Chapitre 3:

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Affalée sur sa table depuis maintenant le début du cours, Perrie, devant moi, semblait avoir perdu tout intérêt pour la classe et observait désormais par la fenêtre les branches de l'arbre se tortiller sous l'effet du vent. Léo à mes côtés s'amusait à lancer de fines boulettes de papier dans les cheveux relevés en tresse de notre voisine blonde sous les encouragements de Zayn. Celle-ci ne réagissait pas, bien consciente que cela ne servirait qu'à raviver l'entrain des deux autres qui n'attendaient qu'une réaction de sa part. Jetant un coup d'œil aux autres élèves présents je remarquais que chacun écoutaient avec attention les dires du professeur face à nous, un homme plutôt intimidant qui semblait extrêmement à cheval sur le règlement. Celui-ci était excessivement grand et devait sans le moindre doute régulièrement se baisser pour passer les portes. Ses cheveux courts laissaient uniquement place à la naissance de fines boucles rousses, et se poursuivaient sur son visage sous la forme d'une barbe à la même couleur orangée qui nécessitait un certain taillage.

Il tournait en rond devant le grand tableau à craie vert foncé, tableaux qui n'existaient encore sûrement que dans ce petit lycée de bourgade perdu et en retard sur son temps. Ses mains se mouvaient en de grands gestes comme pour appuyer ses paroles tandis qu'il fixait un à un les élèves de la classe d'un regard intimidant s'assurant que leur attention lui était bien acquise. Il déversait un tas de consignes auxquelles je n'arrivais définitivement pas à prêter attention, sûrement dû à mon manque de concentration évident, avant de finalement s'asseoir d'un geste élégant sur son bureau faisant désormais face à l'ensemble de la classe.

Son regard accusateur fit le tour de la classe et se posa plus noir que jamais sur la pauvre Perrie qui se sentit instantanément obligée de se redresser sur sa chaise comme dictée par un ordre muet. Plus aucun bruit ne résonnait alors dans la petite pièce, pas même le son des aiguilles incessant que provoquait habituellement la grande horloge fixée au mur, si bien que j'en venais à me demander si elle aussi n'avait pas été déstabilisée par l'attitude du professeur. D'un coup d'oeil rapide en direction de celle-ci je remarqua rapidement que les aiguilles étaient restées placées sur une horaire matinale alors que nous nous trouvions en plein après-midi. Les piles avaient sans doutes cessées de fonctionner et n'avaient toujours pas été remplacées, ce qui semblait tout de suite être une explication plus rationnelle. Je fus sortit de mes pensées en sursaut lorsque le grand homme face à nous reprit la parole d'une voix grave et audible.

- Si vous avez tous compris je vais composer les groupes, commença ce dernier suivit par deux différentes réactions venant des élèves. Les soupirs de ceux qui regrettaient que les groupes soient imposés, et ceux, qui comme moi et mes trois camarades, s'inquiétaient de ne pas avoir suivis les consignes.

Le professeur se contenta de séparer la classe en deux groupes suivant l'ordre alphabétique. Les classes de ce lycée étaient anormalement petite en raison du faible nombre d'élèves. Le corps enseignant avait eu le choix entre plus de classes de moins d'élèves ou moins de classes mais avec plus d'élèves. Tous les enseignants avaient décrétés qu'il était plus facile de travailler avec une classe en faible effectif pour pouvoir faire du cas par cas, et ce même si le nombre de classes devraient être plus important. C'était pour cette raison que chaque classes étaient composées d'une moyenne d'environ dix élèves.

Les groupes que le professeur avait formé n'était donc constitué que de cinq élèves de part et d'autre. Chacun se déplaça dans la salle afin de créer deux espaces distincts dans la classe séparant les deux groupes. Perrie et Zayn appartenaient au premier groupe, en raison de leur noms de famille appartenant à la première partie de l'alphabet, tandis que je faisais équipe avec mon ami Léo. Nous nous placions dans la partie de la classe qui nous était réservée et sans bruit nous tournions vers le professeur espérant encore qu'il répéterait les consignes pour les quelques élèves qui ne les avaient pas suivies, ce qui ne fut malheureusement pas le cas.

Saphir - Larry (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant