Chapitre 15:

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Mon lien était satisfait, cela ne faisait aucun doute. Après la soirée que m'avait fait passer Louis hier je me sentais parfaitement bien, comme repu. Ma bonne humeur était constante et pour la première fois de ma vie je m'étais levé sans mal ce matin malgré l'heure beaucoup trop matinale et la journée de cours qui m'attendait. J'avais eu beau faire tomber ma tasse de chocolat deux fois de suite au sol et avoir remarqué que ma mère avait encore quitté la maison trop tôt pour le travail, je n'avais pas perdu ce sourire rayonnant qui avait décidé d'habiller mon visage. Je ne pouvais m'empêcher de me demander si les choses étaient pareil du côté de Louis, faisant gonfler d'avantage mon sourire à chaque fois que le visage de ma paire apparaissait dans mon esprit me rendant aussi accro qu'un camé à sa drogue. Est-ce qu'il était normal de laisser cette force étrangère à mon corps prendre autant de place au point de presque contrôler mes émotions? Je savais que cette soirée aurait dû me rendre heureux, j'avais passé un moment merveilleux et m'étais senti choyé comme une rose délicate qu'il aurait fallu protéger des derniers rayons du soleil. Mais je n'étais pas dupe, il y avait plus qu'un simple béguin qui me faisait perdre le sens des priorités, je sentais mon lien s'apaiser et couler dans mes veines comme une lotion apaisante à tous mes maux me faisant me sentir faussement comblé. Ce n'était pas normal.

Ce fut après un bon déjeuner revigorant que j'accueillis l'eau chaude de la douche bien méritée que je m'offrais, sachant qu'il s'agissait véritablement du meilleur endroit pour réfléchir à ma situation. Quoi de mieux que de me recentrer en passant mes dernières minutes de répit ici avant de devoir me rendre en cours. J'avais toujours résolu mes plus gros ennuis sous cette douche à tourner le problème dans tous les sens et sous toutes les coutures avant que le solution ne m'apparaisse comme par magie. Seulement en comparaison à ma vie actuelle et les tourments auquel je faisais face aujourd'hui mes anciens ennuis n'étaient définitivement qu'un entraînement peu réaliste. J'avais enfin de réels problèmes à gérer et je n'étais pas sûr qu'un bon jet d'eau chaude soit la meilleure des solutions.

Pour la première fois, je reconsiderai ma position par rapport à mon lien, je l'avais toujours ressenti comme quelque chose de mauvais, d'extérieur à mon corps et qui n'avait rien à faire là. Mais si finalement je m'étais trompé, après tout ce lien faisait partit de moi quoique j'en dise, peut-être que j'avais considéré jusque là cette chose comme un ennemi alors qu'il s'agissait de mon meilleur allié. Je n'avais pas réellement eu de transformation et quelque soit ces "pouvoirs" ou capacités dont me parlait Louis je ne les avaient pas eu. Tout ce qui était ressorti de cette affaire pour moi était le lien qui m'unissait à Louis, s'il avait accepté sa transformation et décrivait ça comme quelque chose de bon qui avait fait de lui une nouvelle personne je devais considéré mon lien de la même façon. Après tout, tout ce qu'il faisait était de réclamer la présence de Louis, et j'avais cru comprendre que ce lien lui permettait de me protéger, de savoir quand j'étais en danger ou quand quelque chose n'allait pas puisqu'il ressentait mes émotions, comment quelque chose qui permettait de me protéger pouvait être mauvais pour moi. D'autant plus qu'il m'imposait certes la présence de Louis pour être comblé mais n'était-ce pas une merveilleuse chose que de sentir mon lien ravi, retranscrivant en moi une grande joie comme celle que je ressentais depuis ce matin. Je devrais peut-être apprendre à lui faire confiance et l'écouter un peu plus, ce que je me résignais à ne pas faire à force de me représenter ce lien comme quelque chose d'extérieur à mon corps, mais c'était faux. Il faisait partit de moi maintenant, nous étions alliés et je ne devais pas le repousser mais au contraire l'écouter, je savais que tout serait beaucoup plus facile de cette façon, après tout je ne pouvais décemment pas repousser délibérément une partie de moi, qu'elle me plaise ou non.

Ce fut finalement un long coup de klaxon qui me sortit de ma léthargie alors que je ne perdis pas une seconde pour éteindre l'eau de ma douche, ouvrant de grands yeux surpris en réalisant que j'étais resté beaucoup plus longtemps que prévu sous cette dernière, m'enroulant en vitesse dans la première serviette qui me tomba sous la main. Ce fut la brosse à dent tout juste enfournée en bouche que j'ouvris la fenêtre de ma chambre, criant à mon ami se tenant dans mon allée de garage, debout et adossé à sa voiture les bras croisés sur le torse que j'arrivais dans quelques minutes seulement. Son haussement de sourcils dédaigneux accompagné d'un sourire moqueur me fit vite comprendre qu'il n'en croyait pas un mot alors que, bien décidé à ne pas le laisser avoir raison, je traversa la chambre à la recherche de vêtements pour la journée, brossant mes dents d'une main en fouillant dans ma grande armoire de l'autre. Je laissa tomber ma serviette dans un coin de la chambre en enfilant comme je pu mon boxer bientôt suivi d'un jean slim que je regrettais d'avoir acheté aussi serré justement pour ce genre d'occasion, avant d'enfiler mon tee-shirt noir par dessus, bien ravi de ne pas y avoir laissé de trace de dentifrice dans mon malheur.

Saphir - Larry (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant