Encore une journée et Octobre afficherait le premier de ses jours. Une date trop difficile à accepter pour Yvan. Tous ces mois à l'attendre en vain. Aujourd'hui, c'était décidé, qu'elle le veuille ou non, il ferait une dernière tentative. Il avait espéré qu'en la laissant agir à son rythme, sans la brusquer, en lui donnant le choix du lieu et du moment, elle se serait enfin décidée. Mais rien n'y avait fait alors...
Quelle bonne surprise ! pensa Perrine en l'apercevant à seulement quelques mètres de chez elle ce matin-là. Jamais il n'avait osé venir la chercher, craignant de rencontrer son père, qu'il savait intransigeant sur l'éducation de sa fille. Il s'était même quelques fois demandé s'il n'était pas responsable du blocage psychologique de celle-ci. Enfin, elle était là, devant lui, son sourire semblait lui dire « Je suis heureuse que tu sois là, je suis heureuse que tu penses à moi. » Qu'allait-elle dire, en réalité ? Ca n'avait plus d'importance.
Elle allait parler quand il lui barra la bouche de son index pour lui imposer le silence. Elle parut étonnée, mais la surprise étant peut-être son seul salut, c'est sur celle-ci qu'il comptait. Il ne lui laissa donc pas le temps de comprendre ce qui se passait et posa un baisé sur ses lèvres. Etonnée, elle eut un mouvement de recul. Ils se regardèrent un instant, intensément, sans rien dire. Yvan se rapprocha doucement, elle ne le repoussa pas. Il avait tout imaginé, même les scénarios les plus rocambolesques, mais rien ne lui sembla plus parfait, plus goûteux que ce baiser.
Elle avait encore les yeux fermés quand il rouvrit les siens. Il sourit, satisfait et heureux.
- Tu peux ouvrir les yeux Perrine.
- Je suis en train de rêver, c'est ça ? répondit-elle.
La réaction de Perrine l'amusa. Encore une surprise à laquelle il ne s'attendait pas.
- Tu veux que je recommence pour te prouver le contraire ?
- Je crois bien que oui...Elle dit cela en ouvrant doucement les yeux.
Troublé par l'intensité de son regard, Yvan commença par bredouiller.
- Tu... tu ne rêves plus il me semble.
- Et toi, tu n'as plus envie de m'embrasser ?
Au comble de l'émotion, Yvan ne répondit rien et leurs lèvres s'enlacèrent encore et encore. Il fit glisser ses mains le long du corps de Perrine jusqu'à ses hanches, puis alla chercher ses mains et inséra ses doigts entre les siens. Il les serra si fort que Perrine laissa échapper un petit gémissement de douleur. Leur baiser prit fin aussitôt.
- Excuse-moi pour...tes mains...dit-il penaud.
Ce baiser avait été bien plus passionné que le premier, mais l'ardeur qu'Yvan avait mise dans ce geste maladroit, révélait le besoin qu'il avait de la prendre dans ses bras, et de la serrer contre lui. Perrine l'avait ressenti.
Mal à l'aise, elle répondit simplement par un « ça va ».
- On va être en retard, dit-il en glissant sa main dans la sienne, doucement cette fois.
Ils reprirent ainsi le chemin de l'école, curieusement distant, presque gênés.
Peut-être avaient-ils trop attendu finalement, se dit Perrine. Leur amitié profonde et sincère pouvait ne pas survivre à ce flirt. Tout semblait tellement différent à présent.
Ils firent le chemin silencieusement main dans la main. En arrivant devant le Lycée, Perrine se sentit fière et remarqua, un peu amusée, les expressions médusées, satisfaites ou soulagées de leur entourage.
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Un amour à abattre
RomanceEn 1986, Perrine est une jeune adolescente réservée. Elle partage sa vie entre ses trois fidèles amies, Marie-Ange, Térésa, Magali et sa famille dans la banlieue sud de Paris. Une belle complicité règne avec sa mère et bien que les fins de mois soie...