La pluie, toujours. Puis le froid, la neige qui disparaissait au contact du sol encore tiède. L'eau, toujours, dans les yeux de Perrine. « Tout était de sa faute, de toute manière et puis, il lui avait promis qu'il ne verrait plus Sarah. Que cette fille ne comptait pas pour lui, mais qu'il espérait d'elle un petit effort. Bien sûr qu'elle allait essayer, elle le lui avait dit. Mais qu'en était-il vraiment de ses capacités ? »
Décembre....c'était aussi l'anniversaire d'Yvan. Une grande fête était prévue, avec de la musique, des jeux de lumière et de la place pour danser. Tout le monde était très excité à cette idée. Perrine ne savait trop si elle devait s'en réjouir ou la craindre. Elle n'avait pas revu Yvan depuis leur discussion, mais d'après Patrice, il était bien décidé à la garder pour petite amie et avait promis d'être patient. « Mais qu'attendait-il d'elle, au juste ? Si elle ne se montrait pas à la hauteur de ses espérances, elle le perdrait pour de bon ! »
Elle allait s'y rendre quand Marie-Ange apparut derrière la porte. Il n'était pas prévu qu'elle passât la chercher. Pourquoi était-elle là ?
- J'ai bien fait de venir, lança-t-elle avant même de saluer Perrine. Tu as une tête épouvantable !
Mentir pour éviter à l'autre de souffrir n'est pas vraiment une faute, se dit Marie-Ange, quand son amie lui demanda si c'était Yvan qui l'envoyait. Perrine n'aurait pas vraiment apprécié qu'il lui forçât la main par un intermédiaire. Mais s'il s'était déplacé en personne, elle l'aurait suivi sans hésiter.
- Non, Yvan ne m'a rien demandé du tout, dit Marie-Ange. Il ne doute pas une seconde que tu viennes, il n'attend que toi d'ailleurs. Mais moi, je ne te laisserai pas y aller dans cette tenue !
Evidemment, l'humeur morose de Perrine ne l'avait pas encouragée à faire l'effort de se mettre en valeur. La tornade de joie de vivre « Marie-Ange, » l'emporta alors avec elle dans son tourbillon. Penderie et étagères ne résistèrent pas longtemps à la déferlante de ses mains expertes. En un rien de temps, Perrine était métamorphosée en déesse. Jean moulant, large ceinture de cuir noir, décolleté mais sans excès et la cerise sur le gâteau, des bottes hautes et plates, par-dessus le pantalon.
- Voilà qui est mieux, tu ne crois pas ? lui demanda Marie-Ange, satisfaite.
- Tu as raison Marie, c'est beaucoup mieux comme ça.
Se sentant soudain des ailes, c'est confiante que Perrine, accompagnée de sa meilleure amie, entra chez Yvan. Lui, ne dissimula pas son soulagement et encore moins son admiration.
- Je suis content que tu sois venue, tu es superbe, lui dit-il en prenant tendrement ses mains.
Rougissante, Perrine baissa les yeux. Il en profita pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Etait-ce sa pudeur, ou sa timidité qui la rendait si attirante ? Toujours était-il qu'il était conquis. S'il n'avait pas craint de l'effaroucher, il l'aurait prise dans ses bras et l'aurait remerciée d'être ce qu'elle était. Il croyait leur amour perdu ou presque, mais se rendait compte que ce n'était évidemment pas le cas. Elle le faisait encore vibrer à chacun de ses gestes, comme chacun de ses regards, le bouleversait. Perrine, encore sous le charme ne le quittait plus des yeux. Elle y voyait encore le feu, une lueur d'espoir refit surface aussitôt.
Marie-Ange se frottait déjà les mains en croyant la partie gagnée quand, ravageuse, dans sa robe moulante rouge, Sarah, qu'Yvan n'avait pourtant pas invitée, franchit la porte. « Mais que faisait-elle ici ? ». L'arrivée de la rivale n'allait pas arranger ses affaires, elle craignait le scandale.
En effet, Sarah, tout à fait consciente de l'effet qu'elle produisait sur l'assemblée, se dirigea tout droit vers Yvan. Ses yeux gris acier cernés de noir toisèrent Perrine au passage. Celle-ci, avant de s'interroger sur la raison de sa présence, se demanda ce qu'elle allait encore trouver pour l'humilier, ce regard n'ayant rien de rassurant. Elle s'attendait à tout, sauf peut-être à ce qui allait suivre.
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Un amour à abattre
RomanceEn 1986, Perrine est une jeune adolescente réservée. Elle partage sa vie entre ses trois fidèles amies, Marie-Ange, Térésa, Magali et sa famille dans la banlieue sud de Paris. Une belle complicité règne avec sa mère et bien que les fins de mois soie...