Toc-toc, faisait la main de Sévrar contre le battant de bois. Les bras chargés, il attendit qu'on l'autorise à entrer, mais rien ne vint et il frappa de nouveau, plus fort, tout en rééquilibrant les livres en se penchant en arrière.
Toujours rien.
— Églantine c'est moi, disait-il. Je peux entrer ?
Pas de réponse, l'elfe poussa la porte. La petite chambre était vide, du moins à première vue. En y regardant de plus près, on pouvait remarquer une boule sous les draps. Il déposa ses affaires sur la petite table proche de la porte et s'installa sur son habituel fauteuil.
— Bonjour, comment vas-tu aujourd'hui ?
Depuis leur petite sortie, la jeune femme ne voulait plus sortir de son lit alors même qu'elle avait semblé reprendre des couleurs et de l'énergie durant ce petit temps dehors. Sévrar n'arrivait pas à comprendre pourquoi l'humeur de son amie était retombée au plus bas.
Pourtant, il continuait de venir chaque soir après ses journées d'étude pour lui apporter de la compagnie. Aujourd'hui, elle ne semblait même pas vouloir sortir la tête des draps.
— Je n'ai pas eu le temps de passer reposer mes livres à la bibliothèque. Je ne voulais pas arriver ici en retard, racontait-il.
Seul un léger bruit de respiration venait du lit, mais Sévrar savait qu'elle écoutait. Ainsi enchainait-il sur quelques anecdotes de sa journée.
Il resta jusqu'à ce que le soleil se soit couché et qu'un serviteur apparaisse avec la nourriture d'Églantine. En quittant la pièce, il lança :
— Peut-être que l'on pourrait faire un tour demain, qu'est-ce que tu en penses ?
Le roux ne s'attendait pas vraiment à une réponse, mais alors qu'il allait refermer la porte derrière lui, la voix de la jeune femme s'éleva :
— Je ne sortirais plus jamais de cette tour.
Un frisson parcourra l'échine du mage et sans vraiment réfléchir, ses mots voltigèrent vers la boule de draps et se glissèrent dans les oreilles de son amie pour l'apaiser et surtout, lui redonner espoir.
Il claqua la porte un peu trop fort et marcha à grands pas vers sa chambre, manquant de faire tomber ses livres. Qu'avait-il fait ? Il n'avait pas le droit de jouer ainsi avec les émotions des gens sans leur autorisation. Pourtant, devant la détresse de son amie, il n'avait pu s'empêcher de s'en mêler.
Si Rowenn l'apprenait... Non, il n'y avait aucune raison que le magicien le sache. Églantine allait seulement juste un peu mieux dormir et peut-être même réussir à sortir de son lit le lendemain. Sévrar avait dosé ses mots et son énergie.
Et il ne recommencerait plus.
Pourtant, à l'aube, alors que le roux prenait un thé pour se réveiller, un bruit de métal venant de la cour attira son attention. Il ouvrit la fenêtre la plus proche et se pencha pour apercevoir l'origine du remue-ménage.
Habillée de son plastron, Églantine s'appliquait à détruire à coup d'épée un épouvantail grossièrement confectionné. Alors, Sévrar sut qu'il n'avait pas bien dosé.
Il enfila une cape et dégringola plus que descendit les marches jusqu'au rez-de-chaussée avant de sortir dans l'air frais du matin. De plus près, les coups de la jeune femme semblaient hasardeux et malhabiles, ce qui était compréhensible sachant qu'elle maniait habituellement son arme de la main droite. De plus, son plastron n'était plus du tout adapté à son corps et ne cessait de glisser du côté du bras manquant.
— Églantine ?
Elle s'arrêta pour se tourner vers lui. Les joues rougies par le froid et l'effort, elle lui souriait doucement.
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Sharaka - Tome 1 : Zalénia
FantasyIl y a de cela de nombreuses années, peut-être cela se comptait même en siècles - les dieux n'étaient pas les meilleurs pour comprendre comment les mortels comptaient le temps -, une prophétie avait été énoncée. De nombreuses générations s'étaient s...