qu'elle ne me serait pas d'une grande aide dans ce merdier, mais ma conscience intervient pour me rappeler qu'elle n'est autre que la femme de mon meilleur ami, mère de Carl, un gosse dont j'avais essuyé la merde du cul tellement de fois que je ne pouvais pas le laisser crever au bord d'une route.

«Merci beaucoup Nayah, vous avez sauvé la vie de Carl et la mienne, lance-t-elle après un moment d'hésitation.

- T'étais avec Carl... lui réponds-je en allumant une cigarette bien méritée.

- Vois aviez toujours contact avec Rick ? me demande-t-elle en bouclant sa ceinture, masquant avec difficulté l'inconfort provoqué par la fumée.

- Disons qu'on peut plus vraiment se côtoyer en public, on est pas dans le même camp tous les deux.

- Oh je vois... Je dois dire que ça fait un moment que je ne vous avais pas vue, plaisante-t-elle, Rick me parlait toujours de vous malgré tout.

Ça t'arrangeait bien de plus me voir.

- Ah ouais ? Mais attends une minute, pourquoi est-ce que tu parles de ton mari au passé ? Me dit pas qu'il a claqué ? »

L'épouse de Rick tique au terme « claqué » avant de baisser la tête. Elle met à pleurer silencieusement. Ce geste me suffit comme réponse et je reste silencieuse, les yeux rivés sur la route. Je déteste les gens qui pleurent aussi ouvertement, ils ne voient pas que ça met les autres mal à l'aise?

Sérieusement... Le shérif est mort... Merde, Rick est mort ! Je veux dire, quoiqu'on puisse croire à première vue, j'aime vraiment ce putain de Grimes. Je jette un coup d'oeil à Carl et constate qu'il tremble encore. La vue de son visage tâché de sang noir et trempé de larme me provoque un affreux frisson.

J'ai connu Rick avant Shane, au lycée. Il était en dernière année quand je venais de faire mon entrée à l'école après un vide scolaire de plus de quatre ans. Rick et moi, on a un peu sympathisé et j'ai fini par beaucoup traîner avec lui et à fortiori avec Shane. On s'est un peu perdu de vue quand il a rencontré Lori, même si je voyais toujours Shane. J'espère qu'il n'est pas mort lui aussi... Lori relève ensuite la tête, arborant le faux sourire qu'elle a sûrement servi toute sa vie lors de ses réunions de parents modèle. Elle passe nerveusement sa main sur son front afin de replacer les quelques mèches de ses cheveux bruns qui ont été épargnées de sa queue de cheval. Sa peau claire et légèrement rosée est recouverte d'éclaboussures de sang, laissant imaginer qu'elle a dû abattre quelques-uns de ces mangeurs de chair avant que je ne la rencontre.