Saphir - Larry (En pause)

Chapitre 18:

Comme retour à la réalité celui-ci était plutôt brutal. J'avais vite été tiré du lit par les piaillements de ma mère au téléphone qui indiquaient clairement que quelque chose était entrain de se passer, et sa mine à la fois dure et paniquée lorsque je la rejoignit dans la cuisine fit rapidement accélérer les battements de mon coeur. Elle enfilait rapidement son uniforme en avalant d'une traite sa tasse de café pourtant brûlante alors qu'un regard à l'horloge du four m'indiqua clairement qu'il n'était pourtant que cinq heures du matin. Ma mère avait beau vivre pour son travail elle ne partait jamais aussi tôt un dimanche matin, jour où elle s'arrangeait en général pour passer un peu plus de temps avec moi.

-Maman? Marmonnais-je en me frottant les yeux de mes poings fermés, chassant mes dernières ondes de sommeil.

-Qu'est-ce que tu fais debout? Demanda directement cette dernière en affichant une moue surprise, recoiffant rapidement ses cheveux grâce au reflets de la fenêtre derrière moi.

-Je t'ai entendu, soufflais-je en avançant vers elle, jetant un regard peu discret vers les dossiers qu'elle avait sous les bras, les reconnaissant sans le moindre mal. Il y a un problème?

-Possiblement une nouvelle disparition, répondit-elle en ne cachant pas le pli qui se créa malgré elle entre ses sourcils lorsqu'elle réalisa qu'elle n'aurait sûrement pas dû m'en parler si tôt, du moins pas avant que la nouvelle ne soit rendue publique. Bianca Lytar et Harvey Spence, tu dois sûrement les connaitres?

-Hum, ils sont au lycée, répondis-je simplement pensivement, si il y avait réellement eu une nouvelle disparition j'aurais été tenu au courant par Louis, n'est-ce pas?

Je me souviens encore nettement de notre conversation au restaurant il y a deux semaines lorsqu'il m'avait expliqué leur absence de plusieurs jours. "On était pas là parce qu'on devait surveiller certaines choses"; "Tu le saura bien assez tôt", il n'aurait pas pu me parler de disparitions sans même que je ne m'en rende compte n'est-ce pas?

-Ils ont disparus vendredi matin, souffla t-elle simplement, même scénario que les dernières fois, ils se sont tous les deux plaints de maux de têtes la semaine qui a précédé l'accident, se sont rendus en cours vendredi matin et ne sont jamais revenus.

-Pourquoi ne pas avoir agis avant?

-On ne peut rien faire avant les quarante-huit heures de disparitions, tu le sais bien, marmonna t-elle en secouant doucement la tête, montrant sans le vouloir son désaccord avec l'idée. Je dois filer mon grand, assura t-elle en pressant doucement mon épaule comme pour se faire pardonner de ne pas être là un dimanche. S'il te plaît, évite de sortir aujourd'hui, ça me rassurerait.

-Bien sûr, répondis-je machinalement bien que je savais que ce serait la première chose que je ferais dès qu'elle aurait quitté la maison.

Je devais avoir le fin mot de l'histoire, chercher de mon côté. J'avais quitté Louis quelques heures plus tôt seulement, en rentrant de notre journée à Milestro qui avait été merveilleuse. Je ne pouvais pas croire que pendant tout ce temps il savait que ses amis retenaient deux élèves du lycée qu'il avait sûrement aidé à enlever. Il ne m'en avait même pas dit un mot alors qu'il savait qu'avec ma mère en tant qu'adjoint du chef de la police j'en serais le premier informé. C'était comme si toute la joie que ce rendez-vous m'avait apporté, à moi, et principalement à mon lien depuis hier qui semblait entièrement repus, s'était effacée en quelques secondes pour laisser place à une amère sensation de trahison. La sensation était absolument loin d'être agréable.

Alors lorsque ma mère se contenta de me faire un petit signe de la tête maladroit avant de se ruer vers la porte d'entrée je n'attendis pas un instant pour aller enfiler mon manteau, par dessus même mon pyjama. J'éteignis la lumière de la pièce pour faire croire à ma mère que j'étais sagement reparti me coucher et quitta la maison lorsque le bruit de son moteur semblait avoir atteint le bout de la rue.