Quelqu'un tambourinait contre quelque chose. Peu importait contre quoi l'individu frappait, Kira aurait pu jurer que c'était contre son crâne. Alors en réponse, elle claqua de la langue de façon énervée avant de grimacer de douleur. Le choc de sa langue contre son palais lui avait fait l'effet d'une claque.
Impossible de se rendormir maintenant.
Kira ouvrait donc les yeux. La lumière qui entrait par la toute petite fenêtre était faible, mais suffisante pour qu'elle puisse déterminer où elle se trouvait. Elle ne se rappelait plus comment elle était arrivée dans sa chambre, d'ailleurs, elle portait encore ses vêtements de la veille.
La bouche pâteuse comme un lendemain de cuite, elle rejeta ses couvertures pour aller ouvrir à l'entêté qui frappait à sa porte.
— Kira ! Enfin !
Neik avait une sale tête. Mais probablement qu'elle ne devait pas mieux présenter actuellement, alors elle ne lui fit pas remarquer et signa :
— Quoi ?
— Est-ce que ça va ?
— Viens-en au fait.
— Il s'est passé quelque chose pendant que nous dormions.
— Je n'ai rien entendu.
— Moi non plus. Suis-moi.
Le crâne toujours aussi douloureux, Kira obéissait avec toute la mauvaise volonté dont elle était capable. Les pieds trainants, elle se mit à répondre à Neik qu'avec ses claquements de langue.
— Je crois que j'ai été drogué, disait le Wesi. Et à ta tête, j'ai l'impression que toi aussi. Nous allons avoir des ennuis pour ne pas avoir empêché ce qu'il s'est passé.
Ils ne marchèrent pas longtemps avant d'arriver dans une salle ronde où l'odeur de mort fit grimacer Kira. Les tapis originellement bleus avaient pris une teinte violacée et de nombreux tableaux présentaient des traces rouges balafrant les visages et les paysages. Plusieurs serviteurs étaient occupés à nettoyer la scène de carnage. L'un d'entre eux leur passa tout proche en trainant un cadavre au corps désarticulé.
Pour une fois, Neik resta aussi silencieux que sa coéquipière et ils restèrent ainsi à observer la scène pendant un long moment. De nombreuses questions embrumaient leurs esprits. Combien de soldats étaient morts pendant que les deux chevaliers dormaient ? Était-ce une armée qui avait attaqué le château ? Comment les deux autres chevaliers chargés de surveiller le palais la journée n'avaient pas pu voir les assaillants attaquer ?
Mais surtout : Comment allaient réagir les Sharaka ?
Alors que cette dernière question avait pris toute la place dans leurs têtes, les figeant sur place, des portes claquèrent derrière eux, bientôt suivies de pas rapides et de frottements de tissus épais.
Un long frisson parcourut la colonne vertébrale de Kira et les poils de sa nuque se hérissèrent alors que les pas s'arrêtèrent derrière elle. À ses côtés, Neik se retourna pour découvrir de qui il s'agissait avant de brusquement s'agenouiller.
Kira, se doutant de l'identité des nouveaux arrivants, se retourna la tête baissée avant d'imiter l'homme.
Les Sharaka ne dirent rien et les contournèrent pour parfaitement entrer dans la pièce circulaire. La jeune femme ne put voir leur expression faciale, trop occupée à fixer le sol, mais elle pouvait entendre la respiration rapide de l'un d'entre eux, comme ci ce dernier tentait de contenir sa colère.
Elle les entendit faire le tour de la salle, s'arrêtant de temps en temps, mais toujours sans un mot. Elle les imaginait se pencher au-dessus d'un cadavre, puis faire une pause devant le tableau d'un membre de leur famille recouvert de sang pas encore tout à fait sec.
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Sharaka - Tome 1 : Zalénia
FantasyIl y a de cela de nombreuses années, peut-être cela se comptait même en siècles - les dieux n'étaient pas les meilleurs pour comprendre comment les mortels comptaient le temps -, une prophétie avait été énoncée. De nombreuses générations s'étaient s...