The Walking Dead : Morsure [CORRECTION DE BUG]

Chapitre VIII

Après avoir vérifié la plupart des pièges du périmètre, on décide de faire une ronde pour couvrir plus de terrain, histoire d'inspecter l'état de la ville. Shado en profite pour pisser sur tous les poteaux qu'il rencontre tandis que Killer ramasse des machins et des trucs plus inutiles les uns que les autres. Je me baisse pour ramasser un sac à main renversé par terre lorsque l'animal se met à renifler le sol, titillé par quelque chose.

«T'as sentis quelque chose mon grand ? le questionne Killer sur ses talons. Allez, va chercher !

- Il t'écoutera pas, intervins-je alors que j'inspecte le sac à main, il écoute que moi tu l'sais. Oh ! Du maquillage... Comme ça me manque. »

Le loup m'adresse un regard interrogatif tout en semblant me montrer du museau une certaine direction. Tout en le regardant, je tends ma main gauche, la paume tournée vers le haut et passe vivement ma main droite sur celle-ci. Shado comprends directement le signe et se remet à renifler le sol de plus belle. Je viens de lui donner l'ordre de suivre la piste qu'il a trouvé, grâce à l'un des signes que je lui ai enseigné quand il était plus jeune. On fait une belle paire tout les deux, hein ? Je range le rouge à lèvres dans ma poche et laisse tomber le sac à main sur le trottoir.

Prudemment, je commence à tresser ma chevelure pour ensuite l'enrouler en un chignon bien épais. Petit à petit, Shado nous fait traverser de petites rues, passer entre des immeubles abandonnés pour finalement déboucher sur Inkston Avenue. Sur le chemin, on rencontre en tout une petite dizaine de marcheurs dont Killer et moi nous sommes occupés sans peine alors que Shado se contentait de les éviter, obnubilé par sa piste. Mon prédateur préféré nous emmène alors sur le trottoir d'un supermarché, peut-être qu'il a senti des survivants avec des choses intéressantes? On a bien besoin de médocs... Alors qu'il est à quelques mètres de nous, il monte sur le cadavre d'un pick-up, pour finalement faire face une supérette et se mettre à aboyer puis grogner progressivement.

En une fraction de seconde, cette petite promenade banale a réalisé l'une de mes plus grandes peurs. Le sol se dérobe sous mes pieds lorsque j'entends un bruit de frottement de l'air si caractériel que je le reconnais immédiatement. À cet instant, une odeur de sang envahi instantanément mes narines pour remplir mes poumons comme un gaz toxique. Cet instant n'est en réalité qu'une fraction de seconde qui me permet de réaliser, mais pas d'agir. Ma mâchoire se crispe jusqu'à grincer et avant que je ne réagisse, j'entends mon loup pousser un faible gemissement. Vacillant, il essaie d'avancer juste avant de tomber du pick-up et d'atterrir sur le macadam, qui se vit recouvrir d'une tâche sang.

- Merde qui est-ce qui lui a tiré dessus ? Merde !

- Vas-y, j'te couvre ! hurle Killer en se mettant à couvert derrière la carcasse d'une camionnette »

Sans réfléchir, je me précipite vers Shado et m'agenouille au sol, percutant le bitume de plein fouet. À terre, j'essaie de relever Shado qui présente une blessure à la cuisse. Ce bruit que j'ai cru entendre. Non, que j'ai entendu, ça ressemblait au bruit presque inaudible que fait un sniper silencieux, rien qu'un frottement de l'air vif avant de piquer sa cible. Qui a tiré? Oh, je vais bientôt le savoir. Ce chasseur ou je-sais-pas-qui allait faire connaissance avec le canon de mon Double Eagle. Non, je serais plus inventive, je vais le faire souffrir et c'est Shado qui le bouffera. Parce que Shado s'en sortira, il s'en sort toujours. Un chasseur ne peut pas l'abattre, surtout pas devant mon nez. Je suis sûre que c'est de ça qu'il s'agit, un chasseur avec un fusil de précision, sûrement un SVD à en croire la faible détonation.

« Où est-ce qu'il est touché ?

- Je... balbutie-je sans quitter la bête du regard.

Je constate avec surprise que ce n'est pas une balle qui l'a touché. J'ai pensé directement au sniper, sans même imaginer qu'il puisse s'agir d'un carreau en métal. Planté dans sa cuisse, un peu plus bas que la queue. C'est sûrement moins grave que ce que je pense alors. Un archer en plus de ça ? Oh non. Non. Shado pose sur moi un regard empli de douleur et essaie vainement de se relever alors que je retiens mes larmes. Je n'arrive pas à le voir comme ça. Shayah! réitère Killer

- Cuisse gauche, lui crie-je, c'est une flèche !

- Une flèche ? Putain... O.K., ça veut dire que le tireur est par... là. »

Il désigne le building à une centaine de mètre de nous. Je tourne légèrement la tête dans sa direction, regardant par dessus mon épaule pour voir que deux silhouettes s'approchent lentement de notre position. Je me lève aussitôt, placée devant Shado qui essaie de se relever et grogne en direction des deux ennemis, oreilles baissées, dans une attitude menaçante. Par réflexe, je sors mes armes pour parer à toutes éventualités. Ils ne marchent pas comme des junkies, ils marchent normalement. Des humains. C'est donc les tireurs. Les deux silhouettes semblent être celles de deux hommes, l'un plutôt trapu et le deuxième plutôt maigre. Tous deux ont une arme appuyée sur leurs épaules. Je vois que l'un d'eux a une arbalète et je braque mon arme, prête à faire feu. Je ne distingue pas leurs visages qui sont encore trop éloignés de moi, cachés dans l'ombre du building. Lorsqu'ils sortent de la zone d'ombre, la lumière du soleil les inonde brusquement.

«C'est suffisamment près, ordonne Killer avant de rajouter: enfoirés. »

À la seconde même où il baisse la main dont il se cachait de la lumière, je vois son visage. Je reconnais le vieil homme trapu, dont l'épaisse barbe plus sel que poivre ruisselle de sueur. Déconcertée, je baisse mon arme.

« Nayah? s'exclame le vieil homme, interloqué. »