Comme elles

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J'ai longtemps crûs qu'errer ne mènerais à rien.

J'ai crûs.

Aujourd'hui, je regarde le ciel, et j'ai l'impression d'avoir retrouver mon chemin, celui dont je m'étais égarée.

L'air fait un bien fou à mes cheveux encore gras, si gras que même ma sœur n'ose touche. 

Tout flotte encore dans ma tête. J'ai parfois envie de pleurer pour une quelconque raison inconnue.

-ça va pas [...]?

-Si, j'ai seulement mal aux jambes...

Mensonge.

Elle continue de me pousser, ma mère se tenant en arrière.

J'essaye  d'aller mieux, où de faire semblant du moins.

Mon fauteuil roulant roule péniblement sur le sable, un sable très sableux, juché d'algues d'ici et là. Et ça me rend encore plus triste de respirer l'odeur de la mer.

- Je sais qu'un jour tu iras mieux, tu seras à nouveau Toi. Je le sais. On me l'a chuchoté.

-Un jour... Oui, un jour...

Un jour, les souvenirs de cette période brouillé partiront.

Et peut-être avec la rancune comme l'amertume.

Alors peut-être, je retrouverais celle que j'étais.

-Arrête toi ici.

Elle freine.

- Autre chose ?

-Non, seulement laissez-moi seul, revenez dans... une heure.

-Une heure? Une heure pour contempler une mer à la dérive ? Infesté de méduses ?

Son regard croise le mien.

Elle comprends et fait digne à notre mère de partir.


J'entends encore ma tête bourdonner quand je commence à marcher avec difficulté vers cette eau, je l'entend...

Je finis par tomber dedans. Je me sens soulager. Enfin l'eau!


Les vagues se déchainent, elles sont furieuses.

 Je suis mouillé mais je ne sens rien, j'attends qu'elles reviennent pour m'emporter.


Mes pieds glissent, mon corps descend lentement et se retrouve immerger dans l'antre de leur mère.

Les méduses tournoient autour de moi. L'une d'elles s'approche,

et m'emmène.

Loin du rivage.


Je me sens bien.


Parmi elles.

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