Chapitre 8:

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Je soufflais longuement expirant peu à peu la totalité d'air dans mes poumons espérant me sentir plus léger comme soulevé par un fil invisible tiré de mes épaules les déliant du poids qui pesait sur elles depuis de longues minutes maintenant. Traversé par un élan de courage je m'avançais dans la grande allée gravillonnée secouant mes mains dans le vide tentant de les désengourdir alors que le vent frais de ce début d'octobre leurs donnaient une couleur rouge vive. Il s'abattait durement sur mon visage me faisait regretter encore plus amèrement la décision que j'avais pris, celle de suivre les conseils de mon meilleur ami, et donc de me rendre chez Liam.

J'avais suivi les indications de Niall et me retrouvais devant une grande maison à la façade blanche et toit en ardoise d'un noir puissant de la même couleur que la grande porte en chêne et le pvc encadrant les fenêtres de l'étage. Une balançoire à l'apparence vieillotte grinçait à chaque coup de vent dans l'espace vert rejoignant le jardin à côté de la maison, tandis qu'un vieux cabanons de bois semblait à la limite de l'effondrement. Le mauvais temps ayant noirci le ciel et le vent qui faisait voler mes cheveux à travers mon champs de vision s'ajoutaient à l'ambiance déjà lugubre des lieux me faisant presque baisser les bras et perdre tout courage.

J'enfonçais mes mains dans la fond de mes poches jouant avec la coin déjà corné de ma carte de bus qui ne quittait jamais ma veste et avança d'un pas lourd d'incertitude. La grande porte noir semblait s'agrandir au fur et à mesure que mon chemin diminuait faisant peu à peu monter un sentiment angoissant au fond de moi, qu'est-ce que je faisais là? Qu'allais-je lui dire? J'avais foncé dans un coup de tête profitant d'un élan de courage et me retrouvais maintenant démuni et prêt à faire demi tour au moindre coup de vent un peu trop fort. Ce fut sans réfléchir que ma main désormais légèrement bleutée par le froid s'abattit à plusieurs reprises contre le chêne dur témoignant de ma présence aux habitants de la maison. Je ne pouvais plus reculer et n'avais toujours aucune idée de ce que je faisais là. Je me contenta de placer de nouveau ma main bien au chaud dans ma poche prenant de grandes respirations entrecoupées par l'appréhension jusqu'à ce que la porte s'ouvre face à moi. J'hésitai un instant qui me parut durer une éternité mais qui ne fut sûrement qu'une demi seconde puis ouvrit les yeux dans un souffle décidant d'assumer mes actes. Devant moi se trouvait un Liam à la mine sévère, qui semblait déjà énervé avant même d'avoir posé les yeux sur moi, bien que ma présence n'arrangeait en rien son humeur. Il me détaillait de la tête au pieds alors que peu à peu ses yeux devenaient de plus en plus noir de colère réalisant sûrement qu'il s'agissait bel et bien de moi. Le gars qu'il détestait déjà en début d'année pour une raison inconnue, mais encore plus maintenant pour mon acharnement sans gêne à essayer de soutirer des informations à chacun d'entre eux sur une histoire qu'ils estiment ne pas me concerner.

Il jeta finalement un regard par dessus son épaule comme s'il cherchait quelqu'un dans la pièce derrière puis sortit, me poussant presque de sa taille imposante et referma précipitamment la porte derrière lui. Il me jaugeait une nouvelle fois planté face à moi les bras croisés au niveau de son torse et sourcils relevés se donnant un air sévère et accusateur.

-Toi, dit-il en pointant son doigt si près de mon visage que je ne le voyais même plus nettement, il va falloir que tu apprennes que certaines choses ne se font pas. Il abaissa rageusement sa main et la passa dans sa nuque sous l'énervement. Tu ne peux pas harceler les gens durant les heures de cours, ni au self avec ta fâcheuse manie de débarquer à leurs tables mais encore moins, puis il marqua une pause observant mes joues rougir sous la honte de me faire réprimander comme un gamin, débarquer chez eux avec tes airs de petit bourgeois qui se croit tout permis.

Il commença à tourner en rond marchant rageusement devant son entrée faisant de grands gestes avec ses mains alors que j'observais la scène muet et gêné me tortillant nerveusement d'une jambe à l'autre.

Saphir - Larry (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant