Chapitre 20 : Fuite

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Une brise printanière ébouriffait ses boucles blondes, lui chatouillant les joues. Installée à l'ombre d'un grand arbre, Zalénia lisait son conte préféré. Ou plutôt, elle regardait les images qui figuraient de temps en temps dans l'ouvrage.

Le tronc contre lequel elle était appuyée trembla soudain, la sortant de son observation d'une illustration montrant un magnifique dragon argenté. La blonde se tourna vers la source de sa déconcentration, mais ne vit rien.

— Déjà de retour dans le monde des rêves ? On vient à peine de se quitter.

— Je... qui êtes-vous ? Et où êtes-vous ? Je ne vous vois pas.

— Tu n'as pas besoin de me voir.

La voix venait d'au-dessus d'elle, mais elle n'arrivait pas à voir ce qu'il se cachait dans le feuillage épais de l'arbre. Elle se rendit alors compte que le vent avait disparu. Tout était silencieux.

— Qu'est-ce que vous me voulez ?

— Je ne te veux rien personnellement, Zalénia. Je veux juste réparer une erreur.

— Une erreur ?

— Tu ne devrais pas être enfermé, je pense que tu devrais fuir.

La princesse ne put retenir un ricanement, son inconscient avait vraiment le chic pour lui rappeler la réalité alors même qu'elle dormait pour la fuir. Pourtant, elle ne pouvait pas museler l'espoir qui pointait le bout de son nez à ces mots.

— Et comment ?

— Par la magie évidemment.

Cette fois-ci, la blonde se mit à rire franchement.

— Qu'y a-t-il ? demandait l'inconnu.

— Je ne suis pas magicienne.

— N'importe qui peut être magicien.

— Dans le monde des rêves peut-être, mais pas dans la réalité.

Ce fut au tour de l'autre de rire, un rire sec et profond qui fit frissonner la jeune fille.

— C'est ce que tu crois. Tu sais n'importe qui peut utiliser la magie, car n'importe quel mortel en est entouré. Comme diraient les héros de tes bouquins : il suffit d'y croire.

Il avait dit cette dernière phrase avec un ton moqueur, mais ses mots s'imprimèrent dans l'esprit de Zalénia. Soudain, la brise réapparut et les oiseaux se remirent à chanter. Il était parti.

La réalité se mit alors à se distordre, le livre disparut en premier puis tout devint à nouveau flou et en un clignement d'œil, la princesse était de retour dans sa chambre à An Wesiri.

Mais cette fois, elle ne se roula pas en boule et sortit de son lit avec énergie. Que l'ombre ait raison ou non, il fallait au moins qu'elle essaie. Ainsi, déchira-t-elle un de ses coussins pour récupérer une plume.

La princesse s'assit par terre et posa la plume devant elle. Les sourcils froncés et le regard dardé sur l'objet, elle essaya d'abord de le faire bouger. Elle resta ainsi pendant si longtemps que vint l'heure de manger. Quelqu'un toqua à la porte de sa chambre, la faisant sursauter et par la même occasion bouger la plume.

La blonde engloutissait son repas en se demandant si c'était son mouvement qui l'avait fait bouger ou son esprit. Il fallait qu'elle essaie avec un objet plus lourd. Ainsi attrapa-t-elle le plus petit de ses coussins. Et, l'estomac plein, elle se remit en position.

Le ciel se colora, puis la nuit tomba et la frustration de Zalénia monta en flèche.

La colère la rejoignit bientôt. L'ombre s'était bien foutue d'elle. Comment avait-elle pu croire que n'importe qui pouvait être magicien ? Si c'était le cas, tout le monde le serait.

Sharaka - Tome 1 : ZaléniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant